L'Exorcisme d'Emily Rose sur Netflix : avant le film, il y a une horrible histoire vraie

Glaçant !

Le paranormal reste un domaine que le public adore, pour se confronter à ses propres convictions sur le sujet. Quand un film s'inspire d'une histoire vraie, la donne devient très différente. Retour sur les faits qui ont inspiré "L'Exorcisme d'Emily Rose" et sur le cas de la pauvre Anneliese Michel.

L'Exorcisme d'Emily Rose : le film qui a fait connaître Scott Derickson

Avant d'être l'un des réalisateurs du Marvel Cinematic Universe (on lui doit le premier Doctor Strange), Scott Derrickson vient du cinéma de genre. Le très solide Sinister reste son titre le plus populaire en matière d'horreur mais quelques années auparavant il signait le non moins intéressant Exorcisme d'Emily Rose.

Les femmes et les possessions, c'est un mariage qui appâte le public depuis le matriciel Exorciste de William Friedkin. Le cas décrit dans le film est celui d'Emily Rose (Jennifer Carpenter), une étudiante américaine qui doit quitter le coin où elle habite pour se rendre à l'université. Très peu de temps après le début de cette nouvelle vie, elle commence à ressentir d'étranges choses en elle. Comme si un esprit la tourmentait. Ce diagnostic va se vérifier.

Elle se tourne alors vers le père Moore pour qu'il l'exorcise mais le rituel va mal tourner et Emily meurt.

L'homme de foi va se retrouver accusé de meurtre et devra prouver lors de son procès que le monde des esprits existe. L'Exorcisme d'Emily Rose tient son originalité de ce mélange entre l'horreur et l'affaire judiciaire, qui permet de prendre ce sous-genre très codifié avec un angle plus novateur. Scott Derickson s'en sort bien dans son approche du procès mais c'est les scènes horrifiques que l'on retient, elles qui procurent quelques délectables frissons. À noter qu'un film allemand titré Requiem, réalisé par Hans-Christian Schmid, reprend aussi cette histoire sous une autre approche.

L'Exorcisme d'Emily Rose sur Netflix : avant le film il y a une horrible histoire vraie

Des faits réels, en Allemagne

Le cas Emily Rose n'a jamais existé à proprement parler. Le scénario s'inspire d'une histoire vraie en Allemagne, qui a été transposée aux USA. Ce que l'on voit dans le film, c'est en grande partie ce qui s'est passé pour Anneliese Michel entre les années 1968 et 1976. Âgée d'une vingtaine d'années, elle était issue d'une famille très portée sur la religion. Quand elle a commencé à avoir d'inquiétants symptômes, ses parents l'ont emmenée chez un médecin qui a conclu qu'elle souffrait d'une épilepsie du lobe temporal.

Les soins qu'elle reçut ne l'aidèrent en rien car le diagnostic était mauvais. Elle continua malgré tout à suivre ses études comme n'importe quelle personne de son âge. Jusqu'à ce que ses maux s'accentuent. Prise de crises impressionnantes pendant lesquelles elle ne pouvait ni parler ni contrôler son corps, et devenant intolérante aux objets religieux, Anneliese et ses proches conclurent qu'elle était possédée après un pèlerinage en Italie durant lequel le sol d'une église lui brûla les pieds.

Un exorcisme pouvait régler son problème (en théorie) mais l'Église refusa dans un premier temps de donner son accord pour l'utilisation de cette pratique. En attendant, son état s'aggrava de jour en jour. Prise sans cesse de convulsions incontrôlables, elle devint menaçante pour ses proches et elle-même.

Il était devenu impossible pour quiconque de l'approcher. Sa chambre n'en avait plus que le nom, elle saccageait tout, s'en prenait aux signes religieux, refusait de s'alimenter et son entourage assistait à des événements qu'il ne pouvait imaginer (elle mangeait notamment des araignées et buvait sa propre urine).

À l'image de ce qu'on voit dans L'Exorcisme d'Emily Rose, un prêtre accepta finalement de s'occuper d'Anneliese. Elle subit 68 exorcismes en l'espace de dix mois, certains durant même plusieurs heures.

Il fallait parfois que plusieurs hommes soient dans la pièce pour la maintenir physiquement sous contrôle tant sa puissance était décuplée. Épuisée par ce qu'elle avait enduré pendant des années, elle termina sa vie dans un état déplorable. L'exorcisme du 30 juin 1976 aura été le dernier, Anneliese succomba une bonne fois pour toutes à cause d'une trop grande faiblesse. Une enquête est alors ouverte et une terrible conclusion vient accabler les parents de la jeune femme, ainsi que les pères Renz et Alt. Le tribunal les estime coupable de négligence. L'état dans lequel se trouvait Anneliese méritait l'intervention d'un docteur, ce que la famille n'a jamais demandé.

Lors de leur défense, les prêtres (et par conséquent l'Église, qui avait donné son aval pour l'exorcisme) font écouter les enregistrements des séances (disponibles dans la vidéo ci-dessus). On peut entendre dessus distinctement les différentes voix prises par la victime, comme si les démons parlaient.

Malgré le fait que les preuves soient là, le verdict tombe et tous les accusés sont jugés coupables. Les peines restent néanmoins peu lourdes, preuve que la Justice ne savait pas trop comment trancher. Les innocenter serait l'équivalent d'avouer que les possessions existent, chose que l'Allemagne ne voulait pas.