Dans "Nikita" de Luc Besson, Anne Parillaud incarne une tueuse à la solde des services secrets français. Pour rentrer dans la peau de cette jeune femme à la psychologie trouble, elle a beaucoup souffert pour préparer le rôle.
Nikita : une vraie femme fatale
En 1988, Luc Besson est le nouveau roi du cinéma français ! Son dernier film, Le Grand bleu, vient de réunir plus de 9 millions de personnes en salle. Il a reçu 6 nominations aux Césars, dont ceux du meilleur film et réalisateur, en a gagné deux (meilleur son et meilleure musique). Autant dire que le prochain projet du metteur en scène est très attendu, surtout par ses producteurs qui espèrent réitérer l'exploit au box-office. C'est donc une énorme pression qui s'abat sur le Français qui va devoir choisir son film à venir avec soin. Il se souvient alors d'une idée qu'il a eu alors qu'il écrivait Le Grand Bleu.
Dans un avion vers Los Angeles, il écoutait sur son baladeur une cassette qui contenait la chanson Nikita d'Elton John. Ce prénom d'origine russe fait tilt dans sa tête et il imagine rapidement une histoire de femme tueur à gage. Il se lance dans le scénario et tourne donc le film éponyme.
On y suit Nikita (Anne Parillaud), une jeune toxicomane à l'attitude punk complètement déconnectée de la société. Un soir où elle va braquer une pharmacie avec sa bande, les choses tournent mal et elle abat un policier. Jugée coupable d'assassinat, elle écope d'une peine de prison à perpétuité. Enfermée dans sa cellule, elle reçoit alors la visite impromptue d'agents des services secrets. Ces derniers lui font une injection afin de faire passer sa mort pour un suicide. Bien qu'officiellement décédée, Nikita se réveille dans un centre d'entraînement secret du gouvernement. On lui donne alors deux choix : soit elle meurt réellement cette fois, soit elle suit un programme qui la transformera en tueuse professionnelle. Devant ce simulacre de fausses propositions, elle se résout à suivre malgré elle une voie meurtrière. Après plusieurs années de formation, il est l'heure pour elle de commettre son premier assassinat.
Nikita sort en 1990 et réunit plus de 3,5 millions de spectateurs. C'est cette fois-ci 9 nominations qui attendent le film aux Césars. Anne Parillaud remporte celui de la meilleure actrice. Une juste récompense acquise non sans mal après une préparation intense et presque dangereuse pour ce rôle exigeant.
À la limite de la folie
Pourtant, si Luc Besson écrit le rôle pour Anne Parillaud, c'est avant tout par amour. L'actrice partage en effet la vie du réalisateur à l'époque après avoir vécu une romance compliquée avec Alain Delon. Le réalisateur pense que cette idylle avec l'acteur légendaire a desservi la carrière de Parillaud. Il se met donc en tête de lui offrir un rôle qui sera un écrin parfait pour prouver son talent. Mais pour cela, l'actrice doit suivre un programme de tous les jours.
Pour perfectionner sa diction, elle prend des cours d'élocution chez un orthophoniste deux fois par semaine. Elle doit également s'habituer à manier une arme, en l’occurrence un Desert Eagle réputé pour son poids important. Elle s'entraîne sans relâche à le tenir à bout de bras dès qu'elle le peut et le garde au chaud dans son sac à main presque tout le temps. Un jour qu'elle s'exerce dans sa voiture, elle est appréhendée par la Police à qui elle doit expliquer que l'arme est factice.
Au delà du défi physique, incarner Nikita demande également une plongée psychologique totale dans une sorte de folie et d'abandon. Besson lui demande donc de passer un mois et demi totalement isolée de lui dans une usine désaffectée qui servira de décor au film. Elle n'a pas le droit de se laver, d'écouter de la musique et doit se débrouiller avec les seuls 5 francs que lui donne quotidiennement la production. Si elle veut sortir dans la rue, elle a la consigne de rester habillée comme le personnage tout en portant sa perruque. Il lui arrive même de dormir dans le métro pour se réchauffer quand les conditions dans l'usine deviennent trop compliquées.
Rentrer dans la peau de cette machine à tuer n'a donc pas été des plus simples pour Anna Parillaud, récompensée en retour par le César de la meilleure actrice pour son rôle. Elle aura en effet prouvé qu'elle était bel et bien capable de performances extrêmes. Par contre, son couple avec Besson n'y survivra pas.