Orange Mécanique : pourquoi la fin n'est pas la même que dans le roman ?

Le film fête ses 50 ans cette année

Orange Mécanique : pourquoi la fin n'est pas la même que dans le roman ?

Stanley Kubrick a adapté plusieurs fois des romans dans sa carrière , avec un sens de la fidélité assez inconstant. Dans le cas de "Orange Mécanique", il n'a pas totalement suivi les intentions de l'auteur. Découvrez la vraie fin voulue par Anthony Burgess. Pour ceux qui n'ont jamais vu le film, ce qui suit contient des spoilers importants.

Le choc Orange Mécanique

Orange Mécanique est un film qui arrive dans la seconde partie de carrière de Stanley Kubrick. En effet, l'homme est déjà installé et reconnu quand il décide de s'attaquer à cette oeuvre littéraire grinçante d'Anthony Burgess. Le scénario, écrit par Kubrick lui-même, reprend le postulat de base et se révèle fidèle au matériau d'origine. Le spectateur est propulsé dans une sorte de futur aux côtés du turbulent Alex DeLarge (Malcolm McDowell), un jeune homme à la tête d'une bande.

Lui et ses sbires sont passionnés par la violence et n'hésitent jamais à commettre les pires atrocités. Mais quand Alex est trahi, il se retrouve derrière les barreaux, mis hors d'état de nuire. Le jour où le gouvernement lance un programme expérimental visant à combattre la délinquance, l'ancien chef se porte volontaire pour y participer, en pensant que son volontarisme accélérera sa libération. La technique Ludovico fait son effet sur le cobaye pendant un temps mais son goût pour la violence ne tarde finalement pas à resurgir.

Orange Mécanique
Orange Mécanique ©Warner Bros.

Stanley Kubrick s'oppose à Anthony Burgess

La fin du film présente un Alex hospitalisé, à qui le gouvernement propose une collaboration. Mais sa part sombre est très loin d'avoir été éradiquée... Ceci est bien tiré du chapitre 20 du livre, sauf qu'Anthony Burgess ne s'est pas arrêté ici ! Un ultime chapitre vient conclure la trajectoire d'Alex avec une touche d'optimisme. Quand Stanley Kubrick découvre le roman dans sa version américaine, le chapitre 21 n'existe pas. L'éditeur pour les États-Unis a décidé ne pas suivre la volonté de l'écrivain et s'est permis de sortir une version tronquée. Anthony Burgess approche alors Stanley Kubrick pour essayer de le rallier à sa cause. Raté ! Le metteur en scène n'aime pas ce chapitre 21 présent dans l'édition britannique et reste sur sa position. Alors que tout le reste de son film se veut proche du roman, il se permet cette liberté dans la dernière partie. Quelques années après, il en fera de même, dans des proportions encore plus grandes, avec le Shining de Stephen King.

Orange Mécanique
Orange Mécanique ©Warner Bros.

Quelle était la vraie fin ?

De quoi est-il question dans cette fin imaginée par Anthony Burgess ? Elle se déroule quelques temps plus tard, alors qu'Alex a 18 ans. Entouré de quelques hommes de main, les fameux droogs, il continue de consacrer son temps à la violence. À l'inverse du passé, il ne trouve plus la même satisfaction. Un soir, il tombe sur Pete, un ancien membre de son gang. Les deux discutent et Alex découvre qu'il est possible de s'extraire de cette spirale infernale. En l'occurence, Pete a pu le faire, devenant un mari et un travailleur honnête. Cette rencontre est un déclic pour Alex, qui songe à son tour à prendre un nouveau départ. Quand le roman s'achève, il envisage de prendre exemple sur Pete et veut se trouver une femme.

Anthony Burgess voulait une fin optimiste, pour prouver qu'il est possible de croire en l'humain. Cette note d'espoir n'a pas été reçue de la même manière par Stanley Kubrick et l'éditeur américain. Les deux étaient convaincus que ce retournement de situation était grotesque par rapport à tout ce qui le précédait. Peut-être, qu'un jour, quelqu'un osera se lancer dans une autre adaptation et respectera les intentions d'Anthony Burgess... En l'état, ça n'empêche pas Orange Mécanique d'être un grand film.