Après s'être bien amusé avec "Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne", Steven Spielberg est retourné à l'Histoire avec "Cheval de Guerre", "Lincoln" puis "Le Pont des espions" dont le scénario est tiré d'une histoire vraie en pleine guerre froide.
Le Pont des espions, un grand film historique
Avec sa filmographie longue comme le bras, Steven Spielberg a pu rassembler des motifs récurrents, des thèmes et obsessions. Capable de toucher à plusieurs genres, le réalisateur revient avec Cheval de guerre aux récits historiques. Il adapte trois fois de suite des faits réels et Le Pont des espions apparaît comme le sommet de cette période 2011-2015. Fidèle à ses principes, il déploie sa fibre humaniste sans frimer. Personne n'est mieux placé que Tom Hanks pour incarner le rôle principal, celui de James B. Donovan. Un avocat qui accepte de défendre un espion russe (Mark Rylance) capturé par les USA. Situation cocasse en pleine guerre froide, qui a instauré une tension insoutenable entre Américains et Soviétiques. L'impensable va pourtant se passer et cet avocat va faire son boulot, en voyant l'humain avant l'étranger. James B. Donovan tissera un lien particulier avec son client, au coeur d'un conflit qui les dépasse tous les deux. On pourrait penser le scénario imaginé par/pour Spielberg mais il n'est en rien inventé et découle uniquement d'un des épisodes qui a animé cet affrontement à distance.
Un scénario et un tournage qui collent à la réalité
Comme dans le film, James B. Donovan est à l'origine un petit avocat qui n'a pas une grande carrière. Il se spécialise dans les assurances et n'a pas la carrure, vu de l'extérieur, pour s'impliquer dans d'énormes dossiers politiques. Mais c'est bien lui qui va se charger de défendre Rudolf Abel, un agent des renseignement soviétiques qui s'est infiltré sur le sol américain pour essayer de rapporter des informations à son camp. Quand les USA le démasquent, il risque la peine de mort. Donovan va réussir à lui éviter une telle sanction et décroche une longue peine de prison. L'histoire aurait pu s'arrêter ici mais les Soviétiques vont capturer un pilote, Francis Gary Powers. Un échange sera proposé pour que chaque pays sorte gagnant : Abel contre le pilote et un étudiant, Frederic Pryor. James B. Donovan va être envoyé en Allemagne pour négocier le deal et s'assurer que l'échange a lieu. La scène aura lieu sur le pont de Glienicke, en Allemagne de l'Est.
Contrairement à beaucoup de films inspirés de faits réels qui veulent accentuer le spectacle avec des éléments fictionnés, Le Pont des espions se refuse au sensationnalisme et reste très fidèle à toutes les phases de cette improbable amitié. Pour se rapprocher au plus près de la réalité, Steven Spielberg et son équipe ont eu la chance de tourner la scène de fin sur le même pont ! Les habitants n'y ont plus eu accès pendant un peu moins d'une semaine, le temps que les prises de vue se passent. Le poids de l'Histoire se ressent à l'écran dans cette scène qui sert d'acmé émotionnelle au film. Le public n'a pas pu s'approcher du tournage mais une chanceuse s'est offert ce privilège. La chancelière Angela Merkel ne pouvait pas manquer le passage de Steven Spielberg et s'est permis une visite de courtoisie.
Qu'est devenu le héros après le film ?
Après l'histoire du Pont des espions, le talent de négociateur de James B. Donovan a été reconnu. Dans les mois qui suivirent, il se retrouva à travailler pour la libération de 1113 cubains retenus prisonniers après le raté qu'a été le débarquement de la Baie des cochons (des exilés cubains soutenus par les USA ont essayé de prendre le contrôle de Cuba en faisant tomber Fidel Castro). Donovan a rencontré le révolutionnaire pour trouver un arrangement et l'accord porta sur l'échange des hommes contre une grosse cargaison de vivres et médicaments. Un autre passage de sa vie qui mériterait un film. Si Steven Spielberg nous lit...