Tourné avec un budget dérisoire, détenteur d'un succès monstre au box-office et devenu culte, le tout premier "Mad Max" a reçu un accueil plus que mouvementé dans les salles. En France, le film n'a pu échapper à la censure et à une interdiction très sévère.
Mad Max : un film fauché qui lança une saga
Quelque part dans le futur. Une bande de motards dégénérés sans foi ni loi trace sa route sur les routes dépeuplées de l'outback australien. Après une agression violente sur sa femme et son enfant, un policier prénommé Max se jure de retrouver les coupables et de se venger. Voilà l'argument dont se sert George Miller pour propulser l'univers de Mad Max, film futuriste sur un monde qui a sombré dans le chaos et la violence. Le public a désormais le recul pour voir l'importance de ce premier épisode à l'origine de la saga. Mais le réalisateur avance sans aucune garantie lors du tournage. Il saura, plus tard, qu'il a eu raison quand le film est devenu pendant des années le plus rentable de tous les temps grâce à un box-office mondial qui touche presque les 100 millions de dollars.
Mad Max a été fait pour environ 350 000 dollars. Un budget dérisoire, que George Miller et le producteur Byron Kennedy ont d'ailleurs en partie constitué en travaillant comme médecins urgentistes - le réalisateur a fait des études de médecine. L'inconnu Mel Gibson est engagé puis le tournage se fait en quelques jours. Avec les moyens du bord, de la débrouille, des idées. Et aussi des contraintes. Miller sait ce qu'il veut faire avec son univers et il mise sur une ambiance réaliste. Le résultat fonctionne du tonnerre.
Les déboires avec la censure en France
Mad Max sort d'abord en Australie en 1979. Puis l'année d'après aux Etats-Unis. La couleur est annoncée avec un classement R, qui correspond à l'interdiction aux moins de 17 ans sans accompagnant adulte. Le seul stade au-dessus est le NC-17, soit la stricte interdiction aux moins de 17 ans - l'équivalent du moins de 18 ans chez nous. Justement, puisqu'on l'évoque, c'est ce sort qui va être réservé à Mad Max quand il atterrit dans nos salles en 1982. Le film se sera fait attendre avant de faire le trajet jusqu'en France et ce temps de latence peut trouver une partie d'explication dans le fait que la censure a voulu trouver un terrain d'entente avec George Miller pour que son œuvre contienne moins de violence.
Chose qui n'est jamais arrivée. Pour le réalisateur, il n'était pas concevable de revoir sa copie car c'était davantage l'ambiance générale que des plans explicites qui provoquaient le malaise. Le film va finir par débarquer sur le territoire français, avec une interdiction aux moins de 18 ans et une coupe d'environ 6 minutes. Ce traitement de Mad Max est quasiment inédit dans le monde. Il n'y a que chez nous où le long-métrage a été amputé de plusieurs bouts sans que le réalisateur ne soit consulté. On peut comprendre sa frustration car son travail avait été charcuté pour correspondre à la pensée de l'époque.
Un cas révisé avec le temps
Environ un an après sa première sortie française, Mad Max est lâché par la censure, bien aidé par l'arrivée d'un second opus auréolé d'un simple avertissement pour le plus jeune public. Le film original sera réexaminé dans les années 90 et ne détiendra plus qu'une interdiction aux moins de 16 ans. En 2015, nouveau retournement de situation avec un passage à la case inférieur : l'interdiction aux moins de 12 ans. Les mentalités ont heureusement évolué et nul doute que la nouvelle génération aura du mal à croire, en découvrant Mad Max de nos jours, que ce film fut un jour réservé aux plus de 18 ans.