Ce soir à la TV : la star de Furies (Netflix) dans une romance passée inaperçu en salles

Ce soir à la TV : la star de Furies (Netflix) dans une romance passée inaperçu en salles

Ce soir France 5 diffuse "Les Meilleures" (2021). Porté par Lina El Arabi et Esther Bernet-Rollande, le film n'avait pas été un succès en salles, mais offre une représentation intéressante d'une relation homosexuelle dans un quartier populaire.

Lina El Arabi et Esther Bernet-Rollande, superbes dans Les Meilleures

Réalisé par Marion Desseigne-Ravel, Les Meilleures (2022) se déroule dans un quartier populaire et suit Nedjma, qui traine habituellement avec son groupe d'amies. Jusqu'au jour où débarque Zina. Leur première rencontre sera conflictuelle, sur un banc, où la bande de Nedjma la force à partir, provoquant la colère de la cousine de Zina. Après avoir été remises à leur place par celle-ci, Nedjma et sa bande décident d'humilier Zina. Mais prise de remords, Nedjma tente de la prévenir. Les deux jeunes femmes vont doucement s'apaiser et se rapprocher. Sauf qu'être amoureuse d'une autre femme ne passe pas dans le quartier, et Nedjma et Zina devront longtemps se cacher avant d'être découvertes.

On retrouve au casting du film Lina El Arabi et Esther Bernet-Rollande dans les deux rôles principaux. La première n'en était pas à son premier long-métrage puisqu'elle avait été révélée en 2017 dans Noces. Cependant, la popularité de la comédienne a grandi en 2024 grâce à la série Furies qui a été un énorme carton sur Netflix. Nul doute que sa notoriété actuelle aurait pu aider Les Meilleures à attirer davantage de monde à sa sortie en salles, puisque le film n'avait cumulé alors que 9567 entrées (via Allociné). Il en va de même pour Esther Bernet-Rollande, découverte pour sa part avec Les Meilleures, avant d'apparaître à la télévision dans Un destin inattendu (2024).

Les Meilleures ©Le Pacte
Les Meilleures ©Le Pacte

En dépit de son score faible au cinéma, Les Meilleures avait convaincu une partie de la presse. 20 Minutes mettant en avant ces "deux jeunes actrices épatantes", tandis que Le Figaro estimait que "à travers une histoire d'amour impossible, Marion Desseigne Ravel aborde avec subtilité l'homosexualité dans une communauté maghrébine". Même son de cloche pour Première qui écrivait : "Un exercice d’équilibriste réussi porté par le duo Lina El Arabi- Esther Rollande, renversantes de justesse et de complicité".

Plus qu'un film social, un genre de western qui traite de l'homosexualité

En réalisant Les Meilleures, son premier long-métrage, Marion Desseigne-Ravel a voulu montrer notamment la question du partage du territoire dans ce quartier, symbolisée dans un premier temps par le banc où se posent les filles. À travers ça, la réalisatrice estime avoir repris certains codes du western, s'inspirant du maître John Ford pour s'éloigner du film social. C'est ce qu'elle expliquait dans le dossier de presse en déclarant :

Pour moi c’est comme un western au féminin ! On pourrait croire, si on s’en tient à son sujet, que Les Meilleures est un film social, mais j’avais à cœur de m’éloigner de cette dimension. C’est pourquoi on a choisi de styliser certains lieux comme ce banc rose qui tient une place majeure dans l’histoire. Le square dans son ensemble est une sorte d’arène, comme la rue principale d’un film de John Ford : tout le monde s’y croise, on s’y observe, on s’y affronte.

Esther Bernet-Rollande - Les Meilleures ©Le Pacte
Esther Bernet-Rollande - Les Meilleures ©Le Pacte

Bien sûr, au-delà de ça, Marion Desseigne-Ravel fait une représentation pertinente de l'homosexualité dans un milieu où cela n'est jamais abordé, voire rejeté. Un rejet caractérisé par Samar, l'amie de Nedjma. Cependant, pour la réalisatrice, ce "dégoût relatif à son homosexualité" vient surtout "du dépit qu’elle exprime en lui reprochant de ne pas s’être confiée". Une manière de mettre au centre du film l'amitié entre ces filles. Et en parallèle, la mère de Nedjma n'est "jamais directement homophobe" mais "n'a pas envisagé un seul instant l’éventuelle homosexualité de sa fille".

Cette présomption d’hétérosexualité est quelque chose de très douloureux à vivre quand on est homosexuel. C’est quelque chose de très répandu aujourd’hui encore. Dans cette scène, j’aime beaucoup le mélange entre la générosité de la mère, qui exhorte sa fille à faire fi des rumeurs et du regard d’autrui, et son aveuglement.