Signé Guillermo Del Toro et Mark Gustafson, Pinocchio est disponible depuis le 9 décembre sur Netflix. Hissé à la deuxième place du podium, le film fait un carton. Sachez cependant qu’une scène a dû être modifiée pour être moins choquante… Heureusement, car elle nous a tout de même tiré les larmes face à la violence du drame. Attention spoilers !
Une sombre histoire de deuil
Geppetto avait perdu Carlo pendant la Grande Guerre, ils n’avaient vécu que dix petites années ensemble…
De quoi nous glacer le sang d’entrée de jeu. C’est en effet quelques mois à peine après le remake live-action Pinocchio de Robert Zemeckis que Guillermo Del Toro nous offre sa propre vision du roman pour enfants Les Aventures de Pinocchio (1881), écrit par Carlo Collodi. Pinocchio par Guillermo Del Toro dévoile une version bien plus sombre réalisée en stop-motion. Les sujets abordés ne sont autres que la mort, le deuil, la monstruosité, ou encore la résilience.
Entre grand frisson et émotions, l’épopée musicale conserve le cœur de l’intrigue telle que nous la connaissons. Une marionnette qui prend vie pour remplir de joie le cœur d'un sculpteur sur bois. Ici, l'espiègle et désobéissant Pinocchio cherche sa place dans le monde après avoir pris celle du regretté Carlo. Face au succès généré par Pinocchio par Guillermo Del Toro, la plateforme de streaming a néanmoins publié un message précisant la catégorie d’âge à respecter, à savoir 7 ans et plus. Nombreux furent les abonnés à estimer que l’œuvre était plutôt destinée aux 10-12 ans tant certaines scènes pouvaient être traumatisantes.
Un enfant sacrifié
Pinocchio prend place au cœur de l'Italie fasciste de Mussolini, qui y tient d’ailleurs un rôle. C'est dans une interview accordée à ComicBook.com que Guillermo Del Toro a expliqué que le dictateur devait être bien plus impliqué dans la mort de Carlo. Tout comme à la base, le fils chéri du sculpteur ne devait pas mourir ainsi. Au début du film, Carlo et Geppeto se rendent dans une église afin que le sculpteur rénove le Christ. Ils entendent des avions en approche et l’homme préfère quitter les lieux au cas où… Alors que Geppetto observe le ciel depuis le parvis, son fils retourne à l’intérieur. Un avion italien se déleste d'une bombe et le lieu sacré est détruit. Seul le père survit.
Sachez qu’initialement, la scène de la mort de Carlo devait être plus choquante encore... Il était effectivement prévu que le petit garçon soit tué lors d'un peloton d'exécution sur la plage ! Mark Gustafson a avoué que cela semblait trop sombre et que Del Toro et lui-même se sont empressés de reprendre leurs esprits. Guillermo Del Toro a de son côté précisé que ce n’était pas tant la tonalité de la scène d’exécution qui les avait poussés à la couper, mais une question de rythme.
La majeure partie de la scène avait été tournée mais elle amenait une trop grosse pause dans le film alors qu’elle n’était pas nécessaire. Alors on s’est dit soyons raisonnables, et tuons-le tout de suite.
Des origines bien différentes
Pinocchio reste fidèle à sa nature profonde et refuse de changer quoi que ce soit chez lui pour plaire aux autres
explique Guillermo Del Toro dans sa note d'intention.
Le réalisateur a également insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un film où Pinocchio se montrait frondeur pour ne jamais trahir sa véritable identité. Sorti en 1940, le Pinocchio signé Disney respectait tous les codes du conte de fée. Pourtant l'histoire originale se rapproche bien davantage de celle proposée par Del Toro. On oublie l'adorable pantin de bois désireux de devenir un véritable petit garçon pour se tourner vers un pantin pourri gâté, égoïste et peu fiable. Réputé pour être un homme aigri et solitaire qui détestait les enfants, l'ancien journaliste Carlo Collodi l'avait ainsi décrit. Ce dernier se jouait par ailleurs de la magie des contes pour enfant. Ainsi commençait son histoire :
Il était une fois... — Un Roi ! s'écrieront aussitôt mes petits lecteurs. Non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois un morceau de bois.
Également décrit comme « morveux et coquin » par son créateur, Pinocchio faisait beaucoup de mauvais choix. Il s’enfuyait par exemple de chez Geppetto et ne revenait jamais. Accusé de maltraitance par le pantin, le vieil homme se voyait emprisonné. Pinocchio n'en tirait aucune leçon et continuait à mentir.