43 ans après sa sortie, ce film traumatisant avec la plus grande performance d'actrice revient sur grand écran

43 ans après sa sortie, ce film traumatisant avec la plus grande performance d'actrice revient sur grand écran

"Possession" (1981) a traumatisé le public et Isabelle Adjani, qui y livre une prestation hallucinante. Le film culte d'Andrzej Żuławski sera à revoir sur grand écran durant le mois de juin.

Possession : un film culte avec Isabelle Adjani au sommet

Peut-on parler de grande performance d'actrice sans évoquer celle d'Isabelle Adjani dans Possession (1981) d'Andrej Zulawski ? Certainement pas. L'actrice (peut-être la meilleure française) y étant époustouflante. Impossible d'oublier sa prestation habitée dans ce film hallucinant à plus d'un titre. D'ailleurs, sa performance a grandement aidé Possession à acquérir un statut de film culte. Et il est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs de tous les temps.

L'influence du long-métrage se ressent encore aujourd'hui. Arkasha Stevenson, la réalisatrice de La Malédiction : L'Origine, nous avait par exemple parlé de cette référence assumée dans son film, et de sa tentative (réussie) d'hommage à Isabelle Adjani. Par sa performance, la comédienne avait marqué la cinéaste, plus particulièrement lors d'une séquence folle dans le métro (voir vidéo ci-dessous).

Quand j'ai vu cette scène pour la première fois, j'ai sangloté. Je n'avais jamais rien vu de tel. Je n'avais jamais vu une femme comme ça à l'écran.

Pour rappel, Possession débute au moment où Marc rentre de voyage et retrouve sa femme Anna et leur fils à Berlin. Seulement, sa femme a changé et ne parvient plus à lui montrer la moindre affection. Le couple se déchire petit à petit, et Anna va se montrer de plus en plus violente. Elle décide finalement de quitter leur domicile, et part vivre seule dans un immeuble quasi-vide. Mais elle devient de plus en plus étrange, voire dangereuse, tout comme Marc, paranoïaque et prêt à engager un détective privé pour espionner sa femme.

Un film traumatisant pour l'actrice

Les lectures qu'on peut faire de Possession sont nombreuses. Mais il ressort principalement une critique du communisme et du totalitarisme dans ce Berlin du début des années 1980, au pied du Mur. Ou comment le climat de l'époque se traduit par la paranoïa, la folie, la violence et l'hystérie des personnages. L'ajout d'éléments fantastiques (une créature sexuelle et des doubles des protagonistes) renvoient par ailleurs à la capacité de cette société à engendrer des monstres, et participent à déstabiliser le spectateur.

Isabelle Adjani - Possession ©Tamasa Distribution
Isabelle Adjani - Possession ©Tamasa Distribution

Enfin, il faut encore mettre en avant la prestation monstrueuse d'Isabelle Adjani qui lui a valu un prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1981, et un César de la meilleure actrice en 1982. Pour autant, la comédienne ne garda pas un très bon souvenir de cette expérience. En 2018, elle déclara au Inrockuptibles :

J'étais très consciente de la perversité qui se jouait. À la fois ça me dégoûtait, et en même temps, j'ai fait la soumise dans la grotte, j'ai marché dans le long tunnel qui menait à ce que devait être le film.

Des années plus tôt, en 2002, elle avait également fait part de son malaise à Studio Magazine, racontant que le tournage de Possession lui avait couté énormément.

Je dois à la mystique d'Andrzej Żuławski de m'avoir révélé des choses que je ne voudrais jamais avoir découvertes... Possession, c'était un film infaisable, et ce que j'ai fait dans ce film était tout aussi infaisable. Pourtant, je l'ai fait et ce qui s'est passé sur ce film m'a coûté tellement cher... Malgré tous les prix, tous les honneurs qui me sont revenus, jamais plus un traumatisme comme celui-là, même pas... en cauchemar !

Possession à revoir au Champs-Élysées Film Festival

Déjà en 2021, le film était ressorti dans les salles françaises. Si vous l'aviez raté à ce moment-là, ou simplement si vous souhaitez (re)découvrir sur grand écran cette œuvre fascinante, ce sera possible grâce au Champs-Élysées Film Festival. Les organisateurs ont dévoilé par communiqué de presse les sélections officielles des compétitions de films français et de longs-métrages américains indépendants. Mais aussi une section thématique dédiée aux "Tueuses". 4 courts-métrages et 8 longs-métrages composent cette section présentée comme "une célébration de puissants personnages féminins au travers de films cultes et intemporels". Parmi ces films, on trouve Chromosome III (1979) de David Cronenberg, Les Prédateurs de Tony Scott (1983) et donc Possession d'Andrej Zulawski.

Cette 13e édition du Champs-Élysées Film Festival se déroulera du 18 au 25 juin dans plusieurs salles de la célèbre avenue parisienne. Au Publicis Cinémas, au Balzac, au Lincoln, au Club de l'étoile et au Cinéma Mac-Mahon. Les dates de projection de Possession n'ont pas encore été annoncées. Vous pouvez vous rendre sur le site du festival pour plus d'informations.