Depuis l'inaugural "Reservoir Dogs" et ensuite la Palme d'or pour "Pulp Fiction", Quentin Tarantino continue de ravir les cinéphiles, en maniant les références et influences qui lui tiennent à cœur. Découvrez notre classement de ses films, du moins bon au meilleur.
Quentin Tarantino, un réalisateur à références
Chacune de ses nouvelles sorties est un événement. Sa Palme d'or glanée très tôt avec le cultissime Pulp Fiction l'a installé dans cette catégorie des réalisateurs que l'on attend au tournant à chaque fois. Son style, décomplexé, est bien à lui. Et en même temps, il ne l'est pas totalement. Quentin Tarantino traîne avec lui son bagage de références. À l'inverse d'auteurs très sérieux, lui a trouvé sa personnalité en puisant dans le cinéma underground, dans les sous-genres, dans les films d'exploitation. Il a ingurgité tout ça et parvient à nous le resservir, en lui donnant cette légitimité mainstream. Qu'on ait ou pas les références, ça n'empêche jamais de savourer son cinéma.
Retour sur sa carrière avec un classement de ses œuvres, de celle qu'on aime le moins à celle qu'on trouve la meilleure.
9 - Boulevard de la mort (2007)
Il est toujours délicat de déterminer quel film mérite une dernière place. Dans le cas de Quentin Tarantino, Boulevard de la Mort s'impose comme une évidence. En raison de l'écart trop important entre des idées géniales et une exécution assommante. Le film est l'une des deux histoires du projet Grindhouse monté avec Robert Rodriguez pour rendre hommage aux films d'exploitation qui étaient diffusés dans une double programmation. Kurt Russell incarne un ancien cascadeur devenu tueur. Au volant de son bolide, il va s'en prendre à un groupe de jeunes filles. Mais la situation va se retourner contre lui lorsqu'un autre groupe, plus tard, va lui faire la peau.
On voit bien ce que veut faire Quentin Tarantino, en se rangeant du côté de jeunes filles qui assument leur liberté. Mais la construction du film en deux parties très semblables accouche d'un sentiment de répétition. Le réalisateur use et abuse de ses dialogues à rallonge pour faire augmenter la pression et tout envoyer quand elle atteint son paroxysme. C'est théoriquement très intéressant dans les intentions, mais malheureusement trop ennuyeux.
8 - Jackie Brown (1998)
Jackie Brown a le désavantage d'être coincé entre deux monuments : Pulp Fiction et Kill Bill. Il n'atteint aucunement la grandeur d'un de ces deux et ne sera jamais cité spontanément quand on évoquera le metteur en scène. Voilà comment expliquer en grande partie sa présence aussi basse dans ce classement. Jackie Brown est objectivement un bon moment de cinéma, qui livre en plus une partie centrale délicieuse où la même scène est vue sous différents angles. Tarantino montre qu'il a toujours des idées pour raconter ses histoires en évitant les procédés classiques. Plaisait, mais pas marquant.
7 - Inglourious Basterds (2009)
Si tout Inglourious Basterds était à la hauteur de sa séquence d'intro, on tiendrait sûrement l'un des meilleurs films de son auteur. Hélas, ces longues premières minutes sont presque le climax (la fin vaut quand même le détour) d'un long morceau de cinéma. Trop long pour ce qu'il veut raconter, Inglourious Basterds est le brouillon de Les Huit salopards et de Once Upon a time... In Hollywood. Dans la manière d'agencer un récit pauvre en action pour enchaîner les scènes de parlottes sur fond d'Histoire. Forcément, avec les grands acteurs au casting, on ne peut être totalement désintéressé par ce qu'ils racontent mais le film laisse le sentiment désagréable de voir un scénariste se regarder écrire, sans trouver l'équilibre. Il se rattrape dans la dernière ligne droite, en se servant du pouvoir du cinéma pour modifier le cours de l'Histoire. Ce qu'il refera pus tard, admirablement, dans un film plus abouti à retrouver très haut dans ce classement.
6 - Reservoir dogs (1992)
Le film qui l'a lancé. Un premier coup, modeste, qui n'en reste pas moins très inventif. Sa structure, évidemment, y est pour beaucoup dans sa réputation. Qu'un inconnu débarque avec une proposition aussi percutante que Reservoir Dogs était déjà un signe annonciateur d'une personnalité hors du commun. Quentin Tarantino manie les codes du film de gangsters à la perfection, sans refaire ce que ses prédécesseurs ont fait. Avec une violence qui deviendra l'une de ses marques de fabrique, des personnages délirants, une aptitude à écrire des dialogues qui percutent et une envie de ne pas faire un film "classique", le jeune loup montre qu'il a tout pour devenir un grand - un potentiel qui sera confirmé assez rapidement.
5 - Les Huit salopards (2016)
Les détracteurs d'Inglourious Basterds et de Boulevard de la Mort ne doivent pas avoir aimé Les Huit salopards tant ils partagent cet amour pour la montée progressive de la tension au travers de dialogues à rallonge. Ici, la démarche fonctionne éminemment mieux. Quentin Tarantino signe un western très différent de Django Unchained, avec l'action qui se situe dans une auberge. Il organise ainsi une partie géante de Cluedo, avec des personnages qui ne sont pas ceux qu'ils prétendent être. Quand le piège se referme, la violence nous explose au visage. Pas le film le plus accessible de la filmographie du bonhomme mais un modèle de précision, où la mise en scène opère avec intelligence, au service d'un jeu de massacre qui n'épargne personne.
4 - Django Unchained (2013)
Premier de ses deux westerns sortis dans les années 2010, Django Unchained se partage avec Kill Bill le titre du film le plus énervé de Tarantino. Sans manquer de mettre à l'écran pléthore de références, le réalisateur signe un western qui a la rage. La rage de prendre sa revanche sur une part sombre de l'Histoire américaine, quand les noirs étaient considérés comme des esclaves. Jamais le cinéma de ce bon vieux Quentin n'a autant enfilé des atours politiques. Mais ce n'est pas une raison pour devenir sérieux. Django Unchained est un spectacle furieux qui amuse, divertit, exalte. Le casting aux petits oignons n'y est pas pour rien dans cette brillante réussite - un compliment qui peut être adressé à tous les films de cette liste.
3 - Pulp Fiction (1994)
Palme d'or en 1994 et certainement le titre le plus populaire de Quentin Tarantino. Pulp Fiction est un joyau sur lequel tout a déjà été dit. Il appartient tellement à la pop culture qu'il nous semble trop connu. Tant de fois copié mais jamais égalé, Pulp Fiction assemble une explosive galerie de personnages, avec des petites histoires qui se croisent pour former un tout. Le film est malin dans sa déstructuration du récit et ne démérite en rien son statut d'œuvre culte. Le metteur en scène conserve les ingrédients qui ont défini son style dans Reservoir Dogs. Il fait s'entrechoquer la violence, l'humour, le fun, le sérieux. Son film emblématique, pour toujours.
2 - Kill Bill 1 & 2 (2003/2004)
Distribuées séparément, les deux parties de Kill Bill constituent en réalité un film, que Quentin Tarantino a imaginé comme un seul bloc. Cette scission pour répondre aux exigences des salles n'empêche jamais de prendre un pied d'enfer devant cette œuvre qui ne se prive de rien. Pas de passer en noir et blanc, de contenir une séquence entièrement animée, de faire jaillir littéralement le sang, de convoquer les senteurs d'un cinéma bis réservé à des initiés au service d'un spectacle hollywoodien. Kill Bill regorge d'idées de mise en scène, pour suivre la trajectoire de cette veuve vengeresse. C'est jouissif mais également ce qu'on trouve de plus émouvant parmi les films de Quentin Tarantino. Ah, oui, et Uma Thurman est monumentale dedans !
1 - Once upon a time... in Hollywood (2019)
Sorti en 2019, Once Upon a time... In Hollywood pourrait être considéré comme le film somme de son auteur. S'il n'a jamais caché vouloir terminer sa carrière sans que sa filmographie ne dépasse les 10 lignes, il a peut-être déjà trouvé la plus belle conclusion possible à son travail. En se replongeant dans l'Amérique des années 60, le réalisateur est au sommet de son art. Tout Tarantino est dedans. L'art de la référence pour rendre hommage à sa cinéphilie, un casting dément, son regard sur le passé pour faire un cinéma qui, lui, n'est jamais passéiste. Il reprend le principe d'Inglourious Basterds avec sensibilité en se basant sur l'Histoire, pour la corriger à sa manière. Le temps nous dira si on se trompe sur lui, mais Once Upon a time... In Hollywood est un grand film du cinéma américain.