Avec "Mon Ket" François Damiens revient aux caméras cachées. Pour le tournage il a eu besoin de plusieurs heures de maquillage pour le transformer et s'assurer qu'il ne soit pas reconnu par les personnes piégées.
Le retour aux sources
Plusieurs années après avoir arrêté les caméras cachées, François Damiens revient en 2018 à ses premiers amours à l'occasion de sa première réalisation Mon Ket. Le film raconte l'histoire de Dany Versavel, incarné par Damiens lui-même, qui décide de s'évader de prison où il croupit pour assumer son rôle de père auprès de son "ket" (expression belge signifiant avec fierté son fils) : commence alors un long apprentissage à l'image du personnage, entre cavales, magouilles et petits bonheurs.
Quasiment entièrement tourné en caméra cachée, Mon Ket pulvérise les records de fréquentation dans les salles belges en totalisant plus de 48.000 entrées en une semaine et obtient trois nominations aux Magritte du Cinéma (l'équivalent des Césars en Belgique) dont celle du meilleur film. Après un très bon démarrage en France, Mon Ket réunit moins de 250.000 spectateurs. La critique est plutôt mitigée : alors que 20 Minutes parle d'une "comédie (qui) surprend constamment par sa liberté de ton et son originalité" et Studio Magazine qui qualifie le film d'attachant et "drôlissime", Le Parisien évoque "certaines situations (qui) mettent mal à l’aise, tandis que d’autres sentent le déjà-vu" et pour Le Figaro, le film est raté, alignant "des saynètes bancales".
Evoquer la relation père-fils à travers les caméras cachées
Mon Ket est né de deux envies communes de François Damiens. Ecrire un long-métrage qui parle de la paternité et de la filiation et renouer avec les caméras cachées. Selon Damiens, personne ne peut jouer mieux que quelqu'un qui ne sait pas qu'il est filmé. Et ce contact avec les "anonymes" lui a manqué comme il l'explique au quotidien 20 Minutes lors de la promotion du film :
En faisant l’acteur dans de nombreuses fictions, je me suis rendu compte que cela me manquait de ne plus improviser et de ne plus donner la réplique à des non-professionnels.
En ce qui concerne le sujet du film, François Damiens avait cette idée de traiter de la relation parent-enfant depuis longtemps en tête. C'est ce qu'il confie à Allociné en 2018 :
C’est un thème qui me touche beaucoup, celui de ses parents et donc des pères qui essaient de faire du mieux possible pour élever leur enfant mais qui au final font tout le contraire ! Il y a chez eux une vraie volonté de bien faire mais en les regardant agir, on sait nous que ce n’est pas la bonne façon de procéder et qu’évidemment c’est le gamin qui va morfler !
Produire un long-métrage entièrement en caméra cachée est un principe très rare dans le cinéma français (Les 11 Commandements de Michaël Youn en 2004 ou Connasse, Princesse des coeurs avec Camille Cottin en 2015 sont quasiment les seuls). Très vite, Damiens s'est rendu compte qu'il n'avait personne pour réalise Mon Ket. Lors de ses impostures télévisuelles, il lui arrivait régulièrement de passer derrière la caméra pour diriger les opérations. C'est tout naturellement que l'idée qu'il soit également réalisateur du film s'est imposée.
Un tournage particulier
Afin de rendre ce projet réalisable, un lourd dispositif technique a été installé à l'opposé de la petite équipe nécessaire au tournage des caméras cachées pour la télévision :
Là, j’ai dû gérer une équipe de parfois plus de quarante personnes… Moi qui aime la légèreté et la liberté, j’ai été obligé de composer et de m’adapter à une équipe de cinéma qui forcément attend que vous fassiez votre petit numéro pour passer à la scène suivante ! La logistique était également très pesante : l’installation des caméras, le fait que les piégés ne devaient pas se croiser quand nous étions contraints à refaire une séquence qui n’avait pas fonctionné…
La dissimulation de caméras n'était pas l'étape la plus complexe pour Damiens, lui qui avoue ne pas pouvoir s'empêcher de se demander où il placerait des caméras dès qu'il entre dans une pièce. Pour la prise de son par contre, les choses étaient plus compliquées : l'équipe technique a été jusqu'à offrir des polaires truffées de micros aux employés d'un parking qu'ils souhaitaient piéger.
L'autre défi technique du film était que François Damiens ne se fasse pas reconnaître, alors qu'il venait de connaître un certain succès au cinéma grâce à des films comme La Famille Bélier (plus de 7 millions d'entrées) ou Les Kaïra (1 million d'entrées). Quatre heures de maquillage furent nécessaires pour le grimer chaque matin. Prothèses dentaires, décolleurs d’oreilles, faux ventre, fausses cuisses... Une métamorphose importante qui ne l'a pas empêché d'être démasqué à quelques reprises pendant le tournage, qui s'est espacé sur plus d'un an et demi. Mais la plupart ne se sont doutés de rien.