Avec "Nowhere", Netflix tient un thriller choc, un "survival" espagnol absolument étouffant porté par une performance saisissante de l'actrice Anna Castillo. Son terrible scénario est-il inspiré de faits réels ? Le réalisateur Albert Pintó a expliqué comment l'histoire avait été écrite.
Nowhere, claustrophobie en milieu aquatique
Disponible sur la plateforme Netflix depuis le 29 septembre, le survival espagnol Nowhere a tout ce qu'il faut pour être un succès. Une histoire forte, celle d'une réfugiée enceinte, Mia, enfermée dans un container au milieu de l'océan, développée depuis une dystopie où les régimes fascistes sont au pouvoir. Aussi, une mise en scène très appliquée d'Albert Pintó ainsi qu'une direction artistique très convaincante au moment de rendre compte des sensations de Mia. Et pour incarner celle-ci, une des actrices espagnoles les plus en vue et qui livre une performance saisissante : Anna Castillo.
Nowhere est un pur thriller et une production de haut niveau de l'industrie cinématographique espagnole, calibrée pour délivrer un maximum de sensations. Sans oublier cependant le traitement ou, au moins, la suggestion de thématiques comme la crise migratoire et la maternité en situation de précarité. L'idée de ce film est-elle ainsi inspirée d'une histoire vraie ? Nowhere a-t-il puisé sa matière dans des faits réels ?
L'autrice de l'histoire s'est inspiré de témoignages de migrants
Le scénario de Nowhere a été écrit par une équipe de quatre personnes : Teresa de Rosendo, Seanne Winslow, Ernest Riera et Indiana Lista. Et c'est cette dernière qui a d'abord écrit l'histoire originale de Nowhere. Dans une longue interview accordée à Público, Albert Pintó explique ainsi depuis quelle réalité a été pensé le scénario.
Indiana connaissait deux migrants mexicains qui avaient tenté de franchir la frontière, entassés dans des conteneurs et des camions. Nous les avons interrogés et il était déchirant d'entendre les histoires de personnes ayant risqué leur vie, avec une température de plus de 40 degrés et à peine une bouteille d'eau pour faire le voyage. Les routes du trafic d'êtres humains au Guatemala, au Honduras, au Salvador et au Nicaragua sont très documentées mais, dans notre pays, nous connaissons aussi très bien le drame des naufrages de petites embarcations. Il est important de ne pas oublier que, même si cela ne semble pas nous concerner aujourd'hui, dans un autre contexte, il pourrait s'agir de n'importe lequel d'entre nous.
Ainsi, et heureusement, l'histoire particulière de Mia est une pure invention. Mais elle est le résultat d'une combinaison fictive de faits réels, et l'enfermement de Mia rappelle évidemment ceux de migrants entassés dans des containers déplacés par des camions. L'opinion publique a encore à l'esprit les drames survenus en Angleterre en 2020 et au Texas en 2022, où des dizaines de migrants sont morts dans des containers surchauffés ou non-oxygénés.
Par ailleurs, Albert Pintó a expliqué qu'il tenait absolument à un maximum de réalisme, dans la veine du cinéma des années 70 et 80 où l'illusion était rendue par des effets pratiques.
Je voulais que l'histoire soit ressentie comme authentique, j'étais en permanence obsédé par le fait de ne pas "l'enjoliver" en studio et, à la moitié du tournage, nous sommes partis tourner en mer.