Dans "Première année", le réalisateur Thomas Lilti évoque ce si douloureux passage de la première année des études de médecine. Un film qui fait preuve de justesse et d'un grand réalisme dans son regard posé sur cette jeunesse. Le scénario est-il ainsi tiré d'une histoire vraie ?
Première année : l'enfer des études de médecine
Thomas Lilti est sûrement l'un des réalisateurs les mieux placés pour parler du monde médical car il y exerce lui-même, en plus de ses projets pour le cinéma ou la télévision. Une double casquette qui n'est pas anodine dans cette industrie. Il s'est fait connaître avec Hippocrate, un excellent long-métrage porté par le duo Vincent Lacoste/Reda Kateb. Motivé par ce succès, Thomas Lilti sort ensuite Médecin de campagne. Puis vient le tour de Première année, dont le scénario reste ancré dans le domaine médical mais pour parler des études. Une phase harassante par laquelle passent ceux qui veulent travailler dans les métiers de la santé.
Le metteur en scène retrouve Vincent Lacoste, à qui il confie la rôle de Benjamin. Un élève de première année qui redouble pour la troisième fois, n'ayant réussi à sortir victorieux de ses examens. Il fait la connaissance de Benjamin (William Lebghil), un récent bachelier qui va découvrir la dureté des études de médecine. Une amitié va naître, avec en fond, la description sans concession de ces écoles où la compétition laisse une grande partie des élèves sur le carreau.
Un récit autobiographique ?
On a compris que Thomas Lilti s'y connaissait en matière de médecine mais est-ce pour autant que Première année est un film tiré d'une histoire vraie ? La réponse n'est ni totalement oui ni totalement non. Ce qui est sûr, c'est que le réalisateur ne retrace pas son parcours personnel. Étant passé par ces études exigeantes, il a forcément mis des éléments de ses années à la fac mais il a aussi senti le besoin de faire un film sur le monde d'aujourd'hui. Sur la génération actuelle. Pas la sienne.
Quand bien même l'expérience se ressemble sur plus d'un point, les étudiants actuels ont été sa meilleure source d'inspiration pour élaborer son récit. Dans le dossier de presse de Première année, on peut apprendre que le réalisateur s'est donc rapproché d'eux, en allant jusqu'à les suivre dans leur quotidien. L'occasion de revenir dans un établissement qu'il a fréquenté en son temps. Le réalisme qui a toujours irrigué son travail se ressent toujours sur ce troisième essai. Sa fiction se nourrit de la réalité, c'est sa raison d'exister.
Les belles histoires de la vie font souvent des scénarios touchants mais Thomas Lilti n'a hélas pas rencontré un Antoine. Ce qui ne lui aurait pas déplu, dans cet univers qui n'encourage pas à la sociabilisation. Il avoue même que Benjamin serait une "meilleure version" de lui-même plutôt que son alter ego :
Ce n’est vraiment pas un film autobiographique. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme Antoine en 1ère année. J’étais très seul cette année-là, très à l’écart. Peut-être que par le cinéma, je conjure quelque chose. Je réécris une autre version de ma vie. Benjamin serait une meilleure version de moi-même. Celle qui a tout de suite le courage de faire ce qu’il veut vraiment.