Ce soir Arte diffuse "Million Dollar Baby", le chef-d'œuvre de Clint Eastwood qui avait bouleversé le public et la presse à sa sortie en salles. Un film qui, 20 ans après, reste dans les mémoires.
Million Dollar Baby : la boxe et le deuil selon Clint Eastwood
À peine sorti du succès de Mystic River (2003), Clint Eastwood enchaîna avec l'un de ses films les plus marquants : Million Dollar Baby (2005). Un drame éprouvant qui met en avant l'univers de la boxe féminine en se basant sur la nouvelle La Fille à un million de dollars de F. X. Toole. À l'instar du premier Rocky, le film présente ce milieu loin des strass et des paillettes. C'est au sein d'un petit club de boxe de Los Angeles qui tient à peine debout que se déroule l'histoire. Frankie (Clint Eastwood), ancien entraîneur de boxe, dirige cette salle avec son ami Scrap (Morgan Freeman), un ancien boxeur.
Le quotidien du grincheux Frankie va être bouleversé par l'arrivée de Maggie (Hilary Swank), une femme déterminée à devenir boxeuse en partant de rien. Maggie n'a pas de technique, ne sait pas se servir de ses jambes et est déjà trop âgée. Mais sa persévérance va finir de convaincre Frankie de l'entraîner. Une relation forte va alors se nouer entre eux.
Avec ce film, Clint Eastwood traite de plusieurs thèmes autour de la mort et du deuil. Frankie n'ayant jamais vraiment surmonté la mort de sa femme et ayant depuis perdu sa foi. Raison de son conflit perpétuel avec le père Horvak. Avec Maggie, il retrouve un sens à sa vie jusqu'à ce que le drame arrive. Un ultime combat de la boxeuse la laissant tétraplégique. Frankie devra alors à nouveau passer par les différentes étapes du deuil, avant d'interroger sur l'euthanasie. Comme toujours, Clint Eastwood n'est pas dans un jugement de ses personnages, mais présente une situation possible et compréhensible, ou non. Il avait ainsi expliqué que Million Dollar Baby n'est pas une prise de position sur la question de l'euthanasie.
La préparation intense d'Hilary Swank
Clint Eastwood a eu besoin de moins de 40 jours pour tourner Million Dollar Baby. Avant cela, Hilary Swank a dû se soumettre à un entraînement intensif de trois mois pour être crédible en boxeuse. Hector Roca, un des meilleurs entraîneurs mondiaux, s'est chargé de sa préparation à la boxe, tandis que l'haltérophile Grant Roberts la suivie pour ses séances quotidiennes de musculation. La quadruple championne du monde, Lucia Rijker, qualifiée à l'époque de "femme la plus dangereuse au monde", a également apporté son aide à l'actrice en tant que sparring-partner. Cette préparation a alors permis à Hilary Swank de gagner neuf kilos de muscles, mais lui a aussi causé une infection à cause d'une ampoule au pied, l'obligeant à arrêter le tournage pendant une semaine.
Un succès impressionnant
Un mal pour un bien quand on voit la réception de Million Dollar Baby. Alors que Warner Bros. avait été hésitant à financer le film de Clint Eastwood, les 216 millions de dollars engrangés ont prouvé que le studio aurait eu tort de ne pas suivre le réalisateur cette fois-ci. D'autant qu'il n'y a pas que le public qui a été touché par ce drame. La presse a été globalement dithyrambique. Sur Allociné par exemple, le film affiche une note moyenne de 4,9/5 à partir de 25 titres de presse. Parmi ces critiques, celle de Libération écrivait : "Million Dollar Baby est un film aussi difficile à décrire qu'il est passionnant à regarder. Sans doute parce que ce qu'il dit, il le dit avec une évidence, un naturel, qui nous apparaît presque inconcevable dans le cinéma d'aujourd'hui".
Enfin, le succès de Million Dollar Baby n'aurait pas été total sans des récompenses majeures. Nommé dans sept catégories aux Oscars, le film en a remporté quatre, et pas des moindres. En 2005, il repartait avec l'Oscar du Meilleur film, du Meilleur réalisateur pour Clint Eastwood, de la Meilleure actrice pour Hilary Swank et du Meilleur acteur dans un second rôle pour Morgan Freeman. À cela s'ajoutèrent deux Golden Globes et surtout un César du meilleur film étranger, remis au réalisateur en 2006. Soit deux ans après son premier César (sans compter le César d'honneur de 1998) remporté pour Mystic River, et quatre ans avant celui de Gran Torino.