Ce soir Arte diffuse "Les Suffragettes" (2015), qui raconte la lutte des militantes qui se sont battues pour le droit de vote des femmes en Angleterre. Le film a fait polémique à sa sortie en salles, à cause d'un t-shirt porté par les actrices lors de la promo.
Les Suffragettes : la mise en lumière d'un combat important pour les femmes
C'est en 1918, en Angleterre, que les femmes de plus de 30 ans ont obtenu le droit de vote. Bien qu'elles durent attendre 1928 pour voir cette limite d'âge descendre à 21 ans pour correspondre à celle des hommes), ce fut un grand pas en avant pour la société anglaise. Mais pour en arriver là, il fallut un combat de plusieurs années initié par un groupe de femme. Réalisé par Sarah Gavron, Les Suffragettes (2015) raconte l'histoire de ces militantes du mouvement britannique pour le droit de vote des femmes. Le film se déroule lors des dernières années de leur lutte, en 1912, et le récit mélange de vraies figures historiques et des personnages fictifs. Le casting se compose, entre autres, de Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Brendan Gleeson, Anne-Marie Duff, Meryl Streep ou encore Ben Whishaw.
On y trouve ainsi des femmes de différentes classes sociales réunies autour d'un même but, et prêtent à tout pour obtenir ce droit de vote. Manifestant, cassant des vitrines, se faisant emprisonner, ou allant jusqu'à se suicider sous les sabots d’un cheval pour la cause. C'est en tout cas le destin tragique de l'une des protagonistes du film. Un événement qui a véritablement eu lieu en 1913.
Sur le papier, mettre en lumière les femmes qui se sont battues pour le droit de vote en Angleterre est bonne chose. D'ailleurs, le long-métrage avait eu des retours assez bons dans la presse avec, sur Rotten Tomatoes, une moyenne de 73% d'avis favorables basés sur 223 critiques, ou encore une moyenne de 3,3/5 sur les 18 titres de presse réunis par Allociné. Cependant, le long-métrage n'a pas pu échapper à une polémique au moment de sa sortie.
Un t-shirt polémique et une absence de diversité
Durant la promotion, les actrices Carey Mulligan, Meryl Streep, Anne-Marie Duff et Romola Garai, qui incarnent Les Suffragettes, ont posé pour des photos avec un t-shirt jugé problématique. Sur celui-ci était indiqué la phrase "I’d rather be a rebel than a slave" ("Je préfère être une rebelle plutôt qu’une esclave"). Il s'agit d'une citation de la leader des Suffragettes, Emmeline Pankhurst, qui avait fait cette déclaration lors d'un discours.
Seulement, cette phrase en a fait bondir certains qui y ont vu une métaphore de l'esclavage. La faute à l'utilisation du mot "rebelle" qui, aux États-Unis, a une connotation différente, expliquait Hélène Quanquin auprès de Télérama.
C’est une phrase tirée d’un vrai discours de l’époque et qui a scandalisé beaucoup de monde à la sortie du film. D’abord, parce que la métaphore de l’esclavage pour décrire la condition des femmes, notamment des femmes blanches dans le film, est très malheureuse. Le mot « rebel » est également mal choisi parce qu’il désignait les sudistes pro-esclavage pendant la guerre de sécession. C’est une phrase historiquement correcte qui, sortie de son contexte, n’est pas appropriée.
Bien sûr, il s'agit surtout d'une maladresse plus qu'une intention raciste. Sauf qu'à cela s'ajoute l'absence de diversité dans Les Suffragettes qui a été pointée du doigt. Et ce, en dépit du fait que de nombreuses femmes d'origines indiennes ont pris part au combat pour le droit de vote des femmes en Angleterre.
Aussi, il y a eu beaucoup de femmes indiennes qui se sont battues en Angleterre pour le droit de vote : elles ne sont pas représentées dans le film. Le film a beau être intéressant pour sa représentation fidèle à l’histoire au niveau de la diversité sociale, il reste un point aveugle sur la diversité ethnique.
D'après Hélène Quanquin la réalisatrice aurait choisi de ne pas montrer ces femmes "parce qu’elle trouvait que c’était trop compliqué". Pour résumer sa pensée, la cinéaste estimerait que ces femmes indiennes pourraient faire l'objet d'un film complet autour d'elles, car "c’est une question à traiter en soi, à laquelle on ne peut pas faire simplement allusion dans le film". Une justification insuffisante pour certains, comme pour Hélène Quanquin qui précise : "Le problème, c’est que ça exclut souvent les mêmes personnes".