Dans "L'Héritier", Jean-Paul Belmondo incarne un playboy qui doit prendre la tête d'un empire médiatique et industriel, après le décès de ses parents. Un polar réussi, dont il existe une fin alternative qui change toute l'intention du film et qui a provoqué la fureur du réalisateur Philippe Labro.
L'Héritier, un Belmondo sous-estimé
En 1973, sur un scénario qu'il a co-écrit avec Jacques Lanzmann, Philippe Labro réalise L'Héritier. Pour ce thriller qui explore les relations entre les pouvoirs politique, médiatique et industriel en France dans les années 1970, il confie le rôle-titre à Jean-Paul Belmondo. Celui-ci est alors au sommet de sa carrière, enchaînant les grands succès publics. Dans cette décennie glorieuse pour l'acteur, entre Borsalino (1970), Le Casse (1971) et Peur sur la ville (1975), L'Héritier est ainsi souvent et injustement relégué au second plan.
Fils à papa et playboy renommé, Barthélémy "Bart" Cordell (Jean-Paul Belmondo) se retrouve à la tête d'un véritable empire à la mort de ses parents. Pas vraiment préparé pour être un homme d'affaires, Cordell va devoir faire ses preuves, face à des dirigeants qui ne veulent pas de lui à la tête du grand groupe de presse et d'industrie. Piégé, "Bart" décide de mener son enquête pour savoir qui lui veut du mal, et va découvrir que la mort de ses parents n'est peut-être pas accidentelle...
Un succès, et une fin alternative "honteuse"
À sa sortie, L'Héritier, avec son histoire proche de celle de Largo Winch - le personnage est développé par Jean Van Hamme à partir de 1973 -, est un succès commercial avec plus de 2 millions de spectateurs. Une performance au box-office "normale" pour Jean-Paul Belmondo, mais remarquable dans la mesure où l'acteur se fait - un peu - plus sage qu'à l'accoutumée, si on compare le film par exemple à Le Magnifique, sorti la même année. L'Héritier est alors bien accueilli par la presse, qui salue un polar maîtrisé et tendu, "à l'américaine".
Il existe une fin alternative à L'Héritier, qui change complètement la conclusion du film. Dans la fin originale de L'Héritier, comme on a pu la découvrir au cinéma, Barthélémy Cordell se fait tirer dessus dans les derniers instants et succombe à ses blessures. Une autre fin a été montée, dans laquelle Barthélémy est bien blessé par balles, mais survit néanmoins à ses blessures, ouvrant les yeux et souriant.
Le réalisateur très énervé contre cette fin alternative
Cette fin alternative, dont il ignorait d'abord l'existence, a ainsi rendu Philippe Labro furieux. Il expliquait son sentiment en 2001 :
"Je ne la connaissais pas mais, si elle existe bien, cette fin alternative est une honte. C’est moi qui ai signé ce film, de A jusqu’à Z, même jusque dans les détails du décor, truffé d’objets à moi, et je peux vous dire que JAMAIS je n’ai voulu faire une autre fin. Quelqu’un a dû récupérer, je ne sais pas comment, des rushes et retrouver une chute où Jean-Paul rouvrait les yeux. Forcément qu’il les a rouverts avant que l’on ne coupe la caméra ! Je n’ai jamais eu aucun doute sur le fait que Bart Cordell devait mourir à l’issue de mon film. (...)
C’était ça la note d’intention de "L'Héritier", je voulais montrer la mort tragique d’un héros en pleine gloire, en calquant son assassinat sur celui de Lee Harvey Oswald par Jack Ruby. (...) Bref, modifier la fin de mon film, quelque part, c’est du travail de faussaire. La personne qui a fait ça n’avait pas le droit de toucher à mon film."