Passionné par le cinéma et la culture des années 60, Quentin Tarantino y fait une déclaration d'amour avec son monumental "Once Upon a Time... in Hollywood". Et, comme de coutume, il y insère quelques plans de pieds, son autre grande passion, pour un portrait extrêmement fidèle de l'actrice Sharon Tate.
Once Upon a Time... in Hollywood : le "Magnum Opus" de Quentin Tarantino
En 2019, Quentin Tarantino présente au monde "son" histoire d'Hollywood, Once Upon a Time... in Hollywood. Mêlant réalité et fiction, il fait deux récits. Celui d'un acteur sur le déclin, Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), et de sa doublure Cliff Booth (Brad Pitt), deux personnages fictifs, et celui de Sharon Tate (Margot Robbie), jeune actrice prometteuse des années 60 et épouse de Roman Polanski, elle étant une personnalité bien réelle. Mais plutôt que de montrer la fin tragique de celle-ci, assassinée à l'âge de 26 ans par des membres de la "Famille" de Charles Manson le 9 août 1969 à Los Angeles, il propose une autre fin, plus heureuse, où elle survit à cet événement tragique.
Comme dans Inglourious Basterds, Quentin Tarantino part ainsi d'une histoire connue et fascinante pour la tordre et en proposer une version fantasmée. Cependant, s'il change le sens de l'histoire dans Once Upon a Time... in Hollywood, il se montre d'une fidélité exemplaire au moment de recréer l'environnement et l'atmosphère de l'année 1969, jusque dans les plus infimes détails. La musique, les vêtements, les objets, les véhicules... Il semble impossible de déceler une erreur ou un anachronisme dans cette reconstitution parfaite du Los Angeles d'alors.
Le film est, en autres nombreuses distinctions et récompenses, logiquement nommé à l'Oscar de la Meilleure création de costumes et obtient l'Oscar des Meilleurs décors en 2020. Et concernant Sharon Tate, pour laquelle Margot Robbie réussit une brillante performance - elle a obtenu le rôle en écrivant une lettre décisive au réalisateur -, le soin du détail est porté à son plus haut niveau.
Les pieds sales de Margot Robbie, le clin d'oeil ultime
Il n'aura échappé à personne, depuis Pulp Fiction, que Quentin Tarantino est un fétichiste des pieds. Dans Pulp Fiction, Jackie Brown, les deux opus Kill Bill, Inglourious Basterds... Bref, dans tous ses films à l'exception de Reservoir Dogs, dans des dialogues et/ou des plans, il est toujours question de pieds.
Once Upon a Time... in Hollywood n'échappe pas à ce principe fondamental, et le réalisateur nous offre ainsi quelques jolis plans sur les pieds nus de Margaret Qualley (qui incarne la jeune Pussycat) et de Margot Robbie. Pour cette dernière, on l'observe ainsi se rendre au cinéma à une projection de Matt Helm règle son "comte" (The Wrecking Crew en VO), comédie dans laquelle elle joue, enlever ses bottes et allonger ses jambes sur le fauteuil devant elle.
On se pose donc la question : pourquoi Sharon Tate, sex symbol et icône de la mode féminine des années 60, épouse de Roman Polanski et déjà riche à 26 ans, a-t-elle les pieds si sales ? La question se pose moins pour Pussycat, une hippie qui vit dans la rue quand elle n'est pas au Spahn Ranch, endroit miséreux où l'hygiène ne semble pas avoir particulièrement court.
Marche pieds nus et fausses sandales
Perversité de Quentin Tarantino ? Référence aux pieds salis de Beatrix Kiddo (Uma Thurman) dans les films Kill Bill ? Pas du tout, il s'agit en réalité d'un détail très fidèle au lifestyle de Sharon Tate. En effet, comme le soulignait en 2009 le Los Angeles Time, repris par l'édition australienne de Elle en 2019, Sharon Tate détestait porter des chaussures et passait la très grande partie de son temps les pieds nus. Une tendance lourde dans les années 60, celles de la légèreté, du mouvement hippie, avec le "Summer of Love" en 1967 comme point culminant de cette culture.
Ce mode de vie et de nudité partielle, le "barefooting", n'a jamais été vraiment vu d'un très bon oeil par les autorités, pour différentes raisons. Et à l'époque, la municipalité de Beverly Hills l'interdisait notamment dans ses restaurants chics et autres endroits prisés par la jet set. Une interdiction que Sharon Tate contournait en laçant partiellement ses pieds de bandes de cuir, pour donner l'illusion qu'elle portait des sandales. Une astuce devenue par la suite un design à part entière.
Historien aussi amoureux qu'expert du cinéma et de la pop culture des années 60, Quentin Tarantino ne pouvait donc pas rater l'occasion de réaliser ce plan des pieds de Margot Robbie, avec l'ultra réalisme qui donne à Once Upon a Time... in Hollywood toute sa beauté plastique.