"Misery" est une des meilleures adaptations de Stephen King à l'écran. Pour ses 30 ans, nous vous dévoilons des secrets de tournage.
Misery : la peur de la page blanche
Misery est l'adaptation cinématographique d'un roman de Stephen King publié en 1987.
On y suit Paul Sheldon (James Caan), un romancier à succès créateur de la saga Misery, une série de romans à l'eau-de-rose qui l'a rendu célèbre. Il se décide pourtant à tuer son personnage afin de poursuivre sa carrière dans une autre direction. Il souhaite maintenant écrire des romans plus sérieux et se cloître pour cela dans un chalet au fin fond du Colorado. Alors qu'il reprend sa voiture pour regagner New York et qu'il est pris dans un blizzard, il est victime d'un accident et perd conscience. Il est secouru par Annie Wilkes (Kathy Bates), infirmière et immense admiratrice de la série Misery qui le ramène chez elle.

Le film de Rob Reiner est effrayant pour de nombreuses raisons et la plus importante est que, à l'inverse de nombreuses œuvres de King, l'histoire ne contient aucun élément surnaturel. Tout ce que l'on voit à l'écran pourrait arriver, certes chez des personnes très perturbées psychologiquement, mais cette violence est bien réelle. Il y a pourtant un fort sous-texte dans l’œuvre du romancier, comme il le révèlera quelques années plus tard.
Annie = drogues
Si Annie Wilkes a bien une forme humaine, elle représente les problèmes de toxicomanie de Stephen King au moment où il a écrit le roman. Elle est en effet la manifestation physique des effets néfastes des drogues sur le corps de King dans les années 1970 et 1980. Annie était son problème de drogue, et son fan numéro un. Alors qu'il prenait de la drogue, King se sentait même très isolé et seul, tout comme Paul Sheldon l'est dans le film.
Pour mettre en scène cette histoire qui lui tient à cœur, le romancier n'a qu'une demande : il veut que Rob Reiner la produise ou la réalise lui-même sous la bannière de sa maison de production Castle Rock. King a en effet été bluffé par son adaptation de Stand By Me et il est le seul en qui il a confiance. Il le sera à nouveau quand il découvrira Misery.
Des ententes compliquées
Sur le tournage, la relation entre Kathy Bates et James Caan fait des étincelles. Il faut dire que leurs façons de travailler sont diamétralement opposées. Bates vient du théâtre et a l'habitude de faire de nombreuses répétitions. Caan, à l'opposé, y va à l'instinct et ne veut pas trop préparer les choses. Bates s'en plaint à Reiner qui lui explique alors qu'elle devrait se servir de cette frustration pour nourrir la folie de son personnage. Très investie, elle aura tout de même beaucoup de mal avec la violence du film et pleurera beaucoup sur le plateau avant et après le tournage de certaines scènes.

Le tournage est tout aussi compliqué pour son partenaire mais pas pour les mêmes raisons. Pour les besoins du film, il tournera en effet 15 semaines couché sur un lit. Un vrai cauchemar pour l'acteur qui a plutôt l'habitude de jouer des rôles très physiques. Il se pointe même un jour sur le plateau avec une gueule de bois monstrueuse. Très mauvais dans son jeu, aucune scène tournée ce jour-là n'est exploitable pour le montage. Plutôt que de lui dire la vérité, Reiner prétexte qu'il doit retourner les scènes car il y a eu un problème au laboratoire avec les pellicules. Caan finit néanmoins par apprendre la véritable raison et propose au studio de payer de sa poche l'argent perdu à cause de lui.

Des jambes fragiles
Une des scènes les plus emblématiques du film, c'est bien sûr celle durant laquelle Annie fracasse les chevilles de Paul avec une masse.

Ce moment marquant a nécessité la création de chevilles prothétiques en gélatine dans lesquelles étaient insérées des armatures avec du fil de fer. De cette manière, quand les coups d'Annie les écrasait, elles se pliaient facilement dans des angles horribles qui ont marqué des millions de spectateurs. Un très grand moment du cinéma d'horreur, très souvent cité comme un des pires de l'histoire du genre.