La production du blockbuster "Les 4 Fantastiques" a été calamiteuse. Une expérience désastreuse pour le réalisateur Josh Trank, ingérable pendant le tournage et qui a ensuite traversé une mauvaise passe.
Les 4 Fantastiques : retour à la case départ
Huit ans après la sortie de Les 4 Fantastiques et le Surfer d'argent et alors que les films de super-héros sont de plus en plus nombreux au cinéma, la Fox décide d'offrir un nouveau départ à l'équipe de Reed Richards, Susan Storm, Johnny Storm et Benjamin Grimm en 2015. Le studio confie les rênes du projet au prometteur Josh Trank (Chronicle), qui fait appel à Miles Teller, Kate Mara, Michael B. Jordan et Jamie Bell pour porter le projet.
Un long-métrage qui prend la forme d'une origin story, dans laquelle les scientifiques mettent au point la première machine permettant de se téléporter dans univers parallèle. Une création qui va avoir des conséquences pour le moins inattendues, puisqu'ils se retrouvent tous affublés de pouvoirs différents. Ils voient par ailleurs leur ancien associé Victor Von Doom (Toby Kebbell) revenir d'une autre planète avec une apparence terrifiante et une puissance dévastatrice.
Après une mise en place qui prend le temps d'introduire tous les personnages, même si certaines présentations sont expédiées, Les 4 Fantastiques bascule dans un enchaînement mécanique de situations attendues, avant d'ouvrir sur une éventuelle suite de manière désastreuse dans la conclusion. Un spectacle totalement déséquilibré dû à une production chaotique. Le 7 août 2015, jour de la sortie du film aux États-Unis, Josh Trank déclare sur Twitter dans un message qu'il supprime rapidement :
Il y a un an, j'avais une version fantastique du film. Et il aurait eu d'excellentes critiques. Vous ne le verrez probablement jamais. C'est pourtant la réalité.
Josh Trank complètement dépassé
Grisé par le succès de Chronicle, le réalisateur se lance dans la production du blockbuster alors qu'il n'a pas encore 30 ans. Dans un article publié par le site américain Polygon, le cinéaste se souvient à propos de son état d'esprit :
Il y a deux émotions lorsque vous vous retrouvez à la tête de quelque chose : la peur ou l'excitation. Il n'y a pas beaucoup d'entre-deux, il y a tellement en jeu.
Dès l'écriture du script, Josh Trank vit mal la pression, ne prenant par exemple pas la peine de transmettre toutes les notes du studio à son coscénariste Jeremy Slater, qui finit par quitter le projet au bout de six mois, après 2000 pages de travail selon ses dires. Vient ensuite le tournage, calamiteux. Josh Trank manque de se battre avec Miles Teller, notamment à cause des "sarcasmes" de ce dernier. Alors qu'ils se défient tous les deux pour savoir lequel osera frapper l'autre en premier, rien ne se passe.
Une source rapporte également à Entertainment Weekly que le réalisateur serait particulièrement "cruel" avec Kate Mara, qui évoque par la suite une expérience "horrible". Une autre source affirme au Hollywood Reporter qu'il s'enferme dans sa tente et ne souhaite parler à personne, n'arrivant pas à communiquer son équipe. Tandis que le studio insiste sur le manque d'expérience de Josh Trank, celui-ci parle de tensions latentes avec les producteurs et de l'impossibilité à faire le film qu'il souhaite.
Ingérable, le réalisateur perd progressivement pied, ce qui lui aurait coûté son mariage. Il raconte :
J'étais tellement paranoïaque pendant ce tournage. Si quelqu'un était entré chez moi, j'aurais mis fin à sa putain de vie.
"Je voulais crever"
Le cinéaste va même jusqu'à garder un revolver chargé sur sa table de chevet. La production engage le monteur Stephen Rivkin pour essayer de limiter la casse. Ce dernier devient "le réalisateur de facto" selon Josh Trank, qui voit son long-métrage lui échapper complètement. Une situation amplifiée par les reshoot, qui lui donnent la sensation "d'être castré". En parallèle, il abandonne un film Star Wars qu'il était censé mettre en scène, assurant à ce sujet :
J'ai abandonné parce que je savais que j'allais être viré si je n'abandonnais pas.
Josh Trank touche le fond après la sortie des 4 Fantastiques, que les critiques massacrent et qui ne rapporte que 167,8 millions de dollars de recettes mondiales (pour un budget estimé entre 120 et 155 millions) :
Je n'avais plus de raison de vivre parce que je n'avais plus envie de rien. Je ne voulais plus être un grand cinéaste. C'est tout ce que j'avais toujours voulu.
À cette période, le réalisateur insomniaque et dépressif veut juste "crever". Une mauvaise passe qu'il surmonte en se lançant dans l'écriture de Fonzo, qui devient par la suite Capone avec Tom Hardy.