Dans "Les Infiltrés", les personnages incarnés par Leonardo DiCaprio, Matt Damon et Jack Nicholson mènent une vie dangereuse. Martin Scorsese les condamne d'ailleurs dès les premières minutes du film, avec un détail loin d'être anodin.
Les Infiltrés : le retour aux affaires de Martin Scorsese
Peu habitué à l'exercice du remake, Martin Scorsese s'y essaie pour la deuxième fois en 2005 avec Les Infiltrés, quatorze ans après Les Nerfs à vif. Le long-métrage se base sur le thriller hongkongais Infernal Affairs d'Andrew Lau et Alan Mak.
Scénarisée par William Monahan (London Boulevard), cette relecture transpose l'intrigue d'origine à Boston. Les Infiltrés s'attarde davantage sur la psychologie de ses personnages et sur la perte de repères progressive de ceux incarnés par Leonardo DiCaprio et Matt Damon. Le premier, qui retrouve le cinéaste après Gangs of New York et Aviator, prête ses traits à Billy Costigan, un policier qui est parvenu à infiltrer le réseau criminel dirigé par le gangster irlandais Frank Costello (Jack Nicholson).
Pour mener ses opérations sans être dérangé par les autorités, le mafieux a envoyé l'un de ses soldats, Colin Sullivan (Matt Damon), dans les forces de l'ordre. Les choses se compliquent lorsque les deux camps se rendent compte qu'une taupe se trouve dans leurs rangs.
Mark Wahlberg, Vera Farmiga, Martin Sheen, Ray Winstone et Alec Baldwin complètent la distribution de ce film qui marque le retour de son réalisateur au film de gangsters après Les Affranchis et Casino.
Des personnages marqués dès le début du film
Avec Les Infiltrés, Martin Scorsese rend hommage à de nombreux prédécesseurs. Tout au long du film surgissent des clins d'oeil à Alfred Hitchcock et Psychose, à William A. Wellman et L'Ennemi public mais aussi à Howard Hawks et Scarface. De ce dernier, le cinéaste a repris la lettre "X", visible à l'écran lorsque Tony Camonte (Paul Muni) fait une victime.
Comme le souligne la vidéo ci-dessus, cette lettre (ou cette croix) apparaît à de nombreuses reprises dans Les Infiltrés, et ce dès le début. C'est par exemple le cas lors du monologue d'ouverture de Frank Costello, lorsque Billy Costigan purge sa peine de prison ou lorsque Colin Sullivan emménage face au Capitole du Massachusetts.
La lettre se dissimule également dans l'architecture ou est taguée quand le capitaine Queenan est jeté du haut d'un toit, ou quand Sullivan et Costigan prennent l'ascenseur ensemble dans les dernières minutes. Elle annonce ainsi le sort funeste ou la mort imminente que Martin Scorsese réserve à ses personnages, qui sont finalement condamnés d'emblée. Des détails qui amplifient la fatalité de leurs vies de criminels et de flics. Et comme le dit d'ailleurs Frank Costello dans le long-métrage : "face à un flingue chargé, où est la différence ?"