Crème de la crème des films de Noël, les décors baroques et les lignes incertaines que recèle "L’Étrange Noël de monsieur Jack" sont dus à un étonnant procédé. Au-delà d’avoir pour la première fois utilisé le stop-motion tout du long, le long-métrage d'animation a demandé à ses artistes de travailler dans l’inconfort le plus total.
L’Étrange Noël de monsieur Jack : quand Halloween rencontre Noël
C’est en 1993 qu’Henry Selick réalisait l’incontournable joyau animé qu’est L’Étrange Noël de monsieur Jack. Un travail minutieux étiré sur un peu plus de trois ans, qui offre à cette œuvre insolite un charme captivant et un onirisme dérangeant. N’hésitez pas à relire notre article au sujet de ce réalisateur maintenu dans l’ombre du génie burtonien, alors occupé à achever le tournage de Batman : Le Défi. Tim Burton reste effectivement celui qui a écrit l’histoire et produit le film. Et il a également imaginé l’ensemble des personnages plus fantasques et attachants les uns que les autres. Il demeure aussi l’homme par lequel les différents thèmes abordés ont été véhiculés. Entre autres le sentiment de rejet, la difficile intégration sociale qui en découle et l’acceptation de soi.
L’Étrange Noël de monsieur Jack nous entraîne à Halloween Town, où les habitants répandent la terreur sur Terre pendant la nuit d’Halloween. Épouvantail squelettique et roi des citrouilles, Jack est un génie en la matière ! Cependant, effrayer autrui ne l’amuse plus. Au cours de sa mélancolique errance dans des bois reculés, il tombe sur une porte qui le mène au cœur d’un endroit merveilleux : Christmas Town. Émerveillé par ce monde féérique et coloré, Jack aspire aussitôt à importer Noël dans son monde. Mieux que cela même, il veut en organiser la prochaine fête.
Ambidextres, demi-tour !
Comédie musicale déjantée issue de l’imaginaire fécond de Danny Elfman, L’Étrange Noël de monsieur Jack est avant tout un pur produit de l’univers burtonien. Et pour cause ! Le monde y est biscornu et inquiétant, mais tout aussi magique parallèlement. Les manoirs y sont cabossés, les stèles funéraires bancales et la colline conçue en une étonnante spirale. Au même titre que les personnages longilignes et disgracieux, néanmoins fantasmagoriques.
Pour parvenir à un tel résultat, il a fallu jouer de ruses pour créer de « vilains » résultats. En effet, les artistes qui ont œuvré sur les costumes, les décors et les différents concepts ont été contraints de travailler avec leur main non-préférentielle ! Voici donc pourquoi Jack, Sally, le Père Noël, le trio de chenapans Am Stram et Gram, ou encore Oogie Boogie sont aussi originaux. Leur création a nécessité que les droitiers passent l’arme à gauche et que les gauchers se fassent leurs bras droits. Autant dire que les personnes capables d’utiliser leurs deux mains avec la même habilité n’avait aucun espoir de pouvoir travailler sur un tel projet ! Ce qui n'empêche pas aujourd'hui n'importe qui de reproduire ces personnages en dessinant avec sa meilleure main.