Un remake du film Le Message, chef d’œuvre du réalisateur Moustapha Akkad (tué tragiquement lors d’un attentat suicide) va bientôt être réalisé, a annoncé le producteur Oscar Zoghbi, qui avait déjà travaillé sur l’original. Le film s’intitulera The messenger of peace (soit « le messager de la paix »).
L’annonce est surprenante. Le Message était le premier (et seul) film tourné en anglais qui s’intéressait à la vie du Prophète Mahomet. En effet, réaliser un biopic sur la vie du Prophète est assez compliqué, étant donné que la religion musulmane n’autorise pas qu’on le représente physiquement, et ce dans tous les arts. Akkad n’avait jamais filmé le prophète, faisant dialoguer le personnage en hors champ.
Oscar Zoghbi a déclaré avoir « le plus grand respect pour le travail d’Akkad, mais les techniques cinématographiques ont évolué depuis les années 70, et ce projet utilisera ces techniques dans le but de renouveler le message du film original. » Le scénariste, Ramsey Thomas, rassure sur la volonté de respecter l’Islam : « Il est nécessaire au XXIe siècle de réaliser un film qui engage émotionnellement le spectateur sur cette aventure qui a abouti à la création de l’Islam. » On ne sait toujours pas si le film respectera la volonté musulmane de ne pas montrer le Prophète.
Le pari s’avère quand même risqué. L’actualité montre que les tensions entre les religions et les pays de différentes confessions sont extrêmement fortes. L’affaire des caricatures de Mahomet, au Danemark, avait entraîné des conflits importants entre le pays et les autorités musulmanes, et le journal responsable de la publication des dessins avait été menacé par des organisations islamistes. Après l’invasion de l’Irak, il faudra voir si un film (produit en partie par une puissance occidentale anglo-saxonne) ne sera pas perçu comme une provocation. Pourtant, le titre, Le messager de la paix, nous laisse espérer que ce film se présentera comme une invitation à calmer les tensions. Si cela pouvait se faire, le film serait une excellente réussite. C’est utopique, mais rien n’empêche de rêver.
A. L. E. (Le 30 Octobre 2008 – avec The Hollywood Reporter)