Le salué "Les Chatouilles" est autant un drame poignant que l'évocation d'une histoire vraie. L'actrice et réalisatrice Andréa Bescond raconte son propre viol durant son enfance dans ce long-métrage tiré également d'une pièce de théâtre.
Les Chatouilles : l'histoire vraie d'Andréa Bescond
Entre 2018 et 2019, en l'espace de quelques mois, le cinéma français nous a servi deux histoires émouvantes sur des enfants abusés sexuellement. Le très beau Grâce à Dieu de François Ozon est passé après Les Chatouilles. Ils ont pour point commun de raconter comme des victimes vivent tant bien que mal avec un poids sur les épaules, des années après les faits. L'autre point commun entre ces films est qu'ils sont tirés d'une histoire vraie.
La médiatisée affaire Bernard Preynat pour premier, l'expérience personnelle d'Andréa Bescond pour le second. C'est d'ailleurs cette dernière que l'on retrouve à la co-réalisation de Les Chatouilles. Autant dire que ce projet avait vocation à exorciser un vieux démon.
Le film suit Odette, une petite fille de huit ans passionnée par la danse. C'est à cet âge qu'elle est violée par l'un des amis de ses parents. Devenue plus grande, elle tente de percer en tant que danseuse professionnelle. Mais la douleur qu'elle garde en elle va être à la fois sa faiblesse et sa force.
En plus de co-réaliser, Andréa Bescond va pousser son implication encore plus loin en incarnant Odette à l'âge adulte. Si le prénom change pour une raison que l'on ignore, elle se met elle-même en scène dans sa propre histoire. Plus jeune, elle a été victime de violences sexuelles qui ont laissé des traces indélébiles dans son esprit.
Comme on peut le voir dans le film, c'est un ami de la famille qui a abusé d'elle, en lui proposant de participer à des séances de chatouilles. Un terme enfantin pour cacher des intentions malveillantes. Pendant des années, Andréa Bescond va essayer d'enterrer tout ça dans un coin de sa mémoire. Mais son rapport aux hommes est changé à jamais. Elle va cependant attendre d'avoir dépassé la vingtaine pour enfin intenter une action en justice. Au micro de Marie Claire, elle expliquait comment le déclic lui est venu :
Le déclic pour agir, c’est quand j’ai appris qu’il allait devenir grand-père.
Du théâtre au cinéma
Andréa Bescond a pu compter sur son mari, Eric Métayer, pour l'accompagner dans son processus de reconstruction. Il assure l'autre part du travail derrière la caméra pour Les Chatouilles et a joué un rôle important dans sa vie. Le couple se rencontre au sein d'une troupe de danse dans les années 2000. C'est d'ailleurs sur les planches qu'Andréa Bescond va d'abord raconter son histoire avec la pièce Les Chatouilles ou la danse de la colère. Elle s'illustre dedans en solo pour exprimer toute sa rage, par le biais de sa passion première qu'est la danse.
Un premier travail thérapeutique et artistique qui va la mener, sans trop l'avoir prévu, à une adaptation au cinéma. Avant d'en arriver là, il a fallu que le couple apprenne les rouages du cinéma et trouve de l'intérêt dans cette transposition. Si la pièce se concentrait sur Andréa Bescond, le film multiplie les personnages secondaires. On y voit, en particulier, le rôle de la famille proche qui gravite autour de ce drame. Les outils narratifs donnés par le cinéma permettent un traitement différent, plus étoffé.
Le témoignage d'Andréa Bescond et sa vision des choses ont pu ainsi être entendus par le plus grand nombre. Le 7ᵉ art permet de toucher un large public, avec des échos plus retentissants que ceux provoqués par une pièce.