Le film d'animation poignant "La plus précieuse des marchandises" de Michel Hazanavicius a été présenté en compétition à Cannes 2024. Un récit de survie pendant la Shoah, lumineux, et marquant, avec les voix de Jean-Louis Trintignant et Dominique Blanc.
Michel Hazanavicius clôt Cannes 2024 en beauté
Après 10 jours intenses placés sous le signe du septième art, le 77ᵉ Festival de Cannes s’est clôturé hier avec le dernier film présenté en compétition officielle : La plus précieuse des marchandises, long-métrage d’animation de Michel Hazanavicius, adapté du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg.
Ce long métrage, prévu pour une sortie en salle le 20 novembre 2024, se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. L'intrigue suit un bûcheron et sa femme qui recueillent un bébé jeté d’un train de déportation par un père désespéré qui sacrifie son enfant pour lui offrir une chance de survie. Cette "petite marchandise" bouleverse leur vie et celle de tous ceux qui croisent son chemin, révélant à la fois le pire et le meilleur de l’humanité.
À la bonne distance
Michel Hazanavicius aborde son film avec une immense sensibilité, utilisant la pudeur dans la mise en scène pour traiter un sujet aussi lourd que la Shoah. Plutôt que de représenter de manière graphique l’horreur des camps, il choisit de styliser les événements à travers l'animation. Cette approche permet de maintenir une certaine distance. Hazanavicius est conscient de l’équilibre délicat nécessaire pour représenter l’horreur sans la glorifier. Il utilise l'animation non seulement pour alléger le poids visuel de la violence, mais aussi pour imposer une distance nécessaire.
Des images marquent cependant profondément la rétine, comme ces visages d’hommes, bouche grande ouverte, qui rappellent les dessins d’Edvard Munch, pour symboliser toute l’horreur des camps de la mort, ou encore la déchéance du corps humain, qui plie sous le poids des souffrances infligées aux prisonniers, qui n’étaient plus que des ombres. Les visages figés dans une expression de terreur absolue capturent l'essence de la souffrance et de la perte d'identité subies par les prisonniers.
Entre ombre et lumière
La nature est également un élément majeur du film. Indifférente aux souffrances humaines, elle est représentée comme un témoin silencieux des événements. Les saisons passent, apportant tour à tour des fleurs éclatantes et la neige froide, tandis que le souffle du vent emporte les derniers souvenirs des prisonniers. Les trains, éléments omniprésents de la déportation, deviennent, quant à eux, presque des personnages à part entière, et symbolisent le mécanisme implacable de la guerre.
Mais loin d’offrir un récit austère ou plombant, Michel Hazanavicius fait le pari audacieux de guider son récit vers la lumière, montrant ainsi que même dans les ténèbres les plus profondes, l'humanité réside dans les petits gestes de bonté.
La Plus Précieuse des Marchandises n’est pas seulement un film sur la survie, mais aussi un hommage à la capacité de l’humanité à transcender les pires horreurs par des actes d’amour et de bonté. Le film rend hommage à ces Justes, qui ont permis d'offrir une chance à ceux condamnés à une mort certaine par la barbarie nazie.