Ce soir C8 diffuse "L'Homme de l'Ouest", un grand western signé Anthony Mann avec Gary Cooper, qui luttait à l'époque contre un cancer. On y trouve dans ce film une scène de strip-tease extrêmement cruelle.
L'Homme de l'Ouest : un western marqué par le cancer de Gary Cooper
Après avoir signé avec La Porte du diable (1950), Anthony Mann enchaîna les films dans ce genre avec, entre autres, Les Affameurs (1952) et L'Homme de la plaine (1955). Puis c'est en 1958 qu'il livre peut-être son meilleur film : L'Homme de l'Ouest. Le film débute avec l'attaque d'un train dans lequel se trouvent une danseuse, un joueur de casino et surtout Link Jones, un hors-la-loi repenti. Ils trouvent alors refuge auprès de l'ancien gang de Link. Mais ses anciens complices vont en profiter pour qu'il les aide à dévaliser une banque, et n'hésiteront pas à s'en prendre à ceux qui accompagnent Link.
L'Homme de l'Ouest est, comme souvent chez Anthony Mann, un film qui s'appuie sur des personnages au passé trouble. Plus précisément sur un héros complexe, torturé, "en proie à la soif de vengeance et à l’instinct de mort", comme l'écrivait Télérama. Le genre de figure que développera encore plus Sam Peckinpah par la suite, et qui apparaît ici sous les traits de Gary Cooper. Alors que le cinéaste avait pour habitude de tourner avec James Stewart (six films ensemble), c'est bien à Gary Cooper qu'il donne les clés de cette œuvre sombre, dernier grand western de chacun.
Dedans, il faut bien avouer que Gary Cooper impressionne et semble, comme évoqué précédemment, plus torturé que jamais. Il faut dire qu'à l'époque l'acteur luttait contre un cancer et en était grandement affaibli au moment du tournage - il décède quelques années plus tard en 1961. Cela se ressent, mais ne l'empêche pas d'être fidèle à lui-même, tout en sobriété, et d'offrir là une belle performance.
"Des scènes parmi les plus cruelles"
Pourtant, si L'Homme de l'Ouest est aujourd'hui considéré comme un film culte, il ne fut pas porté aux nues lors de sa sortie. Peu s'extasièrent devant, si ce n'est Jean-Luc Godard, qui estimera qu'il s'agit ni plus ni moins du meilleur film de l’année 1958. Pourtant, le western était plutôt osé pour l'époque. Outre sa représentation de personnages ambigus, L'Homme de l'Ouest peut se montrer extrêmement cruel lors de séquence forte. La simple séquestration du groupe de Link dans une ferme isolée s'avère particulièrement inquiétante. Principalement à cause de Dock Tobin, le chef de la bande, fou et terrifiant, bien incarné par Lee J. Cobb. On atteint même un pic de tension lorsque l'antagoniste force la chanteuse Billie (Julie London) à effectuer un strip-tease devant tout le monde.
Link assiste alors impuissant à la scène, menacé par le couteau de Dock Tobin. Tout passe ainsi par les regards échangés entre Gary Cooper et Julie London. Télérama disait d'ailleurs que L'Homme de l'Ouest contient, avec ce passage et "la scène (des cheveux de Julie London) dénoués par le chef (...) parmi les plus cruelles" séquence du cinéma.