"Les Nageuses" sur Netflix retrace l'histoire vraie de Sarah et Yusra Mardini. Toutes les deux ont eu un parcours remarquable, digne des grands drames hollywoodiens, avec malheureusement un ultime rebondissement pour Sarah Mardini.
Les Nageuses, un drame tiré d'une histoire vraie sur Netflix
Avec Les Nageuses, Netflix propose à ses abonnés un drame éprouvant. Alors qu'elles tentent d'avoir une vie normale dans une Syrie en guerre, deux jeunes sœurs décident de tout quitter lorsqu'une bombe explose dans la piscine où elles s'entraînent. Mais leur parcours pour rejoindre l'Europe n'est pas une fiction. Il s'agit de l'histoire vraie de Sarah et Yusra Mardini, deux sœurs syriennes qui ont fui la guerre civile en 2015.
Dans ce film de Sally El Hosaini, Sarah est interprétée par Manal Issa, vue en France à plusieurs reprises au cinéma, comme dans Peur de rien (2016), Face à la mer (2022) ou encore Memory Box (2022). Une jeune actrice qui, en parallèle de son travail artistique, a continué ses études en devenant ingénieur dans l'industrie à Beyrouth. Yusra, elle, est incarnée par la sœur de Manal Issa, Nathalie Issa. Matthias Schweighöfer (Army of Thieves) interprète enfin Sven, l'entraîneur de natation de Yusra qui la mena jusqu'au jeux olympique, et Ali Suliman le père des sœurs Mardini.
Pour Les Nageuses, le réalisateur a pu collaborer avec Yusra et Sarah pour être le plus fidèle à leur histoire, tout en mettant en scène des passages fictifs.
Le récit fou de Sarah et Yusra Mardini
En 2015, la Syrie est en guerre depuis quatre ans et Sarah, alors âgée de vingt ans, décide de partir. Elle convainc son père de l'aider à fuir Damas avec Yusra, sa cadette de deux ans. Pour cela, elles se rendent d'abord à Beyrouth puis Istanbul en avion. Puis, grâce à un passeur à Izmir, elles atteignent une plage où se trouve un canot pneumatique. Avec d'autres réfugiés, elles se dirigent ainsi vers l'île grecque de Lesbos.
C'est là que leur héroïsme va se révéler. Après trente minutes, le moteur lâche et leur embarcation menace de couler. Mais les deux jeunes filles n'hésitent pas à sauter à l'eau pour remorquer le canot pendant trois heures. En 2016, Yusra revenait sur cet événement via L'Obs et Madame Figaro. Elle racontait alors :
Au début, c'était horrible, mais on a pensé avec ma sœur qu'on aurait vraiment honte si on n'aidait pas les gens partis avec nous. (...) C’était terrible de penser qu’en tant que nageuse j’allais finir par mourir dans l’eau, cet élément que je connais si bien.
Par miracle, Sarah et Yusra parviennent donc à atteindre le Grèce avec les dix-huit autres passagers. Elles appellent alors leur père (qui parvint plus tard à les rejoindre) pour le rassurer avant de poursuivre leur périple. Elles prennent ainsi la route des Balkans jusqu'à atteindre l'Allemagne et Berlin. Là, elles trouvent refuge dans un foyer et font la rencontre d'un interprète égyptien. C'est lui qui va ensuite mettre Yusra en contact avec le club de natation de Wasserfreunde Spandau 04 et son futur entraîneur, Sven Spannekrebs.
Les JO pour l'une, la prison en Grèce pour l'autre
À force d'entraînement, elle parviendra à participer aux Jeux Olympique de Rio en 2016 au sein d'une équipe de dix athlètes réfugiés. Bien qu'elle ait remporté sa série des 100m papillon, elle ne parviendra pas à atteindre les demi-finales. Mais l'important est ailleurs. Si pour elle la suite s'apparente à une happy end puisqu'elle continue les compétitions de natation, ce n'est pas le cas de sa sœur Sarah. Après avoir atteint l'Allemagne avec Ysra, Sarah Mardini est retournée en Grèce pour devenir nageur-sauveteur-secouriste bénévole. Puis, elle rejoint l’ONG grecque Emergency Response Center International (ERCI).
Mais le 21 août 2018, alors en mission sur l'île de Lesbos, elle est arrêtée avec son collègue allemand Sean Binder par les autorités. Comme le raconte L'Orient Le Jour en février 2022, elle est "accusée d’espionnage, de trafic d’êtres humains, de blanchiment d’argent, de fraude et d’appartenir à une organisation criminelle" et risque "jusqu'à 25 ans de prison". Après trois mois de détention préventive, elle et son collègue sont libérés sous caution contre 5000 euros chacun. Le quotidien libanais précise que leur cas n'est pas isolé :
22 autres bénévoles de la même ONG sont poursuivis pour les mêmes accusations. Le procès, qui devait s’ouvrir en novembre dernier, a cependant été ajourné et renvoyé à une juridiction supérieure en raison de la présence d’un avocat parmi les prévenus.
Aux dernières nouvelles, Sarah Mardini était retournée à Berlin dans l'attente de son procès, mais ne pourra pas se rendre à son audience, étant "visée par une interdiction judiciaire d’entrée sur le territoire grec".
Les Nageuses est disponible sur Netflix.