Avec "Libre", Mélanie Laurent s'intéresse au braqueur Bruno Sulak tout en livrant un film profondément romantique. La réalisatrice nous parle de son approche et de sa mise en valeur de ses acteurs Lucas Bravo et Léa Luce Busato.
Libre : le braquage romantique de Mélanie Laurent
13 ans se sont écoulés depuis que Mélanie Laurent est passée derrière la caméra pour signer avec Les Adoptés (2011) son premier long-métrage. Durant cette période, l'actrice et réalisatrice a signé six autres films, dont deux pour des plateformes de streaming - Le Bal des folles (2021) sur Prime Video et Voleuses (2023) sur Netflix. Même si elle prévoit de retourner dans les salles de cinéma très prochainement, Mélanie Laurent s'est lancée avant dans son huitième long-métrage, Libre, réalisé à nouveau en collaboration avec Prime Video. Un film de braquage romantique inspiré de faits réels qui permet à la cinéaste de renouer avec le film d'époque.
En racontant l'histoire de Bruno Sulak, braqueur oublié, qui a pourtant marqué la France dans les années 1980 par ses nombreux casses effectués "sans violence physique". Un parfait gentleman qui détroussait les caisses de grands magasins, avec notamment sa compagne Annie, qui l'attendait dans la voiture pour préparer leur fuite. Ses arrestations et ses évasions de prison ont participé à le rendre célèbre, tandis que ses braquages de bijouteries en ont fait un homme très recherché par la police.
Capter la beauté renversante de Lucas Bravo et Léa Luce Busato
Outre sa cavale, Mélanie Laurent s'est intéressée à sa vie romantique avec Annie. Libre a une approche étonnante, pouvant prendre deux directions, vers le polar ou la romance. Cet aspect romantique se ressent surtout dans le plaisir évident de la cinéaste à filmer ses personnages dans leur quotidien et leur intimité. Pour incarner Bruno Sulak, Mélanie Laurent a fait appel à Lucas Bravo, accompagné par la révélation Léa Luce Busato dans le rôle d'Annie. Tous les deux sont sublimes et magnifiés par la caméra de la réalisatrice. D'après elle, grâce à la beauté naturelle de son casting, sa tâche n'était pas difficile, comme elle nous le confiait en interview (vidéo ci-dessous).
Quand on a deux bombes atomiques comme ça, c'est pas très compliqué ! Tu poses une caméra sur eux et puis c'est bon.
Plus que de simplement poser la caméra devant ses interprètes, Mélanie Laurent s'est positionnée au plus près d'eux lors de passages plus intimes. La réalisatrice a d'ailleurs cadré pour la première fois, d'abord pour une raison pratique. En effet, étant la seule "petite" de son équipe, elle pouvait se faufiler dans une voiture pour avoir certains angles de caméra. L'expérience s'est avérée inédite et a rendu particulier son rapport à ses acteurs.
J'ai vécu un truc avec les acteurs que je n'avais jamais vécu avant. C'est de les filmer, dans les scènes d'amour, d'être avec eux, d'être proche d'eux et de savoir exactement où je les filme et pouvoir leur dire. Leur dire ce que je montre de leur nudité. Je ne sais pas si c'était une expérience agréable pour eux, mais je crois que ça nous a connectés. Parce que quand ton metteur en scène est vraiment à côté de toi et qu'il te dirige en chuchotant, ça amène quelque chose de particulier.
"Il n'y a pas un mouvement de caméra qui n'a pas un sens"
Après sept longs-métrages, Mélanie Laurent a donc encore évolué et découvert de nouvelles choses sur le tournage de Libre. La réalisatrice maîtrisait déjà bien son art et il est évidant qu'elle sait précisément ce qu'elle souhaite. Pour Libre, il n'était pas question pour elle de reproduire "une image des années 80". Son souhait étant d'amener le plus de modernité dans ce "film d'époque". Une modernité visuelle obtenue grâce aux moyens offerts par une plateforme comme Prime Video. Même si elle a eu "autant de plaisir à faire des films avec moins de budget", pour Mélanie Laurent, travailler sur une production de cette envergure offre une liberté excitante. Mais pas question pour elle d'abuser des effets uniquement parce que les moyens à sa disposition le lui permettent.
Chaque mouvement de caméra que je veux ou que je fais maintenant, je sais exactement pourquoi. Il n'y a pas un mouvement de caméra qui n'a pas un sens. La cavale, du coup, c'est de l'épaule. Le 360°, c'est pour la perte de contrôle de tout et le moment où on s'emballe un peu trop et que ça ne s'arrête plus. Je me cale toujours d'ailleurs sur ce que ressentent mes acteurs et donc c'est ce que ressentent les personnages qui me fait amener des mouvements de caméra.
Enfin, outre cette modernité visuelle, la question du sujet s'est posée pour Mélanie Laurent. "Est-ce vraiment moderne aujourd'hui de faire un film sur les années 80 qui s'appellerait "Libre" ?". Voilà la question que la cinéaste s'est posée. Et pour y répondre, l'actualité l'a bien aidée. Devant les "non-décisions politiques, notamment et surtout, en écologie", Mélanie Laurent a ressenti ce besoin d'évasion et les thématiques de Libre font écho avec notre époque.
Je suis atterrée en ce moment et profondément triste de tout ce qui se passe partout. En tant que spectatrice, j'ai besoin d'aller en Méditerranée voir des gens qui vont me dire que la liberté est un combat et que ça existe. Et de me raconter une histoire d'amour et de m'emmener un peu loin de ce monde très anxiogène qui est en train de dépasser tout entendement.
Libre de Mélanie Laurent est à découvrir sur Prime Video à partir du 1er novembre.