Mathieu Kassovitz n'a plus réalisé de film après l'échec de "L'Ordre et la Morale" (2011). Mais si le réalisateur de "La Haine" n'est plus repassé derrière la caméra, c'est aussi à cause d'une époque qui rend son cinéma politique moins pertinent.
Mathieu Kassovitz, un réalisateur reconnu
Connu comme acteur, notamment avec le rôle de Guillaume Debailly dans Le Bureau des légendes, devenu culte pour le public français, Mathieu Kassovitz a aussi fait ses preuves comme réalisateur. C'est d'ailleurs derrière la caméra qu'il se fait remarquer en premier lieu, avec La Haine (1995), son deuxième long-métrage. Un film marquant, ancré dans la culture populaire française, et reconnu à l'étranger. La Haine a d'ailleurs été récompensé au Festival de Cannes 1995 du Prix de la mise en scène pour Mathieu Kassovitz, et de trois César en 1996 : du meilleur film, du meilleur producteur et du meilleur montage.
Suite à ce succès, l'auteur a pu alterner les casquettes d'acteur et de réalisateur. Dès 1997, il propose Assassin(s), dans lequel Michel Serrault joue un tueur à gages expérimenté qui rencontre un jeune cambrioleur interprété par Kassovitz. Vint ensuite Les Rivières pourpres, thriller prenant avec Jean Reno et Vincent Cassel qui enquêtent sur une affaire de meurtres sordides. Puis deux expériences compliquées avec Gothika (2003) et Babylon A.D. (2008). Ce dernier étant connu aussi pour son making of qui montrait les relations tendues entre le cinéaste et la star Vin Diesel.
Si Babylon A.D. a été un échec commercial, cela n'a pas empêché Mathieu Kassovitz de proposer en 2011 L'Ordre et la Morale, dans lequel il apparaît en capitaine du GIGN. Le film raconte la prise d'otages d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, en 1988, entre les deux tours de l'élection présidentielle en France. Malheureusement, sa proposition ne convainc pas la critique ni le public qui ne se déplace pas en salles lors de sa sortie. Un échec qui semble avoir particulièrement touché Mathieu Kassovitz, qui n'est plus repassé derrière la caméra depuis (sauf pour des clips ou des épisodes de série).
L'échec de trop et une époque qui a changé
Pourtant, certains aimeraient le voir réaliser un nouveau film. Un projet avec Daisy Ridley avait même été évoqué en 2021. Mais le cinéaste nous confiait, lors de la promotion de Les Rois de la piste, dans lequel il tient un des rôles principaux, qu'il n'en était rien (interview complète à venir). Nous lui avons alors demandé d'éclaircir les raisons de son refus de revenir à la réalisation. S'il y a bien l'échec de L'Ordre et la Morale qui l'a marqué, le problème pour Mathieu Kassovitz est surtout l'époque. Une époque où le paysage audiovisuel a totalement changé et où le cinéma qu'il souhaite faire n'a plus lieu d'être.
Le dernier film, j'ai mis justement dix ans à le faire et personne n'est allé le voir. C'était en 2011. Et depuis, tout ce qui est les réseaux sociaux et le changement total du paysage audiovisuel, fait que le cinéma que j'aime faire, le cinéma politique, cela n'a plus vraiment de raison d'être. C'est-à-dire que si tu veux vraiment comprendre ce qui se passe à Gaza, tu peux le voir sur ton Instagram. Si tu veux comprendre ce qui se passe au Congo, tu peux le voir sur Instagram. Tu veux comprendre ce qu'il se passe en bas de ta rue, c'est sur ton Instagram.
Mathieu Kassovitz insiste par la suite dans sa déclaration sur sa volonté de faire un cinéma politique, qui n'est donc visiblement plus pertinent actuellement. Par contre, "faire rire les gens aujourd'hui d'une manière intelligente est essentielle" selon l'acteur, qui prouve sa démarche avec la comédie Les Rois de la piste. De plus, Mathieu Kassovitz va se diversifier en proposant la comédie musicale La Haine, dès le 10 octobre à La Seine musicale.