"Le Plaisir" est l'une des grandes œuvres de Max Ophüls, un film à sketch avec, entre autres, Jean Gabin et Danielle Darrieux. Pour certains, il justifie à lui seul l'invention du cinéma.
C'est quoi Le Plaisir (1952) ?
Décédé en 1957, Max Ophüls a pu tourner dans les dernières années de sa vie trois films importants : Lola Montès (1955), Madame de... (1953) et Le Plaisir (1952). Mais avec ce dernier, c'est en quelque sorte trois films en un qu'a proposé le cinéaste, adaptant trois nouvelles de Guy de Maupassant : Le Masque, La Maison Tellier et Le Modèle.
Dans la première partie, une fête se déroule au Palais de la danse quand un homme masqué fait irruption avant de s'écrouler. Un médecin accourt, le ramène chez lui, avant de comprendre qu'il s'agit de lui-même, mais plus âgé. Dans le deuxième acte, une maison close ferme quelques temps ses portes pour que ses pensionnaires puissent aller dans un village de Normandie assister à la première communion de Constance, la nièce de Madame Tellier. Dans ce village, personne ne connaît la profession de ces femmes. Elles sont alors touchées par le déroulé de la communion et grandement émues avant de retourner à leur quotidien.
Enfin, dans Le Modèle, il est question d'un jeune peintre qui entame une relation avec une jeune modèle. Mais le bonheur est de courte durée, leur affection s'estompe, poussant la jeune fille à tenter de se suicider.
Bien que certains critiques de l'époque aient démoli véritablement le film à sa sortie, rappelle Télérama, Le Plaisir demeure l'un des chefs-d'œuvre de son auteur, une splendeur qui porte bien son nom (pour ce qu'il nous procure), même si de sombres drames y soient racontés. Avec le temps, plusieurs grands noms du cinéma ont d'ailleurs rendu hommage au film de Max Ophüls. Il fait en effet partie des œuvres évoquées par Bertrand Tavernier dans sa série documentaire Voyage à travers le cinéma français.
Danielle Darrieux et Jean Gabin inoubliables
De plus, Le Plaisir met en scène deux des plus grands noms du cinéma français avec Jean Gabin et Danielle Darrieux. S'il s'agit de l'unique collaboration entre Max Ophüls et l'acteur, ce fut la seconde entre le réalisateur et Danielle Darrieux, après La Ronde (1950) et avant Madame de... (1953). Les deux interprètes apparaissent uniquement dans la deuxième partie du film, mais marquent évidemment les esprits. C'est d'ailleurs une de leurs scènes que Paul Vecchiali mettaient en avant lors d'un hommage fait à l'actrice à La Cinémathèque en 2009. Allant jusqu'à y voir le seul plan à retenir de tout le cinéma français.
Si l’on devait – mais pourquoi le devrait-on ? – résumer le cinéma français à deux noms, ce seraient Darrieux et Gabin. Si l’on devait ne retenir qu’un plan dans toute la cinématographie française, si riche en cadeaux de toutes sortes, ce serait celui où, dans un pré orné de fleurs artificielles, après le chant des pensionnaires de la Maison Tellier (« Combien je regrette…. »), Darrieux répond à Gabin, s’excusant d’avoir été « un peu chaud », ce « merci » qui exprime par la voix, le retour à la dignité ; par l’attitude, l’aveu d’un amour impossible. Au risque d’être partial, je dirai que ce moment de cinéma pur justifie à lui seul que les frères Lumière aient un jour découvert le mouvement des images.
Le Plaisir est actuellement disponible sur Arte.