Ce matin, Jeffrey Katzenberg, patron de Dreamworks Animation, était sur Paris pour un double événement : la présentation de 20 minutes du prochain projet des studios, Monstres contre Aliens, mais également une démonstration de « Intru3D », la nouvelle technologie en outils de réalisation qui tente d’exploiter au maximum la 3D stéréoscopique. Alors, révolution historique à la Le Chanteur de Jazz, qui annonça en musique la fin du cinéma muet, ou simple effet de mode ?
Rappelons avant tout de même que, s’il y a eu ces derniers mois une averse d’annonces de productions ou de reconversion de film en trois dimensions, cette technologie ne date pas de la dernière pluie. Le premier film en stéréoscopie diffusé devant une audience, The power of love, date de 1922, soit cinq ans avant l’arrivé du cinéma parlant ! On note ainsi plusieurs périodes dans l’histoire du cinéma avec une recrudescence de productions de film en 3D : par exemple pendant, les années 80, des films d’horreur comme Vendredi 13 - Meurtres en trois dimensions et Amityville 3-D ont essayé d’apporter de nouvelles sueurs froides à leurs spectateurs. Quelques migraines et nausées plus tard, la mayonnaise ne semblait toujours pas prendre.
Selon Jeffrey Katzenberg, cette période est révolue. À en croire ses propos, Steven Spielberg, George Lucas et James Cameron seraient également convaincus que le futur est en trois dimensions. Et, après les premiers aperçus de Monstres contre Aliens, on a bien envie d’y croire. Certes, comme à l’habitude, il faut un petit moment d’adaptation, histoire de s’accoutumer aux lunettes, à la fois quand le film commence mais également quand les lumières se rallument et qu’on est projeté à nouveau dans la réalité. Mais très rapidement, on se laisse embarquer dans l’action, et la 3D ne devient ni plus ni moins qu’un outil de narration habile avec le potentiel d’offrir de nouvelles sensations.
Comme l’explique Katzenberg, un mauvais film en deux dimensions ne deviendra jamais un bon film en trois dimensions. Ici, aucun gimmick comme on a pu le voir avec les attractions de Disney, où le but était d’envoyer des objets vers le spectateur afin de le surprendre et jouer avec ses réflexes. La 3D est uniquement présente afin de donner du relief à l’image, le tout pour enrichir l’expérience à la manière d’un « surround sound ». Pas de révolution, juste une simple évolution. Il est impossible encore de dire si ce procédé se limitera qu’aux films de divertissement à gros budgets, destiné au grand public (Dreamworks compte projeter Monstres contre Aliens en 3D dans seulement 1300 salles mondiales) ou s’il s’imposera également aux films d’auteurs ou indépendants… Sachant que certains de ses réalisateurs n’ont toujours pas passé le stade de la Nouvelle Vague en noir et blanc, alors la 3D…
Sinon, pour ceux qui se foutent de la 3D et qui iront voir Monstres contre Aliens dans notre bonne vieille 2D, sachez que le film, très prometteur, s’impose dans la lignée des films d’animations de Dreamworks. En effet, il cible à la fois un public jeune et les adultes, grâce notamment aux nombreuses références aux films catastrophes hollywoodiens, comme Independence Day, La guerre des mondes ou Docteur Folamour, et son casting de choc, avec Hugh Laurie, Seth Rogen, Reese Witherspoon, Kiefer Sutherland ou Steve Colbert. En attendant Shrek 4.
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Nicolas Ferminet (Le 20 novembre 2008)