Retour sur l'histoire dingue de Mehran Karimi Nasseri, l'homme bloqué des années dans un aéroport et qui a inspiré la comédie "Le Terminal" de Steven Spielberg avec Tom Hanks.
Dans Le Terminal, réalisé en 2004 par Steven Spielberg, Tom Hanks est Viktor Navorski, un touriste bloqué dans un aéroport. La raison ? Son pays d'origine, la Krakozie, vient de subir un coup d'Etat et est en pleine guerre civile. Viktor ne dépend alors plus d'aucun pays et ne peut entrer légalement sur le territoire américain. Il va donc devoir rester enfermé dans le terminal de l'aéroport JFK en attendant qu'une solution soit trouvée.
Une histoire vraie moins joyeuse
Le film est une énième réussite de la part de Steven Spielberg. Mais tout le mérite ne lui revient pas entièrement. Car à l'origine, il y a une vraie histoire qui a inspiré Le Terminal. Celle de Mehran Karimi Nasseri, un réfugié iranien sans papiers et déchu de sa nationalité qui avait été bloqué à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle de 1988 à 2006. L'homme avait quitté Téhéran pour aller à Londres en 1974 et tenter de retrouver sa mère naturelle. D'après ses dires, c'est durant cette période qu'il participe à des manifestations contre le Chah d'Iran. A son retour dans son pays en 1975, il est alors arrêté par la police secrète iranienne et emprisonné plusieurs mois avant d'être expulsé et déchu de sa nationalité.
C'est à partir de là qu'il tenta d'entrer dans différents pays d'Europe, mais n'ayant pas de papiers en règle, aucun de ces pays n'accepta de l'accueillir. Dans les années 1980, il fut continuellement baladé d'un pays à un autre avec des passages en prison pour séjour irrégulier sur un territoire national (notamment trois mois de prison en France en 1985).
Finalement, depuis 1988, il fut "installé" dans l'enceinte de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et surnommé Sir Alfred. Les années passant, il sembla perdre la raison. En effet, en 1999, alors qu'on lui permettait enfin de retirer ses nouveaux papiers, il refusa en disant :
Je refuse de signer ces papiers, ils ne sont pas à mon nom. Je ne suis plus celui que j'ai été. Je m'appelle désormais sir Alfred Merhan et je ne suis pas iranien. Mon père était suédois et ma mère, danoise.
C'est donc de son plein gré qu'il a vécu les années suivantes dans le Terminal 1 de l'aéroport, jusqu'en 2006, lorsqu'il dut être conduit à l’hôpital avant d'être pris en charge par la Croix-Rouge française.
Mehran Karimi Nasseri a écrit son autobiographie en 2004 et son histoire inspira le film français Tombés du ciel de Philippe Lioret en 1993, puis le film de Steven Spielberg.