27 ans après sa sortie, « Pulp Fiction » jouit toujours d’une grande réputation chez les cinéphiles du monde entier. Quentin Tarantino le sait, d’où sa volonté de « mettre aux enchères » plusieurs séquences inédites du film. Cependant, Miramax, qui a produit le film, ne l’entendrait pas du tout de cette oreille.
Pulp Fiction : le film qui fait définitivement naître Tarantino
Déjà auréolé d’un prestigieux succès critique via son premier film Reservoir Dogs (1992), Quentin Tarantino entreprend de mettre en scène un curieux long-métrage. En effet, ce dernier compte trois histoires aucunement liées les unes aux autres, mais dans lesquelles se croisent les mêmes personnages. Son titre : Pulp Fiction.
Tarantino et son producteur Lawrence Bender présentent le script à Jersey Films. Un accord d'1 million de dollars est alors conclu, permettant notamment au réalisateur de créer sa future célèbre maison de production : A Band Apart. Cependant, quelques mois plus tard, les droits du projet sont mis en vente par Columbia Tristar, société affiliée à Jersey Films. La raison ? Comme le cite Vanity Fair, Tristar refuse tout simplement de produire ce film. Bender décide donc d’apporter le scénario à Miramax Films, studio géré par les frères Weinstein et récemment acheté par Disney. Fasciné par le projet Pulp Fiction, Harvey Weinstein rachète donc les droits et finance une grande partie du film. Pulp Fiction devient ainsi le premier projet important de Miramax depuis son rachat par la compagnie aux grandes oreilles.
Aidé par un casting pléthorique (John Travolta, Samuel L. Jackson, Bruce Willis, Uma Thurman), des dialogues culte et une narration non-linéaire, Pulp Fiction est un véritable choc visuel à la sortie. Avec son budget de 8 millions de dollars, il engrange plus de 214 millions de recettes à travers le monde. Lauréat surprise de la Palme d’Or à Cannes, il reçoit également 7 nominations aux Oscars, remportant la statuette du meilleur scénario original.
Surtout, Pulp Fiction devient un objet cinématographique culte, dont les nombreuses séquences sont devenus des références du genre. Grace à ce film, Quentin Tarantino démarrera définitivement sa carrière.
Les enchères de la discorde
Le succès de Pulp Fiction étant toujours présent, Tarantino avait annoncé, début novembre, vouloir mettre aux enchères, sous forme de non fungible tokens (NFT) des séquences inédites de son film. Toutefois, le réalisateur a sans doute oublié que, malgré le fait que les Weinstein ne soient plus à bord de Miramax (Harvey purgeant notamment sa peine de prison pour les motifs que nous connaissons tous), ce dernier a encore son mot à dire. Le studio producteur et distributeur du film a donc décidé de porter plainte contre Quentin Tarantino, arguant qu’il violait l’accord de propriété intellectuelle. En effet, Miramax estime qu’il détient la quasi-totalité des droits de Pulp Fiction. Dès lors, le projet NFT lancé par Tarantino ne pourrait aboutir, selon lui.
Comme cela est rapporté dans The Hollywood Reporter, l’avocat de Quentin Tarantino a toutefois répondu que son client agissait dans le cadre de ses droits réservés. Il appartiendra donc à la justice de déterminer quels sont ces droits, et surtout quelles sont leurs potentielles limites.
Les NFT : un marché en vogue
"L’affaire Pulp Fiction" jette en tout cas un nouveau regard sur les NFT, ces sortes d’œuvres numériques qui alimentent le marché du crypto-art ces dernières années. Ainsi, nombreux sont les producteurs, artistes ou célébrités qui créent leurs propres NFT pour les vendre, en échange (bien souvent) de crypto-monnaies. Pour la sortie du film Matrix Resurrections par exemple, Warner Bros a décidé de lancer une collection de NFT, comprenant des milliers d’avatars basés sur le film.
Ce type de marché n’est donc pas près de s’éteindre. Et il n'est pas garanti que tous les grands studios se soient suffisamment préparés (et couverts) face à l'ampleur du phénomène. Gageons donc que Pulp Fiction devrait être le début d’une nouvelle mode à Hollywood.