Le thriller "Miss Sloane" s'intéresse au métier de lobbyiste. Lors de ses recherches au sujet de son personnage, la comédienne Jessica Chastain s'est heurtée à un système problématique.
Miss Sloane : une héroïne comme on en voit peu
Comme son titre l'indique, le long-métrage Miss Sloane s'articule autour de la protagoniste du même nom. Cette dernière, une lobbyiste aussi impitoyable que brillante, ne s'avoue jamais vaincue. Mais une affaire bien particulière va - pour la première fois - lui mettre des bâtons dans les roues. Elizabeth va affronter des ennemis ô combien puissants, prêts à tout faire pour la réduire au silence. Alors, qui gagnera la partie ?
Pour l'anecdote, le scénario du film faisait partie du haut du panier de la célèbre Blacklist, qui recense les scripts sans producteurs les plus prometteurs du marché. Son auteur, le britannique Jonathan Perera, n'est autre qu'un avocat reconverti. Alors qu'il résidait en Asie, le "jeune" scénariste a envoyé le film à divers agents. Son œuvre a rencontré le succès et de beaux noms, dont celui de Steven Spielberg, se sont intéressés au projet. Une belle success story qui a fini entre les mains du cinéaste John Madden. Le réalisateur a immédiatement songé à Jessica Chastain pour prêter ses traits à Sloane. Contrairement à l'usage, il a remis le script directement à la comédienne - avec laquelle il avait déjà collaboré sur L'Affaire Rachel Singer.
Les déconvenues de Jessica Chastain
Pour les besoins du rôle, la talentueuse actrice américaine s'est rapprochée de femmes lobbyistes. Une première difficulté, puisqu'elle sont extrêmement minoritaires dans cette profession. Dans un entretien accordé à nos confrères de ScreenDaily, Chastain explique avoir rencontré pas moins d'une dizaine de femmes. Au cours de ses entretiens avec elles, une phrase a particulièrement choqué l'actrice à la chevelure flamboyante. En effet, l'une de ses interlocutrices qualifie le lobbying à Washington de "sport de contact". Si la comédienne admet ne pas avoir immédiatement compris ce à quoi elle faisait référence, l'évidence lui est apparue sans tarder. La lobbyiste voulait dire que, dans ce milieu, il faut se rapprocher des politiques... qui sont, encore une fois, essentiellement des hommes. La comédienne explique :
Elle voulait dire que les hommes étaient très tactiles avec elle.
Un triste constat que Jessica Chastain déplore, ajoutant que la lobbyiste "n'était pas en accord" avec ce système, mais qu'il faisait pourtant partie intégrante de son existence.
Un rôle ambivalent
Malgré cette glaçante confidence, l'actrice n'a pas baissé les bras et s'est véritablement plongée dans un monde bien peu attrayant. Pour ce qui est de son personnage, elle considère miss Sloane comme un renouveau du personnage féminin au cinéma à plusieurs égards. L'un d'entre eux est, bien entendu, la vie intime d'Elizabeth, originale à l'écran car d'ordinaire réservée à des protagonistes masculins. La comédienne estime que l'addiction de son personnage est la gagne. De fait, elle pose la - pertinente - question suivante : si son personnage accepte l'affaire autour de laquelle tourne le long-métrage, est-ce parce que cette dernière la touche moralement, ou plutôt parce qu'elle paraît ingagnable ? Elle précise :
C'est quelque chose qui m'a beaucoup intriguée.
Autre point d'importance : le spectateur ignore tout du passé de l'héroïne du long-métrage. Jessica Chastain confie avoir créé un passé à son personnage, incluant comment elle en était arrivée là et, surtout, d'où venait ses problèmes d'intimité. Pour elle, Miss Sloane est un "conte" sur une personne à la recherche de ce qui pourra combler le vide qu'elle ressent. Un thème qu'elle admet avoir déjà vu à l'écran, mais jamais ancré dans la scène politique américaine.