Dans "Le Masque de Zorro", Antonio Banderas incarne Alejandro Murrieta et cherche à venger la mort de son frère, Joaquín Murrieta. Ce dernier, célèbre bandit mexicain, aurait réellement existé et serait l’une des sources d’inspiration pour le justicier masqué.
Le Masque de Zorro : le retour du "renard"
Créé par l’écrivain Johnston McCulley, le personnage de Zorro a eu droit à de nombreuses adaptations. Parmi les plus célèbres figurent celles portées par Douglas Fairbanks, Tyrone Power ou encore Alain Delon au cinéma, ainsi que la série avec Guy Williams. En 1998, le réalisateur Martin Campbell lui offre une nouvelle jeunesse sous la houlette du producteur exécutif Steven Spielberg.
Dans Le Masque de Zorro, Don Diego de la Vega (Anthony Hopkins) passe vingt ans en prison après avoir aidé à renverser le gouverneur espagnol Rafael Montero pour libérer Mexico. Lors de l’arrestation du justicier, l’un des soldats de Montero tue Esperanza, l’épouse de Zorro. Le gouverneur enlève par ailleurs à de la Vega sa fille Elena.
Après son évasion, l’épéiste masqué rencontre Alejandro Murrieta (Antonio Banderas). Ivre, le jeune bandit est déterminé à venger la mort de son frère Joaquín en combattant le cruel capitaine Love, au service de Montero. Diego de la Vega lui propose de le former et d’hériter du masque de Zorro. Ensemble, ils comptent bien faire tomber l’ancien gouverneur, de retour en Californie pour la dépouiller de son or. Mais les plans de l’ancien "renard" sont chamboulés quand Elena (Catherine Zeta-Jones) réapparaît dans sa vie.
La légende de Joaquín Murrieta
Plusieurs figures ont servi d’inspiration au personnage de Zorro, dont le contrebandier irlandais William Lamport et le hors-la-loi mexicain Joaquín Murrieta. Ce dernier apparaît dans Le Masque de Zorro, interprété par Victor Rivers et présenté comme le frère du héros incarné par Antonio Banderas. Qualifié de Robin des Bois de l’Eldorado, Murrieta aurait vu le jour en 1829 dans l’État de Sonora, au Mexique. Les histoires autour du bandit sont nombreuses, et il est aujourd’hui difficile de démêler le vrai du faux. Certains pensent notamment que ses faits d’armes seraient en réalité ceux de plusieurs hommes.
Aux alentours de 1850, en pleine ruée vers l’or, il se serait rendu en Californie pour tenter de faire fortune. Dans le roman à deux sous intitulé The Life and Adventures of Joaquín Murieta, publié en 1854, l’écrivain John Rollin Ridge raconte qu’il aurait été attaqué par des mineurs américains racistes et jaloux de son succès, le battant et violant son épouse.
Puis, dans l’ouvrage Joaquín Murieta and His Horse Gangs paru en 1980, l’historien Frank Forrest Latta raconte que le bandit et plusieurs membres de son gang tuèrent au moins six des hommes qui pendirent son demi-frère Jesus, accusé à tort du vol d’une mule. Par la suite, la bande s’engagea dans le trafic de chevaux volés. Les hors-la-loi auraient également assassiné des dizaines de mineurs et de colons.
Une tête dans un bocal
En 1853, l’État de Californie aurait embauché une vingtaine de Rangers, menés par le capitaine Harry Love, pour traquer la bande des "Cinq Joaquin". Lors d’une confrontation survenue au mois de juillet de cette année-là, trois Mexicains auraient été tués par les Rangers. Ces derniers clamèrent que l’un d’eux était Joaquín Murrieta et qu’un autre était son associé Manuel Garcia, plus connu sous le pseudonyme de "Jack les Trois Doigts". Dans Le Masque de Zorro, ce criminel est joué par L.Q. Jones, acteur fétiche de Sam Peckinpah apparu notamment dans La Horde sauvage et Pat Garrett et Billy Le Kid.
Afin de pouvoir présenter des preuves, Harry Love et ses hommes auraient coupé la main de "Jack les Trois Doigts" ainsi que la tête de Murrieta. Les Rangers les conservèrent dans un pot d’alcool afin de toucher leurs récompenses. Des restes que les habitants de la Californie pouvaient voir à condition de payer. Une anecdote qui inspire là encore une fameuse scène du long-métrage de Martin Campbell. La sœur du bandit assura néanmoins qu’il ne s’agissait pas de la tête de son frère en 1879, mais cette affirmation ne fut pas confirmée.
Considéré comme un meurtrier par certains et comme un symbole de rébellion contre la domination américaine par d'autres, la légende de Joaquín Murrieta a quoi qu’il en soit été alimentée au fil des décennies. Son histoire a été adaptée à plusieurs reprises. Warner Baxter lui a prêté ses traits en 1936 dans Robin des Bois d’Eldorado de William A. Wellman. Jeffrey Hunter et Ricardo Montalban l’ont quant à eux interprété dans le western Murieta et le téléfilm The Desperate Mission.