"Les Cheyennes" (1964) est le dernier western de John Ford. Pour ce film, le réalisateur mythique dû faire face à des problèmes de santé et demanda à son assistant de tourner certaines séquences.
Les Cheyennes, John Ford fait amende honorable
Réalisateur de 142 films, avec une carrière qui s'étale sur six décennies, John Ford est une des plus grandes figures du cinéma américain. On lui doit des westerns mémorables de la période classique, comme La Chevauchée fantastique (1939), Rio Grande (1950) ou L'Homme qui tua Liberty Valance (1962), mais surtout de grandes œuvres retraçant l'histoire de l'Amérique, comme Les Raisons de la colère (1940) qui se déroule durant la Grande Dépression.
Récompensé à quatre reprises de l'Oscar du meilleur réalisateur (dont un pour Les Raisins de la colère), John Ford réalisa en 1964 son ultime western avec Les Cheyennes, porté notamment par les légendes du cinéma américain Richard Widmark et James Stewart. Mais les vraies stars de son film sont ailleurs. Puisque c'était l'occasion pour le cinéaste de se "racheter" auprès des Amérindiens.
En effet, jusqu'à ce film, le réalisateur avait avant tout mis en avant une figure d'homme blanc face aux "méchants indiens". Comme il l'expliquait dans le livre de Peter Bogdanovich consacré au cinéaste, il souhaitait cette fois montrer "leur point de vue".
J’avais tué plus d’Indiens que Custer, Beecher et Chivington ensemble. De plus, en Europe, les gens veulent toujours en savoir plus sur les Indiens. Il y a toujours deux façons de raconter une histoire. Moi, j’ai voulu, pour une fois, montrer le point de vue des Indiens. Soyons franc, nous les avons très mal traités.
Les Cheyennes raconte ainsi le parcours d'Amérindiens qui quittent une réserve de l'Oklahoma pour rejoindre leurs terres dans le Wyoming. Une traversée longue et difficile pour ce peuple, également poursuivit par 10 000 soldats américains.
Un tournage douloureux
Lors du tournage du film Les Cheyennes, John Ford était âgé de 70 ans et loin d'être au meilleur de sa forme. Pourtant, la Warner lui offre un budget important pour qu'il puisse faire son western. Sauf que sa santé est fragile et il est notamment victime de douleurs au dos. En conséquence, il lui fallait avaler des pilules et des somnifères pour faire face à la douleur. Malgré cela, il n'a d'autre choix que de faire appel à son assistant Ray Kellogg pour qu'il tourne à sa place quelques séquences du film.
John Ford parvint malgré tout à aller au bout de la production, mais le résultat final n'eut pas le succès espéré. En dépit de critiques positives en Europe, le box-office aux Etats-Unis fut décevant. Ce qui n'empêcha pas le cinéaste de tourner deux autres films avant de décéder le 31 août 1973. Parmi ces deux films, Le Jeune Cassidy (1965) sur lequel John Ford ne réalisa que vingt minutes avant de tomber malade et d'être remplacé par le directeur de la photographie Jack Cardiff.