Inspirée d'une série des années 1960, "Mission Impossible" est depuis 1996 avant tout une grande saga du cinéma d'action. Portée par Tom Cruise, la franchise compte à ce jour sept longs-métrages. Voici le classement de la rédaction, du moins bon au meilleur film.
7. Mission Impossible 3 (2006)
Pour le 3e opus de la saga, après Brian De Palma et John Woo, Tom Cruise confie le scénario et la réalisation à J.J. Abrams. Un pari, puisque c’est alors sa première réalisation pour le cinéma. Il apporte ce qu’il faisait de bien dans la série Alias, sans doute un peu trop, et donne un tonalité très sombre à ce Mission: Impossible 3. Mais la mise en scène est souvent confuse, avec notamment des effets éblouissants qui gâchent l'image, et une lisibilité de l’action qui laisse à désirer.
L'influence de films comme les deux premiers Jason Bourne, sur le fond comme sur la forme - le style caméra "secouée" de Paul Greengrass -, est palpable mais n'est pas correctement assimilée. Dans cette veine plus réaliste, les séquences d'action n'apparaissent pas structurelles et essentielles comme le suppose l'ADN de la saga. Idée plus intéressante mais finalement bâclée dans son exécution, la présence d'un antagoniste porteur d'un discours politique contemporain (Billy Crudup).
Il y a cependant du positif dans Mission: Impossible 3: l’histoire d’amour avec Julia (Michelle Monaghan), et plus largement le rapport d’Ethan Hunt aux personnages féminins. Autre aspect, très réussi, sans doute le méchant le plus charismatique et violent de la saga - en concurrence avec Solomon Lane -, Owen Davian, incarné à merveille par Philipp Seymour Hoffman. Ses différentes confrontations avec Ethan Hunt sont les meilleurs séquences d'un film qui par ailleurs ne laisse qu'un souvenir brouillon. Très loin d’être un mauvais thriller d’action, c’est cependant l’opus le plus faible de la saga, très instructif sur comment ne pas faire un film Mission: Impossible.
6. Mission Impossible 2 (2000)
Avec Mission Impossible 2, la saga passe entre les mains d'un réalisateur au style reconnaissable : John Woo. Avant de diriger Tom Cruise, le cinéaste chinois s'était illustré dans le cinéma d'action hongkongais. Et dans ses films, ce qui plaît, c'est justement sa stylisation outrancière pour filmer les fusillades, avec ralentis et plans iconiques pour mettre en valeur ses comédiens. Sans oublier son goût prononcé pour les colombes. Si cela fonctionne parfaitement dans Volte-face (1997), c'est bien plus inégal dans Mission Impossible 2.
Pourtant, même si le film était assez mal perçu pendant un temps, pouvant être jugé ringard et absurde, les années passant permettent de le réhabilité. L'histoire est simple et efficace (rappelant d'abord fortement Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock), le duo Tom Cruise / Thandiwe Newton est beau à voir (en dépit de relations tendues sur le tournage), surtout à la fin du deuxième acte qui enclenche une course contre la montre. Lorsque Nyah s'injecte le virus, le tragique grimpe d'un ton tout en gardant une part de romantisme.
Et si John Woo reste jusque-là plutôt sage, il peut enfin s'éclater durant le final. Derniers rebondissements tandis que les masques tombent, caméra en mouvement, stylisation extrême de Cruise, et course mythique à moto avant le happy end.
5. Mission Impossible : Fallout (2018)
Après une arrivée magistrale dans la saga avec Rogue Nation, Christopher McQuarrie (Jack Reacher) poursuit sa collaboration prolifique avec Tom Cruise sur Mission: Impossible - Fallout. Un opus qui tente dès son ouverture de confronter Ethan Hunt à ses regrets et ses dilemmes existentiels, annonçant d'emblée qu'il compte clore l'intrigue impliquant son ex-femme Julia ouverte avec Mission: Impossible 3. Le film s'écarte ensuite de cette piste pour approfondir sa relation avec Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) et faire évoluer le redoutable Solomon Lane (Sean Harris) ainsi que son Syndicat.
Un récit qui part dans tous les sens et se perd, le film ne réussissant pas à retrouver l'équilibre parfait de Mission: Impossible - Rogue Nation. Entre l'homme et l'espion, Christopher McQuarrie ne sait pas qui choisir et s'embourbe à force de trop vouloir faire coexister les deux à l'écran.
Néanmoins, dans ce marasme scénaristique surgissent des scènes formidables à l'image de toute la partie parisienne, du saut en parachute dans un ciel orageux à la course-poursuite dans les rues de la capitale, en passant par un combat brutal et acharné dans les toilettes du Grand Palais. Fallout a aussi le mérite d'introduire la Veuve Blanche, mystérieuse et inquiétante reine du marché noir incarnée par Vanessa Kirby, qui s'impose instantanément comme un personnage important de l'univers développé par Christopher McQuarrie.
4. Mission Impossible : Protocole Fantôme (2011)
Avant la sortie de Mission: Impossible - Protocole Fantôme en 2011, Tom Cruise n'est pas en odeur de sainteté à Hollywood et vient de vivre plusieurs années compliquées. Ses sauts sur le canapé d'Oprah Winfrey pour clamer son amour à Katie Holmes, son divorce avec la Paramount, sa promotion de la Scientologie et les résultats commerciaux mitigés de Lions et agneaux, Walkyrie et Night and Day ne sont pas bénéfiques pour sa carrière. C'est dans ce contexte que la star fait appel à Brad Bird, génie de l'animation (Le Géant de fer, Les Indestructibles) et mise tout sur le collectif.
Plus que dans n'importe quel autre opus de la franchise, les acolytes d'Ethan ont eu une importance capitale et Tom Cruise n'hésite pas à se mettre en retrait pour qu'ils puissent exister dans des scènes ingénieuses. Outre l'infiltration jouissive dans le Kremlin et la séquence vertigineuse dans le Burj Khalifa, le dernier acte à Mumbai est parfaitement représentatif de la nécessité d'avancer en équipe. Brad Bird apporte aussi un humour réjouissant dans certains des morceaux d'action les plus inventifs et lisibles de la saga, à l'image du combat final dans un parking automatique.
3. Mission Impossible : Dead Reckoning Part 1 (2023)
Dans la mesure où chaque opus de MI propose la variation d’un même thème, ou d’une même recette, Mission: Impossible - Dead Reckoning Partie 1 est un orchestre symphonique ou un dîner gastronomique. D’une ambition inégalée - plus gros budget et plus longue durée d'un film M:I- , le film raconte le présent d’une saga d’action dominante, et revient sans cesse à son passé pour le revisiter, particulièrement Mission: Impossible avec plusieurs séquences en miroir.
Les grandes cascades, techniquement supérieures à tout ce qui fait actuellement, font des clins d’œil à celles qui les précédaient. L’humour est parfaitement dosé pour fonctionner malgré le fait que Tom Cruise et ses complices assument toujours un fort premier degré.
Les personnages féminins sont à l’honneur, et l’histoire sublime la magnifique relation Ilsa-Ethan ouverte avec brio dans Mission: Impossible - Rogue Nation. Si le film n’est pas exempt de quelques passes approximatives sur son intense scénario, les émotions et les sensations sont au rendez-vous, avec une exécution très maîtrisée de Christopher McQuarrie.
À la fois spectaculaire et presque intimiste dans son jeu permanent de références, beaucoup plus que les trois derniers films M:I, Mission: Impossible - Dead Reckoning Partie 1 a conscience de son propre caractère légendaire, autant que de celui de Tom Cruise.
2. Mission Impossible : Rogue Nation (2015)
Premier opus dirigé par Christopher McQuarrie, Mission Impossible : Rogue Nation lance une nouvelle ère dans la saga. Le réalisateur n'a pas un style aussi marqué que ses prédécesseurs, mais il fait preuve d'une grande maîtrise autant pour mettre en valeur Tom Cruise dans des scènes d'action impressionnantes (l'incroyable introduction sur l'avion), que pour des passages plus calmes. La scène de l'Opéra en est un parfait exemple. Une séquence qui renvoie à L'Homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock et rappelle l'élégance du premier Mission Impossible.
Une élégance qui vient également de l'excellente Rebecca Ferguson dans le rôle d'Ilsa Faust. Un personnage important dans la franchise et capable de faire jeu égal avec Ethan Hunt. Mais un grand film d'action nécessite aussi un grand méchant. Et pour cela Solomon Lane est probablement le meilleur. Impitoyable dès sa première scène et avec un désir de destruction terrifiant.
C'est peut-être ces deux éléments qui font réellement la différence. Au final, on ne s'ennuie pas avec Mission Impossible : Rogue Nation, parfaitement rythmé et avec la dose nécessaire d'humour (grâce à Benji/Simon Pegg).
1. Mission Impossible (1996)
Le premier Mission Impossible touche à la perfection. Un thriller d'espionnage qui joue parfaitement avec son audience, et comme Brian De Palma sait s'y bien le faire. Il n'y a qu'à voir l'audace du réalisateur qui, après la première séquence, élimine toute l'équipe d'Ethan Hunt. Il prend ainsi le spectateur à contrepied en faisant disparaître après 15 minutes Jon Voight, Kristin Scott Thomas ou encore Emilio Estevez. Mais si cette séquence à Prague est si maîtrisée, c'est quelle donne déjà au spectateur toutes les clés de la suite du scénario - sans qu'il ne s'en aperçoive.
Dès lors, Mission Impossible présente un jeu de faux-semblants qui atteint son paroxysme lors de la confrontation dans la gare entre Ethan et Jim (Jon Voight). Jim ment ouvertement Ethan, qui lui fait croire qu'il tombe dans son piège tout en imaginant, à l'image, le véritable déroulé de la trahison initiale. Un exemple d'écriture et de mise en scène, tandis que le célèbre passage dans les bureaux de la CIA atteint un sommet de tension. Un tension également sexuelle grâce au personnage d'Emmanuelle Béart, magnifique, apportant à la saga sa plus forte touche d'érotisme.
Mission Impossible permet donc de poser les règles des films de la saga. Espionnage et action se mêlent, masques et trahisons rebattent les cartes, sans oublier la mise en valeur de Tom Cruise et l'influence logique du cinéma d'Hitchcock. Rien à jeter ni à changer.