Avec "Les Tribulations d'un Chinois en Chine", Jean-Paul Belmondo retrouva Philippe de Broca pour un troisième film ensemble, mais il rencontra surtout celle qui fut sa compagne pendant sept ans. La comédie passe ce soir sur France 5.
Les Tribulations d'un Chinois en Chine : la passe de trois pour de Broca ?
Philippe de Broca dirigea pour la première fois Jean-Paul Belmondo dans Cartouche (1962). Une belle première pour le duo qui attira plus de 3,6 millions de spectateurs et de spectatrices. De quoi motiver le réalisateur à retrouver la vedette seulement deux ans plus tard avec L'Homme de Rio (1964). Cumulant 4,8 millions d'entrés, la comédie d'aventure fut le plus gros succès du cinéaste (devant Cartouche). Dès lors, une troisième collaboration semblait évidente et elle a eu lieu dans la foulée avec Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965).
Dedans, Jean-Paul Belmondo joue Arthur Lempereur, un milliardaire qui a tout, mais qui n'a plus le goût à la vie. Alors que ses tentatives de suicides ne cèdent d'échouer, il apprend lors d'un voyage à Hong Kong qu'il est ruiné. M. Goh, un vieil ami d'Arthur, le convainc de prendre une assurance-vie au profit de sa fiancée et de lui-même. Arthur devient dès lors la cible de tueurs, mais son envie de mourir va disparaitre après sa rencontre avec Alexandrine (Ursula Andress), une ethnologue qui finance son voyage à travers le monde en faisant des stripteases. Ensemble, et accompagnés de Leon (Jean Rochefort), le fidèle valet d'Arthur, ils tenteront d'élucider le mystère autour de ces tentatives de meurtre.
"Il y avait tout, et surtout trop"
Pour obtenir le même succès qu'avec L'Homme de Rio, Philippe de Broca renoua donc avec la comédie d'aventure. Il misa sur des grands noms, et tenta de profiter de l'engouement de l'époque pour James Bond en faisant appel à Ursula Andress. L'actrice était devenue une icône depuis James Bond 007 contre Dr No (1962), marquant les esprits en sortant de la mer dans un bikini blanc. L'un des passages les plus célèbres du cinéma, que de Broca repris sans gêne pour son film en plaçant la comédienne dans la même tenue sur une plage déserte. Le cinéaste dira alors à ce sujet :
J'ai pris la plus belle fille du monde, l'acteur le plus charmeur, les paysages les plus exotiques, j'en ai encore rajouté dans le chapeau.
Malheureusement, Les Tribulations d’un chinois en Chine n'est pas parvenu à attirer autant que L'Homme de Rio, cumulant "seulement" 2,7 millions d'entrées. Philippe de Broca en prit l'entière responsabilité, déclarant ne pas beaucoup aimer ce film car "il y avait tout, et surtout trop".
Ursula Andress séduite par l'humour de Jean-Paul Belmondo
Néanmoins, Les Tribulations d’un chinois en Chine a au moins profité à ses deux stars. Une belle actrice, un bel acteur, et toutes les conditions réunies pour que la magie opère. C'est justement ce qu'il s'est passé, comme le raconte le livre Belmondo: Le livre toc, toc, badaboum! de Guillaume Evin. Même si, des dires de Philippe de Broca, les deux vedettes "ne s'adressaient pas la parole" au début du tournage, une forte passion éclata rapidement entre Belmondo et Ursula Andress. D'ailleurs, leur histoire d'amour dura, puisqu'ils ne se quittèrent plus pendant sept ans. De son côté, la première Bond girl déclara en 1987 au magazine Photo :
J'ai toujours adoré rire. Mais je crois que Jean-Paul Belmondo m'a fait plus rire que n'importe qui. c'est comme ça qu'il m'a séduite.
Pour faire rire, Jean-Paul Belmondo était un spécialiste, et il ne s'en privait pas sur les tournages. Durant Les Tribulations d'un Chinois en Chine, il s'amusa par exemple à emprunter l'ascenseur d'un hôtel d'Hong Kong en étant entièrement nu, "le pantalon soigneusement plié sur le bras", et en saluant les clients à chaque étage. C'est aussi toujours nu qu'il alla se baigner dans la piscine de l'hôtel.