Avec "L'Intervention", les spectateurs sont invités à découvrir les origines du célèbre GIGN. Mais alors, les évènements décrits dans le long-métrage diffèrent-ils de ceux qui sont réellement advenus ?
L'Intervention : un dramatique affrontement
L'Intervention (sortie au cinéma en 2019) narre les évènement survenus en 1976, à Djibouti - alors dernière colonie française. Là, des terroristes prennent en otage un bus entier d'enfants. Ces derniers ont tous et toutes des militaires français pour parents. Seulement, le véhicule s'enlise peu avant la frontière avec la Somalie.
En échange des enfants, les kidnappeurs réclament l'indépendance de Djibouti, le départ des français vivant sur le territoire, et la libération de prisonniers politiques. Devant cet acte ô combien inquiétant, la France dépêche une unité de tireurs d'élite issus de la gendarmerie, dans l'espoir que la situation s'apaise. Le commando part pour Loyada. Là-bas, leur mission s'inscrira comme la naissance du GIGN. Fred Grivois, auteur et réalisateur de L'Intervention, s'inspire très librement d'une prise d'otages tristement survenue dans la réalité. Interviewé pour le blog CapitaineCinemaxx, le cinéaste est d'ailleurs très clair sur la question de la libre adaptation :
La réalité n’est pas un problème au cinéma. Je ne suis ni journaliste, ni documentariste.
Pour Fred Grivois, l'important est avant tout de proposer une certaine "vérité émotionnelle". Selon lui, un film basé sur des faits réels n'est, ironiquement, jamais "vrai" pour les personnes ayant vécu ces derniers. Ci-dessous, quelques différences notables entre le long-métrage et la réalité.
De multiples prises de liberté
Le créateur de L'Intervention explique que, comme le conseille l'auteur Mark Boal (Zero Dark Thirty) - habitué à ce type de projets ancrés dans le réel -, il a plusieurs fois "fusionné" des personnages existants, mais seulement si ces derniers donnaient l'impression de tenir le même rôle dans l'histoire. Une simplification dans le but de ne pas noyer les spectateurs dans un trop plein d'informations et d'interactions.
Aussi, l'agent de la CIA que l'on découvre dans L'Intervention n'a pas vraiment existé. De son propre aveu, le réalisateur souhaitait qu'un tel protagoniste soit présent afin de rappeler les enjeux géopolitiques au moment de la prise d'otages. De la même manière, le personnage que campe la comédienne Josiane Balasko ne trouve pas d'équivalent réel, mais symbolise la position de l'Etat français face à cette terrible menace.
Une fin moins brutale qu'en réalité
Il est évident qu'un film d'environ 100 minutes ne peut décemment se montrer fidèle à plus de 34 heures d'opération. Pour autant, le cinéaste a pu bénéficier des souvenirs d'un certain Monsieur Dupont, le chauffeur de bus de l'époque. Selon ce dernier, la moitié du long-métrage est vraie, de même que la chronologie qu'il propose. Si l'on en croit l'intéressé, l'affrontement final, une violente fusillade, est en revanche "en dessous" de ce qui est advenu à Loyada.
Également, deux fillettes sont tuées lors du climax de la mission. Une tragédie que déplore le commandant Christian Prouteau, sur place, interrogé à l'époque par Antenne 2. Ce dernier confiait, alors abattu, que ses collègues et lui portaient l'espoir de "sauver tout le monde". Si L'Intervention montre la mort d'une des deux innocentes, le décès de la seconde, quelques jours plus tard, n'y est nullement traité.