20 ans après sa sortie en France, "Old Boy" ressort en salles en version restaurée 4K. Le film culte de Park Chan-wook est un monument, marqué notamment par un twist mémorable.
La trilogie de la vengeance de Park Chan-wook en 4K
Si aujourd'hui le cinéma coréen est très populaire (en atteste les innombrables productions diffusées sur Netflix), ce n'était pas encore le cas en France au début des années 2000. Pourtant, c'est peut-être à cette période que la Corée du Sud a livré certaines de ses œuvres les plus marquantes. C'est du moins là que des auteurs majeurs, comme Bong Joon-ho et Park Chan-wook, se sont révélés. Le premier avec Memories of Murder (2003), le second avec Old Boy (2003), qui ressort, avec Sympathy for Mr Vengeance (2002) et Lady Vengeance (2005), en version restaurée 4K ce 6 mars 2024. Une ressortie en salles qui sera suivie prochainement d'un coffret Blur-ray 4K réunissant les trois films de la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook.
Immense succès en Corée du Sud avec plus de trois millions d'entrées, le long-métrage a acquis en France un statut de film culte avec le temps. Vu par moins de 200 000 spectateurs lors de sa première sortie en salles, Old Boy est depuis considéré comme une référence du genre. On garde en tête des séquences mythiques comme le plan-séquence dans le couloir, ou la scène du poulpe vivant que l'acteur Choi Min-sik a réellement mangé durant plusieurs prises. Mais Old Boy, c'est aussi et surtout un pitch original et un twist aussi mémorable que traumatisant.
L'histoire d'Old Boy
On suit un homme kidnappé un jour devant chez lui et séquestré pendant des années. Ni lui ni le spectateur ne connaissent la raison de son enlèvement. Et l'homme va devoir prendre son mal en patience et s'occuper comme il peut entre quatre murs sans sombrer dans la folie. Jusqu'au jour où il est relâché. 15 ans plus tard, le voilà de retour à la civilisation. Il va alors tout faire pour retrouver celui qui a orchestré son enlèvement. Seulement, son désir de vengeance va l'amener à découvrir une réalité horrible qui pourrait le détruire.
Avec Old Boy, Park Chan-wook a proposé le deuxième volet de sa trilogie de la vengeance. Mais on y trouve surtout une thématique majeure chez le cinéaste : le faux-semblant. En effet, le réalisateur a cette capacité à mener le spectateur vers une direction, avant de révéler la vérité sur ses personnages. Ici, le "héros" Oh Dae-soo apparaît dans un premier temps comme la victime de cet enlèvement. Mais le retournement de situation dans le dernier acte change notre rapport à lui. Et il en va de même pour son bourreau, Lee Woo-jin (Yoo Ji-tae).
Un twist dont on ne ressort pas indemne
Par un retour en arrière, on découvre Lee Woo-jin et Oh Dae-soo étaient dans le même lycée. Alors que le premier avait une relation incestueuse avec sa sœur, le second l'a découvert et les a dénoncés. À cause de cela, la sœur de Lee Woo-jin s'est suicidée et ce dernier a toujours estimé qu'Oh Dae-soo en était responsable. Mais sa vengeance ne s'est pas arrêtée à l'enfermer. Car Mi-do (Kang Hye-jung), qu'Oh Dae-soo a rencontrée une fois libérée, et avec qui il a eu un rapport sexuel, est en réalité sa fille.
Un inceste provoqué par Lee Woo-jin, et qui va désormais hanter Oh Dae-soo. Mais pour préserver Mi-do de cette vérité qui la détruirait à son tour, l'homme va jusqu'à se couper la langue et l'offrir à Lee Woo-jin pour qu'il garde le secret. Un acte suffisant pour Lee Woo-jin, qui se suicide par la suite et laisse Oh Dae-soo sombrer dans la folie, aux côtés de Mi-do qui n'en saura jamais rien, mais qui continuera de s'occuper de son père, jusqu'au dernier plan bouleversant d'Old Boy.
Le cinéma d'Alfred Hitchcock apparaît comme une référence majeure pour Park Chan-wook (surtout avec Decision to Leave). Cependant, c'est davantage du côté de Brian De Palma qu'Old Boy se rapproche, avec ce twist et cette thématique de l'inceste qui rappellent Obsession (1977). D'ailleurs, le cinéaste sud-coréen l'aborde de manière similaire, sans chercher à en tirer un jugement moral, mais comme outil de destruction psychologique. La différence est peut-être que chez Park Chan-wook les personnages sont encore plus troubles, loin d'être héroïques ni admirables, mais jamais jugés par le cinéaste. Il y a enfin de l'horreur évidente dans ses révélations, mais l'empathie pour les protagonistes demeure. On ressort ainsi choqué et retourné par ce film qui trouve de l'émotion dans la violence la plus extrême.
Dans la lignée, Sympathy for Mr Vengeance et Lady Vengeance sont également remarquables. Moins connus qu'Old Boy, ils sont à découvrir d'urgence en salles depuis le 6 mars 2024.