Un Alain Delon mutique nous happe dans "Le Samouraï", l'un des grands films de Jean-Pierre Melville et l'une des plus grandes interprétations de l'acteur. Le tournage aurait pu virer au drame à cause d'un terrible incident.
Le Samouraï, rencontre au sommet entre Alain Delon et Jean-Pierre Melville
Jean-Pierre Melville reste l'un des plus grands réalisateurs français de l'histoire et Alain Delon une véritable bête de cinéma aux multiples rôles marquants. La rencontre entre les deux ne pouvait qu'accoucher d'une oeuvre marquante. C'est sur Le Samouraï qu'ils signent leur première collaboration. Il y en aura trois au total, dont le magnifique et désespéré Un Flic. Dans Le Samouraï, Alain Delon incarne Jef Costello, un tueur à gages très efficace dans son boulot.
L'une de ses missions va mal tourner et la police se met à le suspecter d'être responsable de l'assassinat d'un patron de boîte de jazz. Dans le même temps, quelqu'un d'autre veut sa peau et tente de le faire assassiner. Le Samouraï est un grand film dans lequel ont infusé des références asiatiques, tout en restant dans un cadre très français.
Un incendie frappa sans crier gare
Le tournage de ce long-métrage culte aurait pu virer au drame et peut-être même ne jamais se terminer. En 1967, après plusieurs jours de travail, l'équipe a la désagréable surprise de voir les Studios Jenner être attaqués par des flammes. C'est à cet endroit que la production se déroulait car les lieux appartenaient au réalisateur. Après avoir découvert un vaste entrepôt laissé à l'abandon, il décida au milieu des années 40 de devenir propriétaire des lieux pour tourner ses propres films. Une indépendance rare dans le milieu qui lui permettait de jouir d'une vraie liberté pendant les prises de vues.
L'endroit va même devenir sa maison puisqu'il va s'installer sur place. Comme un boulanger qui possèderait son appartement au-dessus de sa boutique. Mais les Studios Jenner ne vont pas servir à accueillir tout Paris. Seul Jean-Pierre Melville tournera sur place. Il commencera avec Les Enfants Terribles et y reviendra régulièrement pour ses œuvres suivantes. Jusqu'à Le Samouraï avec ce terrible incendie qui ravagea les locaux situés rue Jenner.
Le lieu était absolument primordial, c'est d'ailleurs là que se trouvait l'appartement de Jef. Un décor qui caractérisait à lui tout seul le personnage principal. Dans la nuit du 28 au 29 juin 1967, un incendie a démarré sur place. Jean-Pierre Melville, qui dormait là, s'en sort indemne. Il assista, médusé, à la destruction d'un lieu qu'il a tant chéri. Hormis l'oiseau qui se trouvait dans l'appartement de Jef, personne n'est blessé ou tué par les flammes. Mais cet incident va poser un énorme problème pour la suite des opérations. Jean-Pierre Melville soupçonna la concurrence d'avoir manigancé l'incendie par jalousie. Le fin mot de l'histoire n'a jamais été connu, même si un dysfonctionnement électrique a été évoqué.
La miraculeuse reprise du tournage
Suite à ce drame, la production du film parvient à rebondir de manière presque inespérée grâce à François de Lamothe. Le décorateur se met en tête de sauver Le Samouraï et loue un immense plateau aux studios Saint-Maur. En l'espace de seulement deux semaines, il donne vie à un nouveau décor avec l'aide d'une équipe dévouée à la cause. Une prouesse dont on ne se rend compte lors de la vision du film. Une anecdote hors du commun, qui achève de sculpter la légende de Le Samouraï. Un film dont la force a été reconnue à travers le monde et par les plus grands. Y compris du côté du cinéma asiatique et d'un certain John Woo, forcément