Grand succès du cinéma d'action des années 80, "Le Professionnel" voit Jean-Paul Belmondo se rebeller contre ses chefs et endosser un de ses rôles les plus populaires. L'occasion de revenir sur un film sublimé par la musique d'Ennio Morricone, et sur l'insistance de l'acteur à y prendre les bonnes décisions...
Le Professionnel : un immense succès signé Lautner
En 1981, le très populaire réalisateur Georges Lautner met en scène Le Professionnel, un film d'action avec la star du cinéma français Jean-Paul Belmondo. Le film, qui raconte la vengeance d'un agent secret trahi par ses chefs, est un immense succès commercial, avec plus de cinq millions d'entrées au box-office.
Son accueil critique est plus nuancé, se balançant entre un film réussi et amusant, et une réalisation de Lautner où l'humour et la malice fonctionnent moins bien qu'à l'accoutumée. Quoi qu'il en soit, Le Professionnel est un grand succès du cinéma français, une jolie ligne dans le CV de Jean-Paul Belmondo, et un film qui a profité de la collaboration de grands noms.
Audiard père et fils à l'écriture, Ennio Morricone à la musique
Adapté du roman Mort d'une bête à la peau fragile de Patrick Alexander, le scénario du film est écrit par Georges Lautner et Jacques Audiard, ainsi que par le père de ce dernier, aux dialogues : l'immense Michel Audiard. Produit en 1981, Le Professionnel se veut moderne, mais il va ainsi s'appuyer sur le savoir-faire de grands noms du cinéma des années 60 et 70. Francis Veber, non crédité au générique, viendra à la rescousse d'un scénario difficile à écrire, la faute notamment à un désintérêt de Michel Audiard, qui lui-même désignera son fils pour le crédit "familial" au générique, refusant d'y apparaître. Autre présence notable dans ce film, l'acteur et metteur en scène Robert Hossein, dans la peau du commissaire Rosen.
Comme pour beaucoup d'autres films, Le Professionnel bénéficie du travail du génie Ennio Morricone, avec la très célèbre composition Chi Mai. Celle-ci avait été créée pour un autre film, Maddalena, sorti en 1971. Réutilisée ensuite à diverses occasions, c'est Jean-Paul Belmondo qui, l'ayant entendue à la radio, insista pour l'intégrer à la bande originale du film. Une décision qui fera du final du film une séquence inoubliable, et qui rendra le morceau d'Ennio Morricone encore plus populaire. Et ce n'est pas l'unique initiative de Jean-Paul Belmondo, puisqu'une autre de ses idées a, elle aussi, grandement servi le film...
Pour une fois, le héros devait mourir
La fin du film Le Professionnel telle que le public la connaît n'était pas du tout le choix des producteurs. En effet, Alexandre Mnouchkine et Georges Dancigers étaient farouchement opposés à l'idée que le personnage incarné par Jean-Paul Belmondo, le commandant Josselin Beaumont, dit "Joss", meure. Pour rappel, Jean-Paul Belmondo n'est mort que dans trois films, Borsalino, L'Héritier et donc Le Professionnel, et il est à cette époque l'incarnation du héros invincible.
Aux yeux des producteurs du film, interdiction donc de le faire mourir, au risque d'y perdre financièrement si le public n'y adhérait pas. Deux fins ont donc été tournées, une fin en happy end, et la fin qu'on connaît. Mais heureusement, devant l'insistance de Georges Lautner et Jean-Paul Belmondo, c'est bien la fin "violente" qui fut gardée. Une décision qui servira beaucoup le film, en le distinguant de la courante définition du héros qui survit à tout. Une fin qui colle parfaitement avec le morceau Chi Mai, et qu'on ne saurait imaginer autrement aujourd'hui...