Comédie érotique des années 70, avec une performance inoubliable de Jean-Pierre Marielle, "Les Galettes de Pont-Aven" aurait bien pu ne jamais exister, faute de financements. Heureusement, Jean-Pierre Marielle a eu la bonne idée d'en parler à son grand ami Jean-Paul Belmondo...
Les Galettes de Pont-Aven, ode lyrique à la liberté et aux "culs"
En 1976, lors de la 1ère Cérémonie des César, le film de Robert Enrico Le Vieux Fusil triomphe. Ce film de vigilante à la française remporte trois récompenses : César du Meilleur film, César de la Meilleure musique et César du Meilleur acteur pour Philippe Noiret. Mais pour le prix récompensant la meilleure interprétation masculine de l'année 1975, Philippe Noiret avait notamment un concurrent très remarqué dans un film inattendu : Jean-Pierre Marielle dans la comédie érotico-burlesque de Joël Séria Les Galettes de Pont-Aven.
Dans ce film, Jean-Pierre Marielle incarne Henri Serin, un représentant en parapluies qui va tout envoyer balader pour se consacrer à sa passion : la peinture. Plus précisément, il va lier ses deux passions : la peinture et les fesses. Il va donc abandonner son métier de commercial itinérant pour tenter de vivre de cette activité : peindre des postérieurs de femmes. D'abord sorti dans un anonymat relatif, cette comédie va progressivement gagner en popularité pour réaliser en fin d'exploitation plus d'un million d'entrées dans les salles. Jean-Pierre Marielle y brille en homme au carrefour de sa vie, bien décidé à embrasser toutes les libertés possibles.
Les Galettes de Pont-Aven s'inscrit dans la lignée des films subversifs et contestataires de l'époque comme, par exemple, Les Valseuses, avec sa grande liberté de ton, son langage cru, et son approche frontale et libérée de la sexualité.
Des moments et des répliques cultes
Bien que le film soit largement imparfait - Roland Duval de la revue Écran notait ainsi que son côté "mal fichu" n'empêchait pas son "euphorie subversive" -, Les Galettes de Pont-Aven gagne le statut de film culte, notamment grâce à des lignes de dialogue mémorables déclamées par son acteur principal, dont la célèbre :
Ah comme il est beau. Pfouuu on dirait un Courbet, dis donc. Quel génie il faut pour peindre ça. Quand je pense que ce mec en a peint des milliers et qu’on l’a poursuivi pour obscénité alors qu’il a peint la plus belle chose au monde, un cul. Oooh. Un cul de bonne femme. Oh il est magnifique. Je vais le peindre en vert, en bleu, en rouge, en jaune. Aaah j’y passerai des jours, des nuit, des mois s’il le faut...
Jean-Paul Belmondo et Charles Gérard à la rescousse
Cependant, la comédie Les Galettes de Pont-Aven n'a jamais failli se faire. En effet, au moment de trouver un financement pour son projet, aucun distributeur ne se montre intéressé. Il a alors fallu l'intervention de Jean-Paul Belmondo, grand ami de Jean-Pierre Marielle depuis le Conservatoire, pour qu'enfin Joël Séria trouve un distributeur pour son film : UGC. Le réalisateur le racontait ainsi à Cinématraque en 2021.
Le film est arrivé grâce à Jean-Paul Belmondo. C’est Marielle qui est allé le chercher alors qu’on arrivait pas à trouver de distributeur. Apparemment, Belmondo avait adoré "Charlie et ses deux nénettes" et Marielle lui a donné le sujet à lire. Il a ensuite organisé un déjeuner où il m’a dit : « Tu sais, je travaille à Billancourt en ce moment, mais dès que tu peux, apporte-moi un script ».
Trois jours après, j’y suis allé, et dans sa loge je croise Charles Gérard, son meilleur pote. Belmondo me prend le script et le balance sur une table basse en lui disant : « On va bien trouver un moyen de poser trente bâtons (trente millions de francs, ndlr) là-dessus ! ». Ça tombe bie,n car à l’époque Charles Gérard connaissait très bien les patrons d’UGC, les frères Edeline. Et en même pas quatre ou cinq jours, on a eu le feu vert et les trente bâtons !