Les 8 salopards : Tarantino s'est directement inspiré d'Harvey Weinstein

Les 8 salopards : Tarantino s'est directement inspiré d'Harvey Weinstein

Un documentaire sur la carrière de Quentin Tarantino a révélé que le personnage interprété par Kurt Russell dans "Les 8 Salopards" était directement inspiré d'Harvey Weinstein et de son comportement. Si à l'époque le réalisateur ne s'était pas prononcé publiquement sur ce qu'il savait, il n'en pensait donc pas moins dans ses films.

Sur la filmographie éclatante de Quentin Tarantino plane l'ombre d'Harvey Weinstein, qui a produit et/ou distribué tous ses films à l'exception, évidemment, du dernier. Le réalisateur a détaillé, dans une interview au New York Times en 2017, sa relation avec Harvey Weinstein, et explicité ce qu'il savait de ses agissements, reconnaissant qu'il aurait dû agir autrement et ne pas minimiser les faits. Mais comme Quentin Tarantino est un artiste, c'est aussi dans son oeuvre qu'on peut trouver ses vérités.

Harvey Weinstein inspire le personnage de Kurt Russell

On apprend à la faveur de la diffusion d'un documentaire sur la carrière de Tarantino, intitulé QT8: The First Eight et réalisé par Tara Wood, avec des entretiens de ses collaborateurs les plus proches, que le prédateur sexuel Harvey Weinstein a largement inspiré le réalisateur pour créer le chasseur de primes John Ruth. Celui-ci était interprété par Kurt Russell dans Les 8 Salopards. John Ruth, dit "The Hangman", convoie une prisonnière vers la potence, et prend un malin plaisir à la brutaliser. Une figure dont on retient la très forte misogynie, et qui est radicalement antipathique. C'est la productrice Stacey Sher qui a révélé cette inspiration, ajoutant :

C'est un peu plus précis si vous le lisez dans le script. Parce que Kurt est la personne la plus charmante du monde !

Le scénario a été écrit autour de 2013-2014, et le réalisateur était déjà au courant des attitudes d'Harvey Weinstein, et des allégations contre lui. Il s'est montré embarrassé lors des révélations publiques et du mouvement #metoo fin 2017, mais ne s'est pas défilé.

J'en savais assez pour faire plus que je n'ai fait. Je regrette de ne pas voir pris mes responsabilités sur ce que j'entendais Ce que j'ai fait, c'est marginaliser les incidents. Je les ai réduits à l'image du boss des années 50-60 qui poursuit sa secrétaire autour du bureau. Comme si c'était ok... J'ai l'air bien bête aujourd'hui.

C'est plutôt sain d'apprendre que le réalisateur était donc, lui aussi, assez interpellé par le comportement du producteur et distributeur de ses films, pour en tirer un personnage particulièrement odieux. Et on peut même se poser la question pour Boulevard de la mortKurt Russell, qui y incarnait un psychopathe qui assassine les femmes qu'il croise, "Stuntman Mike", était-il déjà une version fictive d'Harvey Weinstein ?