Quentin Tarantino aime le cinéma, mais pas tout. Il a notamment une profonde aversion pour l'un des plus célèbres réalisateurs français. Un auteur qu'il avait déjà taclé dans la novélisation de "Once Upon a Time... in Hollywood".
Quentin Tarantino tire à balles réelles
Quentin Tarantino est connu pour être un grand cinéphile et réutiliser ses connaissances dans ses films. Des références à des œuvres et à des genres auxquels il rend hommage en se les réappropriant. L'exemple le plus marquant est peut-être Kill Bill Vol 1 (2003), qui va chercher du côté du cinéma d'arts martiaux hongkongais, tandis que le Vol 2 (2004) s'appuie davantage sur le western spaghetti.
Plus récemment, le réalisateur de Pulp Fiction et Reservoir Dogs a une fois de plus réécrit l'histoire avec Once Upon a Time... in Hollywood, qui s'intéresse à un acteur de télévision sur le déclin à la fin des années 1960. Une période marquée, dans la vraie vie, par le meurtre de Sharon Tate (le 9 août 1969) par des membres de la secte de Charles Manson.
Les goûts et les influences de Tarantino sont donc variés. Mais alors qu'on l'entend, en général, surtout défendre une œuvre, il y a un auteur pour lequel le cinéaste américain ne cache pas son aversion. C'est à l'occasion d'une interview pour Sight and Sound qu'il a livré son opinion sur l'un des plus grands réalisateurs français : François Truffaut.
Les thrillers de Chabrol sont bien meilleurs que les épouvantables films de Truffaut à la Hitchcock, que je trouve tout simplement nuls. Je ne suis pas un fan de Truffaut, malgré quelques exceptions, comme L'Histoire d'Adèle H. Mais de manière générale, je me sens avec Truffaut comme chez Ed Wood. Je trouve que c'est un amateur très passionné, mais empoté.
François Truffaut, un grand auteur de la Nouvelle vague
Un avis tranché sur lequel il y aurait bien des raisons de ne pas être d'accord. Déjà parce que le cinéma de François Truffaut est assez large et ne se limite pas à des thrillers à la Hitchcock. Le cinéaste français a dans sa filmographie une vraie variété, allant du triangle amoureux avec Jules et Jim (1962) à la grande œuvre historique qu'est Le Dernier métro (1980), en passant par le film de vengeance avec La Mariée était en noir (qui a des points communs avec Kill Bill), la délicieuse comédie noire Une belle fille comme moi (1972) ou encore l'hommage au cinéma qu'est La Nuit américaine (1973).
De plus, on s'amusera à reprendre l'intervention improbable de Steven Spielberg dans Goldmember, en rappelant que ses amis Oscars et César de Truffaut ne partageront certainement pas cet avis. Le cinéaste français a été récompensé de nombreuses fois, recevant notamment l'Oscar du Meilleur film en langue étrangère avec La Nuit américaine, et les César du meilleur film et réalisateur pour Le Dernier Métro.
Évidemment, au final, les goûts et les couleurs sont propres à chacun. Cela reste tout de même appréciable de voir Quentin Tarantino donner son avis sans langue de bois, qu'on partage ou non son opinion. Rappelons également que ce n'est pas la première fois qu'il se paie le Français. Déjà dans la novélisation de Once Upon a Time... in Hollywood, il écrivait que son personnage de Cliff Booth (le cascadeur incarné à l'écran par Brad Pitt) était un grand amateur de cinéma mais détestait François Truffaut.
Tarantino a donc un dégoût particulier pour Truffaut, ce qui ne l'a pas empêché de rendre hommage à un autre nom célèbre de la Nouvelle vague en la personne de Jean-Luc Godard. Il a en effet nommé sa société de production A Band Apart en référence au film Bande à part (1964).