Planes 2, Dragons 2, La planète des singes : l'affrontement... Le box office de l'été est envahi par les films à suites dont les studios sont de plus en plus accros pour minimiser leurs risques financiers.
"C'est un filet de sécurité pour les studios et les investisseurs, ces films génèrent régulièrement leurs plus grosses recettes", remarque Jeff Bock, de la société spécialisée dans le box-office Exhibitor Relations, interrogé par l'AFP.
Il ajoute que "sur les dix films aux plus gros revenus de l'année, sept sont des suites" : Captain America, le soldat de l'hiver, Transformers : l'âge de l'extinction, X-Men : days of future past, the amazing Spider-man : le destin d'un héros, La planète des singes : l'affrontement, 22 Jump street, Dragons 2.
Ces films sont particulièrement présents à l'affiche en été aux États-Unis au moment des grandes vacances et avant l'automne où les films qui prétendent aux Oscars sont généralement sortis.
La tendance aux suites à répétition n'est pas nouvelle, comme en témoigne l'historique des "James Bond", "Superman", "Star Wars", "Rocky", "Terminator" et autres "Harry Potter". Le phénomène s'accélère toutefois.
"C'est une tendance qui court depuis plusieurs années, et elle va continuer. Il suffit de regarder le calendrier des sorties à venir : davantage de suites, encore des suites...", remarque Jeff Bock.
Dans les semaines à venir, on attend notamment Expendables 3, avec Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, Sin City : j'ai tué pour elle ou encore <l<Ninja Turtles, énième adaptation d'une bande-dessinée à succès, qui sort vendredi aux États-Unis et à l'automne en France.
- Créativité au second plan -
Les films à suites "économisent beaucoup d'argent aux studios" en termes de promotion "et c'est plus facile d'obtenir des contrats de marketing croisé avec des sociétés" de produits dérivés entre autres "pour des marques déjà établies", fait valoir Jeff Bock.
"Dans un secteur très compétitif, les studios pensent qu'ils n'ont ainsi pas à dépenser beaucoup d'argent pour expliquer de quoi parle le film à un public dont le temps d'attention est toujours plus court", renchérit Glenn Williamson, enseignant à l'école de cinéma de UCLA, interrogé par l'AFP.
Olivier Margerie, l'un des porte-parole de Disney joint par l'AFP, souligne que la décision de produire des films en série est parfois prise très en amont, sans même attendre de voir si le succès du premier sera au rendez-vous : "La production de Planes 2 a ainsi été lancée avant même que le premier Planes soit sorti" ce qui représentait selon lui un "pari" financier.
Les studios ont parfois connu de gros flops, à l'instar de SOS Fantômes 2, Gremlins 2, L'exorciste 2, Blair witch 2 ou encore Basic Instinct 2, mais ils maîtrisent de mieux en mieux la formule.
"Dans l'ensemble, c'est une garantie de succès, c'est pourquoi ce sont ces films qui sont le plus mis en chantier à Hollywood", avec des budgets toujours plus exorbitants, observe Jeff Bock.
Pour Glenn Williamson, la déclinaison d'un concept meurt généralement de sa belle mort : "Quand elle s'épuise d'elle-même, quand un studio n'a plus d'idée pour redonner de la fraîcheur à l'idée de départ."
L'universitaire admet que cette addiction aux suites peut engendrer une certaine paresse des studios, de plus en plus "effrayés à l'idée de prendre des risques créatifs".
Et pour lui, le succès de ces films dans les "gros marchés comme la Chine, la Russie et l'Inde sont une incitation de plus" à poursuivre dans cette voie.
Alors que les séries télévisées sont de plus en plus cinégéniques et que les concepts des films à succès sont déclinés de plus en plus longtemps, la frontière entre télévision et cinéma devient un peu plus floue.
(10 Aout 2014 - Relax News)