Ce soir C8 diffuse la comédie culte "Marche à l'ombre" (1984). Pour sa première réalisation, Michel Blanc remporta un franc succès, devenant le plus gros carton de l'année au box-office français.
Marche à l'ombre : une grande première pour Michel Blanc
Après avoir enchaîné les succès devant la caméra, notamment sous la direction de Patrice Leconte, Edouard Molinaro ou encore Jean-Marie Poiré, et que ce soit avec ou sans la troupe du Splendid, Michel Blanc décida de passer à la réalisation. C'est avec Marche à l'ombre (1984) qu'il signe son premier long-métrage, co-écrit avec Patrick Dewolf. Dedans, il se donne l'un des deux rôles principaux aux côtés de Gérard Lanvin. Ensemble, ils interprètent Denis et François, deux hommes qui se retrouvent sans logement au moment de rentrer à Paris, lâchés par un ami qui devait les héberger. Les voilà obligés de faire la manche en jouant des morceaux à la guitare. Mais étant toujours en galère, ils vont rejoindre un squat où vivent des gens d'origine africaine, et également musiciens. Tandis qu'ils se lient et s'entraident, François tombe amoureux de Mathilde (Sophie Duez), une danseuse qui doit partir à New York. Il fera alors tout pour la rejoindre.
Avec Marche à l'ombre, Michel Blanc a proposé une comédie dramatique touchante, mais aussi et surtout très drôle. L'acteur et réalisateur se donnant un rôle de râleur qui lui va si bien, et avec Gérard Lanvin pour le (sup)porter. Deux personnages assez opposés, mais qui pourtant ne se lâchent pas. De plus, le réalisateur évite tout misérabilisme tout en montrant une France pauvre des années 1980. Cela grâce à une qualité d'écriture, avec des dialogues hilarants - comme Denis et ses entorses qui s'infectent.
Le plus grand succès de l'année
Pour une première en tant que réalisateur, Michel Blanc pouvait difficilement rêver mieux. Même si tout ne s'est pas déroulé comme prévu, puisqu'il pensait à l'origine tourner avec Bernard Giraudeau et Mathilda May, avant de devoir se tourner vers Gérard Lanvin et Sophie Duez. Cette dernière, a d'ailleurs obtenu ce premier rôle grâce à un coup de chance. Mais étant donné le succès du film, pas de regrets à avoir. À sa sortie en salles, Marche à l'ombre a été un carton, dépassant les 6 millions d'entrées. Un score impressionnant, d'autant plus que pour cette année 1984, il y avait de la concurrence.
Plusieurs classiques du cinéma américain sont sortis en 1984, comme Indiana Jones et le temple maudit. Mais le film culte de Steven Spielberg ne parvint à vendre "que" 5,6 millions d'entrées. Michel Blanc dépassa aussi Miloš Forman et son Amadeus (4,5 millions d'entrées), ainsi que les Gremlins de Joe Dante (3,5 millions d'entrées). Et du côté des productions françaises, Les Morfalous cumula 3,6 millions d'entrées, tandis que Les Ripoux de Claued Zidi s'arrêta à 5,8 millions d'entrées.
Marche à l'ombre fut donc le plus gros succès de l'année au box-office français. La fête aurait pu se poursuivre lors de la 10e cérémonie des César, en 1985. Nommé au César de la meilleure première œuvre et du meilleur espoir féminin pour Sophie Duez, le film ne fut pas sacré. C'est à la place La Diagonale du fou de Richard Dembo qui l'emporta, et Laure Marsac qui fut récompensée du César du meilleur espoir féminin pour La Pirate.
Pourtant, malgré la réussite de Marche à l'ombre, Michel Blanc vécu mal ce succès (y voyant "la fin d'un chapitre") et mis 10 ans à réaliser un autre film avec Grosse fatigue (1994).