« 2001 : l’Odyssée de l’espace » est sorti en France en septembre 1968, après près de quatre ans de travail acharné. Le film culte qui fête cette année ses 50 ans s'est vu restauré par Christopher Nolan !
Christopher Nolan a rendu hommage au génie qu’il admire tant en supervisant une copie neuve en 70 millimètres, présentée au 71éme festival de Cannes ce 12 mai.
En effet, le réalisateur a eu le privilège de dévoiler la nouvelle copie de 2001 : l'Odyssée de l'espace en compagnie de Katharina Kubrick, la fille du célèbre cinéaste, et de son coproducteur de longue date et beau-frère, Jan Harlan. Feu le numérique donc, l’authenticité de la pellicule s’est vue ovationnée par le public !
« Un film qui changea tous les films pour toujours », peut-on d'ailleurs lire sur l’affiche.
Copie conforme
Selon nos confrères de chez IndieWire, la nouvelle copie en 70 millimètres a été tirée à partir d’éléments du négatif original. Il s’agit d’une recréation photochimique fidèle, sans retouche numérique, effet remasterisé ou modification de montage. Le travail fut méticuleux sachant que le négatif original présentait des traces indélébiles. Il a donc fallu œuvrer image par image pour rendre le meilleur effet possible. Ce fut ainsi après un travail laborieux que la version originale a pu être présentée à Cannes ! Cela a permis de recréer l’expérience cinématographique qu’ont vécue les premiers spectateurs du film il y a 50 ans.
Christopher Nolan (Inception, Interstellar, Dunkerque) dit de Kubrick qu’il est le plus grand réalisateur qui n’ait jamais existé. Il décrit d’ailleurs la qualité de 2001 : l'Odyssée de l'espace comme étant la meilleure chose que l’œil humain ait eu la chance de découvrir. Ce dernier a de ce fait le dimanche 13 mai participé à une master class tournant autour de sa carrière bien évidemment, mais avant tout de sa passion pour Kubrick !
Il y a une profondeur de la couleur, une résolution parfaite, une profondeur de noir. Il y a les contrastes, tout. Je veux dire que cela inclut tout ce que la technologie digitale ne peut dupliquer.
Un chef-d’œuvre prémonitoire
Le réalisateur qui nous a quittés en mars 1999 à l’âge de 70 ans était, aux dires de beaucoup, une sorte de prophète. Un visionnaire. Un homme avant-gardiste qui aux côtés de l’auteur Arthur C. Clarke, avait dévoilé au monde entier des cartes de crédit et des ordinateurs parlants ! Comment Kubrick avait-il à ce point pu appréhender le futur ?
Paris Match rapporte d’ailleurs les propos de Nolan :
"2001 : l’odyssée de l’espace" est un testament extraordinaire sur les possibilités de l’intelligence artificielle. On s’y interroge par exemple sur le fait qu’un ordinateur puisse parler. Il y a trente ans, l’informatique ne prenait pas ce chemin-là. L’ordinateur était uniquement une base de données, aujourd’hui il approche les capacités du cerveau humain. Pour tout cela, revoir le film cinquante ans après sa sortie est très troublant. Et on ne saluera jamais assez les choix visuels de Stanley Kubrick qui font que le film est finalement passé de démodé à visionnaire. C’est un cas presque unique.
Et au-delà de cet aspect visionnaire, les effets spéciaux mis à l’époque en place par Kubrick semblent aujourd’hui quasiment plus réels que les images numériques qui inondent nos écrans ! Il ne s’agissait pas d’animation à l’époque, mais de véritables effets mécaniques, avec des maquettes filmées. Cela nous offrait des images plus réelles, « la patine de la réalité » selon Nolan. C’est pourquoi le réalisateur britanno-américain de 47 ans dit que sans Kubrick, Star Wars n’existerait pas ! Et en effet… Kubrick a inventé cette technique de maquettes, que George Lucas a par la suite repris dans La guerre des étoiles et Steven Spielberg dans Rencontre du troisième type.
L’art de la pellicule selon Nolan
Le réalisateur tourne exclusivement ses films sur pellicule. La raison ? Pour Nolan, un film ne doit pas être visuellement parfait. Ce sont justement ses imperfections (les ombres, les salissures de l’image) qui offrent à l’œil humain une perception authentique. En effet, les nuances de couleur ou de lumière sont infinies sur pellicule, ce qui n’est pas le cas du numérique. C’est pourquoi Nolan se bat pour respecter les grands chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma. Ces derniers doivent selon lui être préservés et donc remis au goût du jour dans leur format d’origine.
Tout comme Spielberg ou Scorsese, Nolan refuse que des supports numériques comme Netflix puisse projeter de œuvres ailleurs que dans des salles de cinéma. Le business viendrait selon lui de plus en plus grignoter la création et l’art à l’état pur. Retour sur Kubrick donc, qui souhaitait que 2001 : l’odyssée de l’espace soit précédé par une introduction musicale de plusieurs minutes dans la salle. Il s’agissait là de sa volonté d’artiste. Nolan insiste donc sur le fait que vouloir imposer à un metteur scène la façon dont ses films sont montrés n’est pas correct.
Pour celles et ceux qui l'auraient raté, vous pouvez redécouvrir notre article sur la science qui rend hommage à Kubrick !