Avec « Le Nouveau Monde », Terrence Malick se penche sur l’arrivée de la Virginia Company sur le continent américain en 1607, et sur l’affrontement avec les Indiens de la tribu Powhatan. Le film adopte le point de vue de Pocahontas et du colon John Smith, qui tentèrent d’instaurer la paix entre leurs camps respectifs. Retour sur leur véritable histoire.
Alors qu’il a quasiment adopté le rythme d’un film par an depuis Knight of Cups, Terrence Malick se faisait auparavant nettement plus rare dans les salles obscures. En 2005, sept ans « seulement » après la sortie de La Ligne Rouge, le cinéaste dévoilait le fabuleux Le Nouveau Monde, son quatrième long-métrage.
Si les studios Disney l’avaient devancé dix ans plus tôt avec le film d’animation Pocahontas - Une légende indienne, Terrence Malick s’intéressait au destin tragique de l’Amérindienne depuis de nombreuses années, à savoir 25 ans avant la sortie du Nouveau Monde. Avec ce projet, le cinéaste signe une nouvelle ode à la nature, malmenée par les pulsions destructrices des hommes, comme c’était le cas dans La Ligne Rouge.
Le réalisateur confirme dans ce long-métrage sa maîtrise de la steadicam, aidé par le chef opérateur Emmanuel Lubezki (Gravity, The Revenant), et son attachement profond à l’idée de tourner uniquement sous des éclairages naturels. Mais le cinéaste développe surtout l’une des plus belles relations de sa filmographie, aussi enivrante et passionnée que celles d’Une vie cachée et Song to song, en se basant sur des faits historiques.
Un film fidèle à la réalité et aux témoignages
En 1607, Pocahontas était, d’après les registres des colons anglais, âgée de douze ans lorsqu’elle voit des navires de la Virginia Company accoster au large de ce qui deviendra par la suite l’État de Virginie. Comme le révèle le long-métrage et comme le raconte la légende, l’adolescente aurait réellement sauvé John Smith d’une mort certaine après la capture de ce dernier par une tribu Algonquin à son arrivée à Jamestown. C’est en tout cas ce qu’a écrit le colon dans ses récits retraçant son expérience en Virginie.
L’Amérindienne et l’Anglais auraient par la suite noué des liens d’amitié, que Terrence Malick évoque comme une connexion unique dépassant la notion d’amour. Pocahontas et John Smith auraient également réellement contribué à ce que leurs camps respectifs puissent s’entendre. Mais leurs efforts d’unification n'auront pas suffi à amener la paix entre les membres de la tribu Powhatan et les colons anglais.
En 1609, John Smith fut grièvement blessé lors de l’explosion de son baril de poudre, qui précipita son retour en Angleterre. Le film donne néanmoins une autre raison du départ de John Smith du continent américain, mais qui ne fait qu’accentuer la tension dramatique. Par la suite, Pocahontas se maria avec un Amérindien en 1610, avant d’épouser John Rolfe en 1614 après avoir entamé une éducation chrétienne. Un an plus tard naissait leur fils Thomas.
Comme le suggère la fin déchirante du Nouveau Monde, Pocahontas - rebaptisée Rebecca - retrouva John Smith, qu’elle croyait mort, lors de son premier voyage en Angleterre en 1616 avec son époux. Bouleversée par ces retrouvailles, la jeune femme se serait alors adressée à lui comme à un père. En mars 1617, Pocahontas et John Rolfe décidèrent de retourner en Virginie. Souffrant d’une pneumonie et d’une tuberculose, elle décéda durant le voyage, à l’âge de 22 ans. John Smith passa quant à lui le reste de sa vie à écrire sur ses expériences passées, jusqu’à sa mort en 1631, à l’âge de 51 ans.
Dans Le Nouveau Monde, Q’Orianka Kilcher et Colin Farrell interprètent respectivement Pocahontas et John Smith. Christian Bale incarne de son côté John Rolfe.