Lorsqu'il participe à la production chaotique de "Miami Vice", Colin Farrell est complètement accro à la drogue et l'alcool. À tel point que l'interprète de Sonny Crockett n'a plus aucun souvenir du tournage pourtant intense et marqué par de nombreux rebondissements.
Miami Vice : le duo culte infiltre un cartel
Une vingtaine d'années après le lancement de la série Deux flics à Miami, sur laquelle il occupait le poste de producteur exécutif, Michael Mann revient en Floride avec Miami Vice. Sorti en 2006, le long-métrage marque donc le retour des policiers Sonny Crockett et Ricardo Tubbs. Colin Farrell et Jamie Foxx prennent la relève de Don Johnson et Philip Michael Thomas dans ce polar magistral, avec lequel le réalisateur de Heat et Collateral plonge le spectateur dans des nuits lourdes et emplies de tension, notamment grâce à une utilisation révolutionnaire du numérique.
Dans cette atmosphère où les offshore, les jets, les Ferrari et les balles fusent, les deux flics se font passer pour des criminels afin d'infiltrer le cartel de José Yero (John Ortiz), qui travaille pour Jesus Montoya (Luis Tosar), l'un des plus puissants trafiquants au monde. Alors que leurs premières livraisons de drogue entre l'Amérique du Sud et les États-Unis se déroulent sans accroc, Sonny se rapproche dangereusement d'Isabella (Gong Li), la maîtresse de Montoya et administratrice financière du cartel. Ils tombent très vite sous le charme l'un de l'autre, tandis que Yero se met à enquêter sur les deux flics, persuadé qu'ils ne sont pas clairs.
Naomie Harris, Ciarán Hinds, Justin Theroux, Elizabeth Rodriguez et Domenick Lombardozzi complètent la distribution de Miami Vice. Le film reçoit des critiques mitigées à sa sortie et n'est pas le succès commercial espéré, ne récoltant que 163,7 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à 135 millions. Un échec survenu à la suite d'une production particulièrement mouvementée.
Un tournage rempli de rebondissements
Dans un article de Kim Masters publié en 2006 sur Slate, des membres de la production reviennent sur le tournage compliqué de Miami Vice. Certains assurent que les nombreuses réécritures de Michael Mann sont la source de nombreuses complications, le cinéaste n'hésitant pas à changer les lieux initialement prévus :
C'est difficile, à la dernière minute, de conclure des accords avec des fournisseurs, de louer un avion, de fermer une autoroute.
À cela s'ajoutent des problèmes de sécurité, comme le fait de tourner à Miami pendant la saison des ouragans. Alors qu'ils sont à bord d'une Ferrari, Jamie Foxx et Colin Farrell manquent par exemple de se faire heurter par des morceaux de verre d'une fenêtre soufflée par le vent.
Par ailleurs, pendant les prises de vues en République dominicaine, les membres d'une équipe de sécurité privée font parfois preuve d'agressivité, ce qui donne notamment lieu à une confrontation armée entre un militaire employé par la production et un policier. Ce dernier tire et blesse le soldat chargé de la sécurité. Michael Mann se souvient :
C'était très effrayant. Et si ce type a six frères ? Et s'ils se mettent à nous accuser ? Toutes ces questions viennent se précipiter dans votre tête.
Le cinéaste explique également que toutes les préoccupations ont été prises pour que son équipe quitte les lieux sans danger ce jour-là. Après cet incident, Jamie Foxx décide de ne plus remettre les pieds en Amérique du Sud. Le réalisateur, censé tourner le final au Paraguay, n'a d'autre choix que de revoir la conclusion de Miami Vice. À l'arrivée, Michael Mann est néanmoins satisfait de ses changements, arguant que la fin se déroulant à Miami sert mieux l'intrigue et les personnages.
Colin Farrell au bout du rouleau
Tandis que Jamie Foxx fait part de nombreuses exigences et adopte un comportement de "diva" selon certains membres de la production, Colin Farrell est de son côté en proie à ses addictions à la drogue et l'alcool durant le tournage. En 2005, l'interprète de Sonny Crockett se retrouve à l'hôpital pendant la production, pour épuisement et dépendance à médicament selon son attachée de presse. Une radio uruguayenne affirme que l'acteur aurait en réalité été victime d'une overdose.
Trois ans plus tard, Colin Farrell revient sur l'expérience chaotique qu'a été Miami Vice et qui l'a mené en cure de désintoxication. Dans le talk-show de Jonathan Ross, il déclare :
À la fin de Miami Vice, j'étais fini. En gros, j'étais ivre ou défoncé depuis l'âge de 14 ans. (...) J'étais en train de mourir. Je fais partie des gens chanceux.
En 2011, il ajoute (via Digital Spy) :
C'est la première fois que je ne pouvais demander à personne autour de moi : "Est-ce que j'ai été en retard ? Ai-je manqué des jours ? Ai-je atteint mes objectifs ?" Parce que les réponses auraient été "oui, oui et non". J'ai perdu confiance en le fait que je pouvais moi-même changer.
Interrogé par l'Irish Mirror en 2013, le comédien assure qu'il n'a aucun souvenir du tournage du long-métrage, et ce malgré son investissement. Pour les besoins du rôle, il suit par exemple un entraînement intensif de plusieurs mois avec des policiers de Floride.
Cette expérience douloureuse explique en partie son désamour pour Miami Vice (via l'Irish Independent) :
Je n'ai pas vraiment aimé. Je pense que le style l'a emporté sur le fond et je suis en partie responsable. Le but n'était pas de faire L'Arme fatale, mais je pense que nous avons raté l'occasion de développer une amitié qui avait aussi des éléments fun.