Outrages : retour sur l'histoire sordide du film de Brian De Palma

Outrages : retour sur l'histoire sordide du film de Brian De Palma

À la fin des années 1980, avec "Outrages", Brian De Palma met en scène une terrible histoire, celle du viol et du meurtre d'une villageoise vietnamienne par des soldats américains durant la guerre du Viêt Nam.

Outrages, un film de guerre bouleversant

Quand on se penche sur les représentations de la guerre, et plus particulièrement de la guerre du Viêt Nam, au cinéma, Voyage au bout de l'enfer (1978), Apocalypse Now (1979) ou encore Full Metal Jacket (1987) sont probablement les titres qui reviennent le plus. On pourrait également citer Platoon (1986) d'Oliver Stone ou même Rambo (1982) - bien que ce dernier aborde davantage le retour de la guerre. Un film qui a également une vraie importance mais qui est malheureusement trop peu cité, c'est Outrages (Casualties of War en VO) de De Palma.

Le film n'a pas eu un grand succès à sa sortie en 1989 (en 1990 en France), arrivant peut-être trop tard après la vague de films cités. Mais comme souvent pour Brian De Palma, c'est après coup que son œuvre a obtenu une plus grande reconnaissance. Le cinéaste avait notamment fait l'objet d'une rétrospective à la Cinémathèque française en 2018, et Outrages y avait été présenté et commenté par De Palma, alors particulièrement ému.

L'histoire vrai derrière le film

Qu'on se le dise, Outrages n'est pas un film facile à regarder. Il est inspiré d'une histoire vraie, évoquée une première fois en 1969 dans le New Yorker par Daniel Lang sous le titre Casualties of War. Le journaliste y raconte des faits qui se sont déroulés en 1966 dans la province de Bình Định - également appelés "l'incident de la colline 192".

Un ancien soldat de première classe, nommé Sven Eriksson (un pseudonyme pour lui éviter des possibles représailles), âgé de 20 ans au moment des faits, raconte avoir été emmené en patrouille avec quatre soldats. Il a été témoin du viol et du meurtre par ces derniers d'une jeune vietnamienne nommée Phan Thi Mao.

Outrages
Outrages ©Columbia Pictures

Dans le film, c'est sous le regard d'Eriksson que tout se passe. Son commandant, Meserve, l'emmène pour cette mission sordide consistant, dans un premier temps, à enlever une villageoise pour se venger du meurtre d'une escouade américaine. Eriksson sera le témoin impuissant de ce cauchemar et tentera par la suite de témoigner auprès de ses supérieurs.

Les faits sont similaires et Eriksson a donc signalé le crime. Le commandant de sa compagnie n'a d'abord pris aucune mesure. Mais grâce à son insistance auprès des autorités supérieurs, les quatre soldats sont finalement passés en cours martiale. Ils ont tous été reconnus coupables de meurtre en 1967. Steven Cabbot Thomas a vu sa peine être réduite de 20 ans à 8 ans de prison. David Edward Gervase a également été condamné à 8 ans. En 1968, Joseph Garcia, condamné initialement à 15 ans de prison, a été acquitté. Ses droits auraient été violés et ses aveux jugés irrecevables. Enfin, Cipriano Garcia a vu sa peine réduite à 22 mois de prison.