Bien qu'il n'apparaisse pas au générique, Michel Audiard a bien signé les dialogues du film "Le Marginal" avec Jean-Paul Belmondo. Mais le réalisateur et dialoguiste n'a finalement pas voulu être crédité.
Quand Belmondo joue à l'Inspecteur Harry
Sorti en 1983, Le Marginal est l'un des nombreux succès de Jean-Paul Belmondo. Réalisé par Jacques Deray, le film avait engrangé presque cinq millions d'entrées en France. Un beau score pour Bebel qui se montre assez sérieux dans ce film policier. En effet, s'il a souvent eu des rôles mêlant humour et action, ici, le comique est peu présent, rappelant le style des films de Charles Bronson ou la saga Inspecteur Harry avec Clint Eastwood.
Dans Le Marginal, Belmondo interprète le commissaire Philippe Jordan. Ce dernier a des méthodes plus que limites. Mais c'est ce qui lui permet d'être d'une efficacité redoutable lorsqu'il s'agit de poursuivre des criminels. À Marseille, il va s'attaquer au trafiquant de drogue Sauveur Mecacci. Seulement cette fois, son obstination va se retourner contre lui. Après qu'un cadavre a été retrouvé chez lui, Jordan est muté à Paris. Une punition qui ne va pas l'empêcher de poursuivre ses recherches pour faire tomber Mecacci.
Audiard pas fan du Marginal
Une fois n'est pas coutume, Belmondo se livre dans Le Marginal à de sacrées cascades. On pense immédiatement à cette scène où, depuis un hélicoptère, il saute sur un bateau en pleine mer. Sans oublier la course-poursuite en hommage au Bullit de Steve McQueen, ou encore cette séquence musclée dans laquelle Belmondo retourne littéralement tout un bistrot.
Si le public a été convaincu par cette proposition, ce ne fut pas le cas de Michel Audiard (Les Tontons flingueurs), qui a bel et bien signé les dialogues du film. En effet, le célèbre réalisateur et dialoguiste a souhaité être retiré du générique. Jacques Deray et Jean Herman sont bien crédités au scénario, mais aucune trace d'Audiard, comme on peut le voir avec le générique ci-dessous porté par la composition d'Ennio Morricone.
Si Michel Audiard a renié ce film, c'est justement en raison des trop nombreuses cascades présentent dans le film. Une approche qui ne l'a pas convaincu comme l'explique Guillaume Evin dans Belmondo, le livre Toc, Toc, Badaboum :
Comme lors du tournage de Par un beau matin d'été (1965) dix-huit ans auparavant, l'auteur estime avoir été trahi par la mise en scène de Jacques Deray. Et puis, le film comporte beaucoup trop de cascades et de poursuites à son goût.
Un avis assez tranché de la part d'Audiard, qui n'empêchera pas une dernière collaboration avec Jacques Deray pour On ne meurt que deux fois (1985), sorti après la mort de l'auteur. Belmondo, lui, eu l'occasion de réciter d'autres dialogues d'Audiard avec Les Morfalous (1984) d'Henri Verneuil, sorti quelques mois après Le Marginal.